Publié le 9 août 2020
Malgré le coronavirus et ses mesures de rassemblement restrictives, ils sont plus de 150 à être venus, parfois de loin, pour commémorer les massacres atomiques qui ont jeté l’humanité dans l’ère nucléaire, et entendre le concert à quatre mains que deux grandes pianistes, la japonaise Yuko Hirota et la française Alice Rosset, ont donné à Saintes, le 6 août 2020, en hommage aux victimes des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki le 6 et le 9 août 1945.
Avec le soutien moral et technique de la ville de Saintes, l’événement était organisé par l’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN). Fondée en 1996, cette ONG basée à Saintes et membre d’ "Abolition 2000", le réseau international d’ONG et de municipalités qui visent l’abolition des armes nucléaires mais aussi la sortie du nucléaire civil par la sobriété énergétique et le développement des énergies renouvelables, poursuit ces objectifs.
La ville de Saintes elle-même a adhéré en juin 2000 au réseau "Abolition 2000". Depuis 2008, elle est également adhérente des "Maires pour la Paix", un réseau mondial de quelque 7900 villes qui réclament l’abolition des armes nucléaires, sous la présidence du maire d’Hiroshima et la vice-présidence, notamment, du maire de Nagasaki.
A 10h 30, le concert débute avec une pièce de Louis Hilbrand intitulée "Et après..." (Après Hiroshima...), jouée par Yuko Hirota. Louis Hilbrand, aujourd’hui décédé, a été le maître de Yuko à Genève. Alice Rosset enchaîne avec le Nocturne N¨° 13 en Do mineur de Chopin. Puis les deux pianistes jouent ensemble la Fantaisie en Fa mineur de Schubert. Autant d’instants émouvants de puissance esthétique.
Le concert est alors suspendu pour faire place à la cérémonie en mémoire des victimes d’Hiroshima et de Nagasaki.
Jean-Marie Matagne, président d’ACDN, donne lecture des messages envoyés par Kazumi Matsui, maire d’Hiroshima et président des Maires pour la Paix, et par Tomihisa Taue, maire de Nagasaki. (Voir ci-après)
Ammar Berdaï, maire-adjoint de Saintes, prend ensuite la parole au nom de la Ville de Saintes. Il excuse d’abord Bruno Drapron, maire de Saintes, empêché de venir par l’exercice de ses fonctions de président de la Communauté d’agglomération, puis il rappelle que l’engagement de la Ville en faveur de l’abolition des armes nucléaires remonte à plus de vingt ans, exactement à juin 2000, pendant le mandat de Michel Baron, et que la Flamme du désarmement nucléaire fut allumée pour la première fois à Saintes en mai 2001 par Bernadette Schmitt, alors maire, à l’occasion des 1e "Journées du Désarmement Nucléaire" (JDN). (Voir ci-après)
Benoît Biteau, paysan-agronome de son métier, récemment élu député pour représenter la Région "Nouvelle Aquitaine" au Parlement Européen, explique le sens de sa présence régulière, chaque année, aux cérémonies des 6 et 9 août à Saintes. C’est la vie qu’il s’agit de défendre contre toutes les "menaces ultimes", la pire de toutes étant assurément le risque d’une autodestruction de l’humanité par l’atome. Il souligne notamment que la menace radioactive peut être d’origine civile autant que militaire, comme l’ont prouvé les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima.
Catherine Quéré, ancienne députée de Saintes et Saint Jean d’Angély pendant dix ans, explique à son tour pourquoi elle avait résolument soutenu auprès de ses collègues de tous bords la Proposition de Loi visant à organiser un référendum sur la participation de la France à l’abolition des armes nucléaires qu’ACDN lui avait soumise en 2015, pour aboutir en avril 2017, à la veille du renouvellement du Parlement, à 126 signatures parlementaires sur les 185 signatures requises (les deux-tiers). (Voir ci-après)
Patrick Moquay, ancien maire de Saint Pierre d’Oléron, ville qu’il avait fait adhérer, comme Saintes, au réseau "Abolition 2000" et aux "Maires pour la Paix", donne alors lecture de la liste des 46 députés et sénateurs du Parlement renouvelé, aujourd’hui signataires de la Proposition de Loi référendaire, elle aussi renouvelée. Un appel est lancé aux citoyens présents à la cérémonie pour qu’ils encouragent leurs élus parlementaires à cosigner cette Proposition de Loi. (Voir ci-après)
Yuko Hirota lit des extraits du témoignage émouvant que Setsuko Thurlow, hibakusha et militante de longue date en faveur de l’élimination de toutes les armes nucléaires, avait porté à Oslo en 2017, lors de la remise du prix Nobel de la Paix à la Campagne Internationale pour Abolir les Armes nucléaires (ICAN).
