De 1975 à nos jours : presque 50 ans de victoires antinucléaires en France
Publié initialement dans la revue Sortir du nucléaire n°100 le 12 janvier 2024, mis en ligne le 6 mai 2024
Abandon de projets, condamnation d’exploitants, arrêt de réacteurs : depuis les années 70, la lutte antinucléaire a connu de belles et grandes victoires. Alors que le gouvernement tente d’imposer sa relance du nucléaire, il est essentiel de se remémorer ces luttes victorieuses et de les célébrer pour alimenter nos combats actuels.
1975
Victoire à Erdeven (Morbihan) contre le projet de construction d’une centrale
Le 5 avril 1975, 15 000 personnes marchent vers Erdeven, en Bretagne. Cette mobilisation marque le point d’orgue de l’opposition de toute une population contre le projet de centrale nucléaire. Après des réunions d’information et des manifestations, la mobilisation gagne toute la Bretagne, et même au-delà. Près de 90 comités locaux voient le jour, les élus résistent... et en 1975, EDF renonce officiellement pour la première fois à un projet de centrale nucléaire ! À Erdeven demeure un monument à la résistance antinucléaire : une main de fer, posée sur une pyramide de galets, qui dit “Stop”.
Victoire à Plogoff (Finistère) contre le projet de construction d’une centrale
"Dans un combat, on a besoin de tout le monde : des grands-mères, des gens différents. Il faut de la diversité et de la richesse dans la façon de se comporter, de résister. C’est toute l’histoire de Plogoff. J’ai été marquée par le rôle des femmes, parce qu’elles se sont mobilisées de façon spontanée face aux militaires. Elles ont tenu bon, elles tiraient les jeunes des mains des gardes mobiles quand ils se faisaient arrêter. Les femmes sympathisaient avec les militants qui venaient de l’extérieur, il y avait des choses belles qui se passaient dans les coulisses."
Abandon d’un projet d’enfouissement de déchets nucléaires dans les Deux-Sèvres
En 1987, le Gâtinais apprend que le granite des Deux-Sèvres a été choisi pour enfouir le problème des déchets les plus radioactifs de l’industrie nucléaire française. Trois ans de lutte mettent fin aux noirs desseins de l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra) : conseillés, entre autres, par des gens du Larzac, les opposants ont mis en place un tas d’outils et d’actions pour leur barrer la route.
Arrêt définitif du réacteur nucléaire Superphénix (Isère)
À l’époque, tous les moyens sont utilisés pour imposer la construction du Superphénix :
aucune procédure de consultation de la population
de puissantes campagnes de désinformation de la part d’EDF et du CEA
de graves violences policières, dont celle aboutissant à la mort du physicien et militant Vital Michalon.
Un document récupéré par les antinucléaires montre que le PDG d’EDF de l’époque avait demandé que soit accélérée l’autorisation administrative de construction pour empêcher toute expression démocratique : "La meilleure façon de contrecarrer la contestation (...) est d’engager au plus vite, de manière irréversible, l’opération". La suite des événements donne raison à Vital et à l’ensemble des manifestants puisque Superphénix est définitivement arrêté en 1997 après une suite invraisemblable d’avaries.
Areva condamnée par la justice pour la 1ère fois grâce au Réseau
Le 14 octobre 2010, AREVA-SOCATRI est condamnée à une peine de 40 000 euros d’amende pour avoir caché à l’Autorité de Sûreté Nucléaire le grave incident ayant eu lieu en 2008 dans ses installations du Tricastin. Le Réseau "Sortir du nucléaire", qui s’était constitué partie civile, obtient 8 000 euros de dommages et intérêts et la publication de la décision dans la presse.
Pollution radioactive à Golfech (Tarn-et-Garonne) : EDF condamnée
En janvier 2010, 450 litres d’effluents radioactifs provenant de la centrale de Golfech sont accidentellement déversés dans le milieu naturel. Le 3 décembre 2012, EDF est reconnue coupable de deux infractions et est condamnée à payer 4 000 euros d’amende et à verser 1 500 euros de dommages et intérêts à chacune des parties civiles. Cette condamnation, relative à des problèmes d’application de la réglementation technique en matière nucléaire, est une première !
