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Echos des luttes antinucléaires

Fukushima, des rejets pas très pacifiques

Communiqué du collectif Loire Vienne Zéro nucléaire

Article publié le 23 avril 2021



Le mardi 13 avril, le Premier ministre Japonais Yoshihide Suga a annoncé que 1,25 million de m³ d’eau radioactive de la centrale de Fukushima seront déversés dans l’océan. Cette nouvelle, annoncée depuis quelques temps déjà, affole légitimement les personnes sensibilisées au problème de la pollution de l’eau. Les pêcheurs qui tirent leurs ressources du Pacifique s’élèvent contre cette pratique, qui leur donnerait tort ?

Mais que diriez-vous, si on vous disait que cette pollution par des rejets de radionucléides n’est pas et ne sera pas un cas isolé ? Qu’en ce moment, en France et ailleurs, toutes les centrales nucléaires rejettent de l’eau contaminée par la radioactivité où le tritium est majoritaire ? Et que ces rejets sont légaux !

Pour la centrale de Fukushima, TEPCO (opérateur du nucléaire japonais) assure que l’eau sera décontaminée de tous les éléments radio actifs, sauf du tritium. Est-ce rassurant ? Sûrement pas : que feront-ils de ces éléments triés ? On ne sait pas se débarrasser de la radioactivité, contrairement au discours officiel du lobby nucléaire, relayé par les États nucléaires : « les niveaux de rejets seront faibles pour Fukushima et sont faibles pour les centrales, plus faibles que la radioactivité naturelle ». Sachant que la radioactivité des rejets se mesure en kBq/l (kilo-Becquerels par litre), la radioactivité naturelle du tritium dans l’eau est actuellement de l’ordre de 1 Bq/l (1 Becquerel par litre). Or 1 Bq/l de tritium n’est pas l’état vraiment naturel mais l’état laissé par les explosions atomiques et l’accident de Tchernobyl ... Avant, l’état naturel était de l’ordre de 0.1 Bq/l.

On sait aussi que l’activité à rejeter par TEPCO est de 860 TBq. TBq veut dire téra-Becquerels, mille milliards de Becquerels (ou billion). Il faudrait donc diluer cette quantité de Becquerels dans 860 téralitres d’eau pour la rendre équivalente à la radioactivité naturelle qui demeurera, bien sûr. Ce volume correspond à une bassine carrée de 100 m de profondeur et 93 km de côté. Une fois diluée l’eau des réservoirs dans ce volume, l’activité serait encore le double de la radioactivité naturelle : il faudrait encore pomper, comme disait le professeur Shadoko qui enseignait que : Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des bêtises que mobiliser sa bêtise sur des choses intelligentes.

Qu’en est-il en France ?

Prenons un exemple, une centrale avec quatre réacteurs de 900 MW, basée sur les berges de la Loire. La centrale de Chinon, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a rejeté en 2019 50 Tbq de tritium dans les eaux du fleuve, classé – mais oui – au patrimoine de l’Humanité. Pour 2021, EDF a demandé et obtenu une autorisation de rejets de 60 Tbq/l pour le CNPE soit 60 mille milliards de Becquerels. Pas en une fois, bien sûr, et selon un calendrier tenu secret. On nous assure aussi que le tritium est dilué, les activités volumiques sont faibles, donc inoffensives.

Petit point technique : ce n’est qu’après mélange complet dans nos fleuves que la radioactivité devient faible, de l’ordre de 50 Bq/l en moyenne. Or, ce mélange est si long à se réaliser qu’EDF ne sait pas vraiment à quelle distance des centrales il se réalise. Par exemple, on vient de constater qu’à Saumur, la dilution des rejets de Chinon n’est toujours pas complète. Saumur est à 20 Km de la centrale de Chinon. Par conséquent, cette zone présente des panaches fortement contaminés qui nuisent autant à l’environnement dans la Loire que dans le Pacifique.

Et autre point important, à Saumur toujours, des prélèvements ont mis en évidence en janvier 2019 une pollution de l’eau de 310 Bq/l de tritium. L’origine de cette pollution reste inexpliquée. La direction du CNPE de Chinon l’a niée dans un premier temps, mais a bien fini par la reconnaître, devant les arguments et l’insistance de l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire).

Et là, il n’y a pas que les pêcheurs qui devraient se plaindre, mais tous les riverains, car l’eau destinée à la consommation des villes de la Loire d’Orléans à Nantes est puisée dans le fleuve qui reçoit les effluents radioactifs de 5 centrales nucléaires. Et, tout comme à Fukushima, on ne peut pas filtrer le maudit tritium. Remercions les quatre centrales sur la Loire et celle sur la Vienne pour cet enrichissement de notre eau en tritium....