Ammar Berdaï dépose au monument aux morts une gerbe au nom de la mairie de Saintes, puis trois jeunes enfants français et japonais, Titouan, Mina et Kan, en déposent une autre au nom d’ACDN.
Mina, fillette franco-japonaise de 6 ans, rallume la Flamme du Désarmement nucléaire, que deux hibakusha, membres de la Mission d’Hiroshima pour la paix mondiale en visite à Saintes, avaient déjà rallumée et portée fièrement à travers la ville, en juillet 2004. A l’issue de leur conférence, l’un d’eux déclara : "Après Hiroshima, Saintes sera désormais la deuxième ville dans mon coeur".
Toutes les personnes présentes se lèvent alors pour respecter une minute de silence en hommage aux victimes, tandis que Yuko Hirota fait résonner une coupelle en cuivre et que trois anciens combattants porte-drapeaux de l’ULAAC (Union Locale des Associations d’Anciens Combattants) abaissent leurs drapeaux.
Le concert reprend, avec Alice Rosset jouant la Partita n° 1 de Jean-Sébastien Bach, les deux pianistes jouant ensuite à quatre mains deux pièces de Ravel et pour finir "Jésus, que ma joie demeure" de JS Bach.
Photo NB de Jean-Christophe Pratt Photos couleurs d’Aude Labat/ACDN
Leur concert est salué par une longue ovation debout.
En dépit de la pandémie du COVID-19 qui mobilise à juste titre les énergies à travers le monde mais tend à faire oublier toutes les autres menaces suspendues au-dessus de nos têtes, il fallait commémorer les drames d’Hiroshima et de Nagasaki pour mieux souligner l’extrême gravité actuelle du danger nucléaire et proclamer, de concert avec les hibakusha, les survivants de la Bombe : "Plus jamais ça pour personne, nulle part !" .
Reportage photographique en noir et blanc de Jean-Christophe Pratt
Message de M. Kazumi MATSUI
Maire d’Hiroshima
Président des Maires pour la Paix
C’est un honneur et un plaisir pour moi de vous adresser ce message à l’occasion de la Cérémonie Commémorative et du Concert pour Hiroshima et Nagasaki, à Saintes le 6 août 2020.
Le 6 août 1945, la première bombe atomique utilisée dans une guerre entre les hommes réduisit en cendres Hiroshima en un instant, privant de leurs vies d’innombrables civils innocents. Bien que souffrant de profondes cicatrices physiques et affectives, les hibakusha qui parvinrent à survivre racontent ce qui leur est arrivé et appellent sans cesse à la paix avec cette conviction : « Personne d’autre ne doit souffrir comme nous avons souffert. »
Cependant, plus de 13 000 têtes nucléaires subsistent encore à travers le monde et le désarmement nucléaire est au point mort. En outre, malgré la solidarité internationale de plus en plus importante dans la lutte contre le COVID-19, un nouveau type de menace pèse sur l’ensemble de l’humanité : le nationalisme chauvin, qui augmente, et les tensions accrues à travers le monde, du fait de la compétition internationale.
Nos dirigeants actuels doivent se souvenir de leurs courageux prédécesseurs, lorsque les Etats-Unis et l’Union Soviétique, ces deux superpuissances nucléaires, étaient engagés dans une intense course aux armes nucléaires et que leurs dirigeants, faisant preuve de raison, se tournèrent vers le dialogue pour chercher à désarmer. Les dirigeants du monde entier devraient poursuivre de bonne foi des négociations portant sur le désarmement nucléaire, conformément à l’article VI du Traité de Non-Prolifération, et répondre à l’appel de la société civile pour une entrée en vigueur du Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires, une étape importante sur la route qui mène à un monde sans armes nucléaires.
Pour réaliser un monde pacifique et durable, chacun d’entre nous doit se confronter à la situation actuelle, dépasser les différences de statut ou d’opinion et œuvrer de concert avec les autres en vue de notre idéal. Pour y parvenir, nous ne devons jamais perdre de vue les bombardements atomiques et la guerre, comme autant d’événements du passé. Il est vital que nous tenions compte des progrès que les hibakusha et d’autres personnes ont effectués vers un monde pacifique et que nous poursuivions résolument dans cette direction.