Condamnation d’EDF et du directeur de la centrale du Bugey (Ain)
À la suite de la plainte déposée par le Réseau "Sortir du nucléaire", le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse condamne EDF, responsable de multiples négligences ayant conduit, en août 2011, au déchargement illégal de gravats radioactifs au Bugey. EDF doit payer 3 750 euros d’amende pour deux délits au Code du travail, et 1 500 euros pour une contravention à la réglementation sur les installations nucléaires. Pour la première fois, le directeur d’une centrale nucléaire est, lui aussi, condamné.
Relaxe d’une militante bloqueuse de wagon d’uranium à Narbonne (Aude)
Le 12 septembre 2013, 40 personnes du collectif STOP-Uranium bloquent un camion de tétrafluorure d’uranium à proximité de l’usine Areva-Comurhex Malvési, près de Narbonne. À la suite de l’action, seule une militante – la conductrice de la fourgonnette qui avait stoppé le camion – est arrêtée et inculpée, risquant deux ans d’emprisonnement et 4 500 euros d’amende. Elle est finalement reconnue coupable d’entrave à la circulation, mais dispensée de peine. Une telle dispense de peine est suffisamment rare pour être soulignée, car elle revient à reconnaître le caractère légitime de l’action du collectif.
Abandon du projet de site de traitement des déchets nucléaires en Haute-Marne
L’entreprise Derichebourg prévoit d’installer à Gudmont-Villiers le projet BISON (Base Intermédiaire de Services Opérationnels Nucléaires). Un nom original pour désigner un site de traitement des déchets nucléaires. Les habitants se rassemblent pour défendre la ressource en eau et l’image verte du département qui “respire et inspire“ (selon son slogan), jusqu’à ce que le 6 juin 2017, une petite phrase en fin de séance du conseil communautaire annonce l’abandon du projet. Victoire !
Abandon du projet d’une piscine nucléaire à Belleville-sur-Loire (Cher)
Fin juin 2020, EDF déclare l’abandon du Cher comme site d’implantation du projet de piscine géante d’entreposage des déchets du nucléaire. L’électricien justifie cette décision par des “études préliminaires“ non concluantes ! Depuis deux ans et demi, la Coordination “Piscine Nucléaire Stop“, forte de 15 associations des quatre départements limitrophes, se levait et faisait opposition avec détermination.
Le 12 avril 1971 a lieu la première marche antinucléaire française à Fessenheim, qui rassemble 1 500 personnes. 50 ans de mobilisation, 8 ans de reports et de marchandages, et enfin ! La centrale nucléaire de Fessenheim ferme. Vieille, enchaînant les pannes, vulnérable car implantée en zone sismique et en contrebas du grand canal d’Alsace, la plus vieille centrale française cumulait les risques.
Victoire à Erdeven (Morbihan) contre le projet de construction d’une centrale
Le 5 avril 1975, 15 000 personnes marchent vers Erdeven, en Bretagne. Cette mobilisation marque le point d’orgue de l’opposition de toute une population contre le projet de centrale nucléaire. Après des réunions d’information et des manifestations, la mobilisation gagne toute la Bretagne, et même au-delà. Près de 90 comités locaux voient le jour, les élus résistent... et en 1975, EDF renonce officiellement pour la première fois à un projet de centrale nucléaire ! À Erdeven demeure un monument à la résistance antinucléaire : une main de fer, posée sur une pyramide de galets, qui dit “Stop”.
Victoire à Plogoff (Finistère) contre le projet de construction d’une centrale
"Dans un combat, on a besoin de tout le monde : des grands-mères, des gens différents. Il faut de la diversité et de la richesse dans la façon de se comporter, de résister. C’est toute l’histoire de Plogoff. J’ai été marquée par le rôle des femmes, parce qu’elles se sont mobilisées de façon spontanée face aux militaires. Elles ont tenu bon, elles tiraient les jeunes des mains des gardes mobiles quand ils se faisaient arrêter. Les femmes sympathisaient avec les militants qui venaient de l’extérieur, il y avait des choses belles qui se passaient dans les coulisses."
Abandon d’un projet d’enfouissement de déchets nucléaires dans les Deux-Sèvres
En 1987, le Gâtinais apprend que le granite des Deux-Sèvres a été choisi pour enfouir le problème des déchets les plus radioactifs de l’industrie nucléaire française. Trois ans de lutte mettent fin aux noirs desseins de l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra) : conseillés, entre autres, par des gens du Larzac, les opposants ont mis en place un tas d’outils et d’actions pour leur barrer la route.