Dans un article du magazine en ligne HuffPost du 13 avril dernier, le directeur général adjoint en charge de l’environnement et de la santé à l’IRSN, Jean-Christophe Gariel, indique que le niveau de radioactivité autorisé lors du déversement des eaux de Fukushima sera équivalent à celui d’une centrale nucléaire normale. Et la réciproque est également vraie : une centrale nucléaire normale pollue autant que la catastrophe de Fukushima actuellement en mode post-accidentel, et … nous avons 18 centrales en fonctionnement en France.

En ce qui concerne La Hague, centre de traitement de déchets radioactifs pour la France, l’autorisation de rejets en mer pour le tritium est de 18 500 Tbq/an. On retrouve cette pollution partout dans la Manche et la mer du Nord comme le montrent les mesures de l’ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest). Ces dernières années, les rejets annuels variaient de 11 400 et 13 200 TBq (mille milliards de Becquerels). * Ces chiffres dépassent l’entendement.

Au total, 18 centrales, plus le centre de La Hague nous polluent. Qui voudra bien calculer le volume total d’eau tritiée rejeté dans les fleuves, l’océan Atlantique et la mer Méditerranée ? Qui subit la plus grande pollution, la France ou le Japon ? Et nous ne parlons là que de la France, n’oublions pas que notre pays n’est pas le seul a s’enorgueillir de posséder une forme d’énergie … propre ?

À l’heure où la catastrophe de Tchernobyl est remise en (triste) mémoire, cette mise en évidence de pollution des eaux devrait faire réfléchir. En 1974 (hier, par rapport à la durée de vie des radionucléides), l’État français nous assurait qu’en France, on n’avait pas de pétrole, mais qu’on avait des idées. L’une d’entre elles, c’était de nous imposer le nucléaire. De la bombe atomique à la pollution de l’eau, en passant par « le fric de dingue » que coûte le nucléaire ou la non sûreté des centrales, EPR en tête, il est temps pour les Français d’ouvrir les yeux sur ces réalités…

* https://www.orano.group/docs/default-source/orano-doc/groupe/publications-reference/rapport-tsn-la-hague-2019.pdf

Ce sont les plus forts rejets tritiés au monde selon le ministère de l’industrie du Japon :

https://www.meti.go.jp/english/earthquake/nuclear/decommissioning/pdf/20200210_alps_sum.pdf

Le mardi 13 avril, le Premier ministre Japonais Yoshihide Suga a annoncé que 1,25 million de m³ d’eau radioactive de la centrale de Fukushima seront déversés dans l’océan. Cette nouvelle, annoncée depuis quelques temps déjà, affole légitimement les personnes sensibilisées au problème de la pollution de l’eau. Les pêcheurs qui tirent leurs ressources du Pacifique s’élèvent contre cette pratique, qui leur donnerait tort ?

Mais que diriez-vous, si on vous disait que cette pollution par des rejets de radionucléides n’est pas et ne sera pas un cas isolé ? Qu’en ce moment, en France et ailleurs, toutes les centrales nucléaires rejettent de l’eau contaminée par la radioactivité où le tritium est majoritaire ? Et que ces rejets sont légaux !

Pour la centrale de Fukushima, TEPCO (opérateur du nucléaire japonais) assure que l’eau sera décontaminée de tous les éléments radio actifs, sauf du tritium. Est-ce rassurant ? Sûrement pas : que feront-ils de ces éléments triés ? On ne sait pas se débarrasser de la radioactivité, contrairement au discours officiel du lobby nucléaire, relayé par les États nucléaires : « les niveaux de rejets seront faibles pour Fukushima et sont faibles pour les centrales, plus faibles que la radioactivité naturelle ». Sachant que la radioactivité des rejets se mesure en kBq/l (kilo-Becquerels par litre), la radioactivité naturelle du tritium dans l’eau est actuellement de l’ordre de 1 Bq/l (1 Becquerel par litre). Or 1 Bq/l de tritium n’est pas l’état vraiment naturel mais l’état laissé par les explosions atomiques et l’accident de Tchernobyl ... Avant, l’état naturel était de l’ordre de 0.1 Bq/l.

On sait aussi que l’activité à rejeter par TEPCO est de 860 TBq. TBq veut dire téra-Becquerels, mille milliards de Becquerels (ou billion). Il faudrait donc diluer cette quantité de Becquerels dans 860 téralitres d’eau pour la rendre équivalente à la radioactivité naturelle qui demeurera, bien sûr. Ce volume correspond à une bassine carrée de 100 m de profondeur et 93 km de côté. Une fois diluée l’eau des réservoirs dans ce volume, l’activité serait encore le double de la radioactivité naturelle : il faudrait encore pomper, comme disait le professeur Shadoko qui enseignait que : Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des bêtises que mobiliser sa bêtise sur des choses intelligentes.