Pour que les dirigeants du monde avancent ensemble vers l’idéal de la société civile, il est d’une importance croissante que ceux de ses membres qui sympathisent avec la cause défendue par les hibakusha soient de plus en plus nombreux. Un monde libéré des armes nucléaires est la première étape vers la paix sur Terre, et cette idée doit devenir une valeur universelle partagée par toute l’humanité. C’est pourquoi il est réellement important que vous vous soyez rassemblés et ayez organisé cet événement pour appeler à un monde en paix, libéré des armes nucléaires, et je vous exprime mon plus profond respect.
Les Maires pour la Paix rassemblent plus de 7900 villes-membres situées dans 164 pays et régions. Ils s’efforcent de créer un environnement qui incite les dirigeants du monde à prendre des mesures concrètes en vue de l’abolition nucléaire. J’aimerais demander à chacun de vous de vous mobiliser avec nous pour éliminer ce mal absolu que sont les armes nucléaires et établir une paix durable dans le monde.
En conclusion, je vous adresse mes meilleurs vœux pour le plein succès de cet événement ainsi que pour la santé et le bonheur de toutes les personnes concernées.
Le 6 août 2020 Kazumi MATSUI Président des Maires pour la Paix Maire d’Hiroshima
(Traduction ACDN)
Message de M. Tomihisa TAUE
Maire de Nagasaki
Vice-Président des Maires pour la Paix
Au nom des citoyens de Nagasaki, j’aimerais adresser ce message à la « Flamme du Désarmement Nucléaire ».
A 11h 02 le matin du 9 août 1945, Nagasaki fut dévastée par une seule bombe atomique. Plus de 74 000 précieuses vies humaines furent arrachées, et quelque 75 000 autres personnes furent blessées. Encore aujourd’hui, ceux qui parvinrent à survivre gardent de profondes cicatrices physiques et mentales qui ne guériront jamais, et continuent de souffrir des séquelles de l’exposition aux radiations.
Les hibakusha, ceux qui ont vécu en première ligne la terreur des armes nucléaires, n’ont cessé de transmettre leurs pénibles expériences et d’appeler à l’abolition des armes nucléaires, pour s’assurer que personne d’autre dans le monde ne vivra jamais la tragédie d’un bombardement atomique. Cependant, 75 ans ont passé depuis ces bombardements et le nombre d’individus qui peuvent raconter leur expérience s’amenuise avec chaque année qui passe. Le temps où il n’y aura plus aucun hibakusha se rapproche de nous à chaque seconde.
Sa Sainteté le Pape François a déclaré : « Un monde sans armes nucléaires est possible et nécessaire ». En novembre dernier, lors de sa visite à Nagasaki, Sa Sainteté a adressé au monde ce message fort et explicite depuis l’hypocentre, à 500 mètres au-dessus duquel la bombe a explosé.
Sa Sainteté a aussi déclaré que chacun doit œuvrer à la réalisation d’un monde sans armes nucléaires.
Inspirés par les mots du Pape François, nous, civils et citoyens, nous devons nous liguer et continuer à élever nos voix pour réaliser l’abolition des armes nucléaires aussi tôt que possible. Les efforts inestimables de chaque personne peuvent devenir une formidable force motrice qui nous conduira à la paix.
Par la cérémonie de la « Flamme du Désarmement Nucléaire » tenue cette année 75 ans après le bombardement atomique, je vous souhaite de partager notre désir de paix et notre appel à l’abolition des armes nucléaires.
Août 2020
Tomihisa TAUE Maire de Nagasaki
(Traduction ACDN)
Intervention d’Ammar Berdaï, Maire-adjoint de Saintes
Bonjour Mesdames, bonjour Messieurs,
Je vous prie de bien vouloir excuser M. le Maire, M. Bruno Drapron, retenu par d’autres obligations. Il aurait aimé être lui-même présent. Il m’a confié le soin de m’exprimer en son nom et au nom de la ville de Saintes.
Cette cérémonie est devenue une tradition très importante dans notre ville et plus particulièrement cette année où l’on commémore le 75ème anniversaire des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki des 6 et 9 Aout 1945.
Saintes à adhéré en juin 2000, du temps de M. Michel Baron, maire de Saintes, au réseau « abolition 2000 », puis quelques années plus tard au réseau des « Maires pour la paix ».