Arrêt définitif du réacteur nucléaire Superphénix (Isère)
À l’époque, tous les moyens sont utilisés pour imposer la construction du Superphénix :
aucune procédure de consultation de la population
de puissantes campagnes de désinformation de la part d’EDF et du CEA
de graves violences policières, dont celle aboutissant à la mort du physicien et militant Vital Michalon.
Un document récupéré par les antinucléaires montre que le PDG d’EDF de l’époque avait demandé que soit accélérée l’autorisation administrative de construction pour empêcher toute expression démocratique : "La meilleure façon de contrecarrer la contestation (...) est d’engager au plus vite, de manière irréversible, l’opération". La suite des événements donne raison à Vital et à l’ensemble des manifestants puisque Superphénix est définitivement arrêté en 1997 après une suite invraisemblable d’avaries.
Areva condamnée par la justice pour la 1ère fois grâce au Réseau
Le 14 octobre 2010, AREVA-SOCATRI est condamnée à une peine de 40 000 euros d’amende pour avoir caché à l’Autorité de Sûreté Nucléaire le grave incident ayant eu lieu en 2008 dans ses installations du Tricastin. Le Réseau "Sortir du nucléaire", qui s’était constitué partie civile, obtient 8 000 euros de dommages et intérêts et la publication de la décision dans la presse.
Pollution radioactive à Golfech (Tarn-et-Garonne) : EDF condamnée
En janvier 2010, 450 litres d’effluents radioactifs provenant de la centrale de Golfech sont accidentellement déversés dans le milieu naturel. Le 3 décembre 2012, EDF est reconnue coupable de deux infractions et est condamnée à payer 4 000 euros d’amende et à verser 1 500 euros de dommages et intérêts à chacune des parties civiles. Cette condamnation, relative à des problèmes d’application de la réglementation technique en matière nucléaire, est une première !
Condamnation d’EDF et du directeur de la centrale du Bugey (Ain)
À la suite de la plainte déposée par le Réseau "Sortir du nucléaire", le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse condamne EDF, responsable de multiples négligences ayant conduit, en août 2011, au déchargement illégal de gravats radioactifs au Bugey. EDF doit payer 3 750 euros d’amende pour deux délits au Code du travail, et 1 500 euros pour une contravention à la réglementation sur les installations nucléaires. Pour la première fois, le directeur d’une centrale nucléaire est, lui aussi, condamné.
Relaxe d’une militante bloqueuse de wagon d’uranium à Narbonne (Aude)
Le 12 septembre 2013, 40 personnes du collectif STOP-Uranium bloquent un camion de tétrafluorure d’uranium à proximité de l’usine Areva-Comurhex Malvési, près de Narbonne. À la suite de l’action, seule une militante – la conductrice de la fourgonnette qui avait stoppé le camion – est arrêtée et inculpée, risquant deux ans d’emprisonnement et 4 500 euros d’amende. Elle est finalement reconnue coupable d’entrave à la circulation, mais dispensée de peine. Une telle dispense de peine est suffisamment rare pour être soulignée, car elle revient à reconnaître le caractère légitime de l’action du collectif.
Abandon du projet de site de traitement des déchets nucléaires en Haute-Marne
L’entreprise Derichebourg prévoit d’installer à Gudmont-Villiers le projet BISON (Base Intermédiaire de Services Opérationnels Nucléaires). Un nom original pour désigner un site de traitement des déchets nucléaires. Les habitants se rassemblent pour défendre la ressource en eau et l’image verte du département qui “respire et inspire“ (selon son slogan), jusqu’à ce que le 6 juin 2017, une petite phrase en fin de séance du conseil communautaire annonce l’abandon du projet. Victoire !
Abandon du projet d’une piscine nucléaire à Belleville-sur-Loire (Cher)
Fin juin 2020, EDF déclare l’abandon du Cher comme site d’implantation du projet de piscine géante d’entreposage des déchets du nucléaire. L’électricien justifie cette décision par des “études préliminaires“ non concluantes ! Depuis deux ans et demi, la Coordination “Piscine Nucléaire Stop“, forte de 15 associations des quatre départements limitrophes, se levait et faisait opposition avec détermination.
Le 12 avril 1971 a lieu la première marche antinucléaire française à Fessenheim, qui rassemble 1 500 personnes. 50 ans de mobilisation, 8 ans de reports et de marchandages, et enfin ! La centrale nucléaire de Fessenheim ferme. Vieille, enchaînant les pannes, vulnérable car implantée en zone sismique et en contrebas du grand canal d’Alsace, la plus vieille centrale française cumulait les risques.
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