Qu’en est-il en France ?

Prenons un exemple, une centrale avec quatre réacteurs de 900 MW, basée sur les berges de la Loire. La centrale de Chinon, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a rejeté en 2019 50 Tbq de tritium dans les eaux du fleuve, classé – mais oui – au patrimoine de l’Humanité. Pour 2021, EDF a demandé et obtenu une autorisation de rejets de 60 Tbq/l pour le CNPE soit 60 mille milliards de Becquerels. Pas en une fois, bien sûr, et selon un calendrier tenu secret. On nous assure aussi que le tritium est dilué, les activités volumiques sont faibles, donc inoffensives.

Petit point technique : ce n’est qu’après mélange complet dans nos fleuves que la radioactivité devient faible, de l’ordre de 50 Bq/l en moyenne. Or, ce mélange est si long à se réaliser qu’EDF ne sait pas vraiment à quelle distance des centrales il se réalise. Par exemple, on vient de constater qu’à Saumur, la dilution des rejets de Chinon n’est toujours pas complète. Saumur est à 20 Km de la centrale de Chinon. Par conséquent, cette zone présente des panaches fortement contaminés qui nuisent autant à l’environnement dans la Loire que dans le Pacifique.

Et autre point important, à Saumur toujours, des prélèvements ont mis en évidence en janvier 2019 une pollution de l’eau de 310 Bq/l de tritium. L’origine de cette pollution reste inexpliquée. La direction du CNPE de Chinon l’a niée dans un premier temps, mais a bien fini par la reconnaître, devant les arguments et l’insistance de l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire).

Et là, il n’y a pas que les pêcheurs qui devraient se plaindre, mais tous les riverains, car l’eau destinée à la consommation des villes de la Loire d’Orléans à Nantes est puisée dans le fleuve qui reçoit les effluents radioactifs de 5 centrales nucléaires. Et, tout comme à Fukushima, on ne peut pas filtrer le maudit tritium. Remercions les quatre centrales sur la Loire et celle sur la Vienne pour cet enrichissement de notre eau en tritium....

Dans un article du magazine en ligne HuffPost du 13 avril dernier, le directeur général adjoint en charge de l’environnement et de la santé à l’IRSN, Jean-Christophe Gariel, indique que le niveau de radioactivité autorisé lors du déversement des eaux de Fukushima sera équivalent à celui d’une centrale nucléaire normale. Et la réciproque est également vraie : une centrale nucléaire normale pollue autant que la catastrophe de Fukushima actuellement en mode post-accidentel, et … nous avons 18 centrales en fonctionnement en France.

En ce qui concerne La Hague, centre de traitement de déchets radioactifs pour la France, l’autorisation de rejets en mer pour le tritium est de 18 500 Tbq/an. On retrouve cette pollution partout dans la Manche et la mer du Nord comme le montrent les mesures de l’ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest). Ces dernières années, les rejets annuels variaient de 11 400 et 13 200 TBq (mille milliards de Becquerels). * Ces chiffres dépassent l’entendement.

Au total, 18 centrales, plus le centre de La Hague nous polluent. Qui voudra bien calculer le volume total d’eau tritiée rejeté dans les fleuves, l’océan Atlantique et la mer Méditerranée ? Qui subit la plus grande pollution, la France ou le Japon ? Et nous ne parlons là que de la France, n’oublions pas que notre pays n’est pas le seul a s’enorgueillir de posséder une forme d’énergie … propre ?

À l’heure où la catastrophe de Tchernobyl est remise en (triste) mémoire, cette mise en évidence de pollution des eaux devrait faire réfléchir. En 1974 (hier, par rapport à la durée de vie des radionucléides), l’État français nous assurait qu’en France, on n’avait pas de pétrole, mais qu’on avait des idées. L’une d’entre elles, c’était de nous imposer le nucléaire. De la bombe atomique à la pollution de l’eau, en passant par « le fric de dingue » que coûte le nucléaire ou la non sûreté des centrales, EPR en tête, il est temps pour les Français d’ouvrir les yeux sur ces réalités…

* https://www.orano.group/docs/default-source/orano-doc/groupe/publications-reference/rapport-tsn-la-hague-2019.pdf

Ce sont les plus forts rejets tritiés au monde selon le ministère de l’industrie du Japon :

https://www.meti.go.jp/english/earthquake/nuclear/decommissioning/pdf/20200210_alps_sum.pdf



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