Nous ne pouvons qu’être fiers que notre ville soit adhérente à ces réseaux internationaux, qui tous deux veulent abolir les armes nucléaires.
En 2001 la première Flamme du désarmement nucléaire a été allumée par Mme Bernadette Schmitt, alors Maire.
Saintes a accueilli au cours des deux dernières décennies de nombreux évènements nationaux et internationaux en rapport avec la dénucléarisation militaire et civile de notre planète.
En 2006 et 2008 lors des 2èmes et 3èmes Rencontres internationales pour le désarmement nucléaire, biologique et chimique, les arbres d’Hiroshima et de Nagasaki ont été plantés à la Palu.
L’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire, ONG nationale basée à Saintes, pourra compter sur l’actuelle municipalité pour lui apporter tout son soutien afin de perpétuer cette tradition.
« Un monde sans armes nucléaires, c’est le rêve de toute l’humanité. »
Intervention de Catherine Quéré
Mon ami Jean-Marie m’a demandé de bien vouloir expliquer ici, en tant qu’ancienne députée élue dans la circonscription de Saintes et Saint Jean d’Angély, l’intérêt et l’importance de la Proposition de Loi référendaire qu’il m’avait soumise en 2015-2016 au nom de l’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire.
J’avais approuvé et soutenu activement cette Proposition de Loi auprès de mes collègues de tous bords, si bien qu’en avril 2017, lorsque le Parlement fut renouvelé, elle avait recueilli 126 signatures sur 185, soit les deux-tiers du nombre requis pour que le référendum d’initiative partagée franchisse la première étape de sa procédure.
Je pense que cette démarche est juste, et je la soutiens toujours en tant que simple citoyenne. Les armes nucléaires et radioactives sont des armes horribles. Non seulement elles peuvent massacrer des centaines de milliers ou des millions de personnes d’un seul coup, mais en plus, leur radioactivité attaque l’ADN des cellules, provoquant des maladies fatales comme le cancer, les maladies cardio-vasculaires et, pire que tout, les anomalies génétiques et la naissance d’enfants monstrueux.
Elles peuvent remettre en cause à tout moment la vie de chacun d’entre nous et la survie de l’humanité. A quoi bon lutter contre la détérioration du climat, si c’est pour provoquer l’apocalypse ? Nous devons en débarrasser la planète. Et nous le pouvons, pourvu que nous saisissions l’outil du référendum pour amener la France à remplir son devoir et convoquer les autres Etats dotés de ces armes terribles aux négociations prévues par l’article 6 du Traité de Non-Prolifération, qu’ils ont signé.
Tel est le sens de ma présence aujourd’hui parmi vous. Je vous souhaite, je nous souhaite de poursuivre ce combat.
Intervention de Patrick Moquay, ancien maire de Saint Pierre d’Oléron, ancien président de la Communauté de Communes de l’Ile d’Oléron, membre du bureau d’ACDN
A ce jour, la Proposition de Loi visant à organiser un référendum sur la participation de la France à l’abolition des armes nucléaires et radioactives a reçu la signature des 46 parlementaires suivants :
Jean-Félix Acquaviva, Député de la Haute-Corse ; Sophie Auconie, Députée d’Indre et Loire ; Marie-Noëlle Battistel, Députée de l’Isère ; Esther Benbassa, Sénatrice de Paris ; Justine Benin, Députée de la Guadeloupe ; Eric Bocquet, Sénateur du Nord ; Moetai Brotherson, Député de la Polynésie française ; Alain Bruneel, Député du Nord ; Marie-George Buffet, Députée de la Seine-Saint-Denis ; André Chassaigne, Député du Puy-de-Dôme ; Jean-Michel Clément, Député de la Vienne ; Laurence Cohen, Sénatrice du Val-de-Marne ; Yves Daniel, Député de la Loire-Atlantique ; Pierre Dharréville, Député des Bouches du Rhône ; Jeanine Dubié, Députée des Hautes Pyrénées ; M’jid El Guerrab, Député des Français établis hors de France ; Olivier Falorni, Député de la Charente Maritime ; Michelle Gréaume, Sénatrice du Nord ; Nadine Grelet-Certenais, Sénatrice de la Sarthe ; Sébastien Jumel, Député de la Seine-Maritime ; Mansour Kamardine, Député de Mayotte ; Claudine Kauffmann, Sénatrice du Var ; Jacques Krabal, Député de l’Aisne ; Joël Labbé, Sénateur du Morbihan ; Bernard Lalande, Sénateur de la Charente Maritime ; Jérôme Lambert, Député de la Charente ; François Michel Lambert, Député des Bouches-du-Rhône ; Jean-Paul Lecoq, Député de la Seine-Maritime ; Paul Molac, Député du Morbihan ; Jean-Philippe Nilor, Député de la Martinique ; Pierre Ouzoulias, Sénateur des Hauts-de-Seine ; Bertrand Pancher, Député de la Meuse ; Hervé Pellois, Député du Morbihan ; Christine Pirès Beaune, Députée du Puy-de-Dôme ; Loïc Prud’homme, Député de la Gironde ; Christine Prunaud, Sénatrice des Côtes d’Armor ; Muriel Ressiguier, Députée de l’Hérault ; Fabien Roussel, Député du Nord ; Sabine Rubin, Députée de la Seine-Saint-Denis ; Maina Sage, Députée de la Polynésie Française ; Gabriel Serville, Député de la Guyane ; Bénédicte Taurine, Députée de l’Ariège ; Jean-Claude Tissot, Sénateur de la Loire ; Michèle Victory, Députée de l’Ardèche ; Hubert Wulfranc, Député de la Seine Maritime ; Michel Zumkeller, Député du Territoire de Belfort.
Les groupes parlementaires de rattachement de ces signataires sont :
à l’Assemblée nationale : l’UDI, Agir et Indépendants ; Libertés et Territoires ; le Mouvement Démocrate et apparentés ; la Gauche Démocrate et Républicaine ; La République En Marche ; Les Républicains ; les Socialistes et apparentés ; La France Insoumise ; l’Union des Démocrates, Radicaux et Libéraux.
au Sénat : le Groupe Communiste Républicain Citoyen et Ecologiste ; le Groupe socialiste et républicain ; le Rassemblement Démocratique et Social Européen ; les Non-inscrits.
Nous appelons toutes les citoyennes et tous les citoyens français à demander à leurs députés et sénateurs, sans considération d’étiquette, de bien vouloir signer cette Proposition de Loi.
Témoignage de Setsuko Thurlow, survivante d’Hiroshima, lors de la remise du Prix Nobel de la Paix 2017 à la Campagne Internationale pour Abolir les armes Nucléaires (ICAN). Extraits lus par Yuko Hirota.
"J’avais 13 ans. Ce matin-là, je m’en souviens toujours. À 8h15, j’ai vu par la fenêtre un éclair aveuglant. Puis j’ai eu la sensation de planer en l’air.
"J’ai repris conscience dans le silence et l’obscurité, coincée sous le bâtiment effondré. J’entendais les faibles cris de camarades de classe : ’Maman, au secours ! Dieu, aide-moi !’.
"Puis j’ai senti des mains toucher mon épaule gauche et j’ai entendu un homme me dire : ’Tiens bon ! J’essaie de t’aider. Tu vois la lumière là-bas ? Rampe vers cette ouverture aussi vite que tu peux’. Alors que je rampais, les ruines étaient en feu. La plupart de mes camarades de classe dans ce bâtiment sont morts brûlés vifs.
J’ai vu autour de moi une dévastation extrême, inimaginable. Des personnes atrocement blessées saignaient, brûlées, noircies, gonflées, mutilées. [...] Certaines tenaient leurs globes oculaires dans leurs mains.
"Ainsi, une seule bombe avait effacé ma ville bien-aimée. La plupart de ses habitants étaient des civils. Ils ont été calcinés, pulvérisés, carbonisés. Parmi eux, des membres de ma famille, et plus de 350 camarades de classe.
"Dans les semaines, les mois et les années qui ont suivi, des milliers d’autres personnes allaient mourir, de façon aléatoire et mystérieuse, à cause des effets tardifs des radiations. Encore aujourd’hui, le rayonnement tue des survivants.
"Chaque fois que je pense à Hiroshima, la première image qui me vient est celle de mon neveu de quatre ans, Eiji - son petit corps transformé en un morceau de chair fondu et méconnaissable. Il a mendié de l’eau d’une voix faible jusqu’à ce que sa mort le libère de l’agonie.
"Pour moi, il représente tous les enfants innocents, menacés aujourd’hui encore par les armes nucléaires. Chaque seconde de chaque jour, ces armes mettent en danger tous ceux que nous aimons, tout ce qui nous est cher. Nous ne devons plus tolérer cette folie."
Voir : Un référendum pour abolir les armes nucléaires et radioactives (Tribune du Monde, 14 février 2020)