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Sortir du nucléaire n°87



Automne 2020

Trois jours pour refuser la piscine atomique

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°87 - Automne 2020

 Luttes et actions  Déchets radioactifs  Belleville


Les 25, 26 et 27 septembre derniers s’est tenu le rassemblement annuel du collectif “Loire-Vienne Zéro nucléaire“, fort de 13 groupes antinucléaires répartis tout au long de la Loire et de ses affluents (notamment la Vienne).



L’événement fut conçu dès janvier comme un temps fort pour rassembler, fortifier et alimenter les multiples oppositions de terrain contre le projet de piscine d’entreposage centralisé des combustibles usés, envisagé à Belleville-sur-Loire. EDF devant déposer sa Demande d’autorisation de création avant la fin 2020, le moment semblait particulièrement opportun pour penser une stratégie collective à la fois locale et nationale, en lien avec des organisations ayant travaillé cette problématique (ACRO, France Nature Environnement, Global Chance, Greenpeace France, Réseau “Sortir du nucléaire“, etc.). C’est pourquoi, dès fin janvier, des contacts avaient été pris afin de faire affluer toutes ces forces vers Belleville.

Or, coup de théâtre ! Fin juin, EDF déclare, via le Président de Région, l’abandon du Cher comme site d’implantation du projet. Et l’électricien justifie cette décision par des “études préliminaires“ non concluantes ! En effet, depuis deux ans et demi, des oppositions multiples et déterminées s’étaient levées au sein de la population, et rassemblées autour de la Coordination “Piscine Nucléaire Stop“ forte de 15 associations des quatre départements limitrophes  [1]. Les élus (depuis le vœu du Conseil Régional, jusqu’à la prise de position de maires, de Communauté de Communes ou le relais des inquiétudes de la population par plusieurs députés ou sénateurs) n’étaient pas en reste.

Au même moment, EDF annonce une étude de “faisabilité“ sur le site de La Hague dans le Cotentin. Les militants du bassin versant de la Loire décident alors de maintenir l’événement, dans une perspective plus large : soutien aux opposants normands et dénonciation de tout l’“aval“ de la filière, depuis les rejets des centrales dans l’environnement jusqu’à la production de quantités de déchets radioactifs de tous types.

L’événement s’intitule donc désormais “Piscine nucléaire géante, ni à Belleville, ni à la Hague, ni ailleurs“ et son sous-titre : “Contre l’atome et ses déchets“  [2]. Cette mobilisation incluant l’opposition au projet d’enfouissement en profondeur des déchets atomiques, Cigéo à Bure (55).

Malgré les restrictions et défections imposées par la Covid-19 et un refroidissement brutal de la météo… ce fut une belle réussite ! Trois journées intenses de plénières, d’ateliers, de cinéma, de banquets et de fête dans les splendides salles du château de Saint-Amand-en-Puisaye (58).

Mise en scène pour conter l’histoire antinucléaire de la région - © SDN Berry-Giennois-Puisaye

Tout débuta le vendredi soir par la projection des documentaires Le dossier Plogoff et Condamnés à réussir de F. Jacquemain : l’un concernant la victoire populaire contre un projet de centrale en Bretagne en 1981, l’autre, les conditions de travail à l’intérieur de l’usine de La Hague à ses débuts. Une bonne façon de s’ancrer dans l’histoire de la lutte contre une industrie polluante et dangereuse !

Le samedi matin fut consacré à la restitution du travail que mènent les préleveurs citoyens du collectif Loire-Vienne en partenariat avec le laboratoire de l’ACRO qui réalise les analyses. Ce bilan a mis en évidence des défaillances du système EDF et IRSN de contrôle des rejets liquides des cinq centrales nucléaires du bassin versant, une contamination de l’eau de consommation via celle des rivières et fleuves, grâce à la magistrale présentation des salariées (M. Josset et A. Le Vot) et du président (D. Boilley) de l’ACRO ainsi que des représentants du réseau citoyen. Celle-ci a été suivie d’une réunion de travail pour intensifier et préciser cette coopération en 2021.

L’après-midi, afin de nourrir quatre ateliers, furent présentés des éléments de compréhension de cet “aval“ de la filière :

 Un membre du collectif Loire-Vienne nous fit l’historique du choix bien français du “retraitement“  [3]
 David Boilley présenta l’usine de la Hague, ses piscines et leur perspective de saturation ainsi que les pollutions liées à cette installation. Surtout, il aborda ce distinguo subtil des nucléocrates : matières valorisables/déchets. En réalité les “matières“ prétendument “valorisables“ sont des déchets qui ne sont pas comptabilisés comme tels !
 Laura Hameaux du Réseau SDN, a décrit les unités complémentaires du Tricastin dans la Drôme et de Marcoule dans le Gard. Le problème des transports de déchets et combustibles usés étant ensuite étudié en atelier. n Enfin, E. Brénière, de la coordination “Stop Bugey“, présenta les déchets de l’“aval“ qui seraient traités à ICEDA (Installation de Conditionnement et d’Entreposage des Déchets Activés) sur le site du Bugey dans l’Ain et proposa les bases d’un débat.

Le dimanche matin, furent abordés la nucléarisation du Grand Est et le projet Cigéo. Dominique Boutin, de FNE, rendit compte de son impressionnant travail de coupe géologique, et de toutes les questions laissées sans réponse par l’IRSN depuis le débat public de 2013. Deux militantes de Meuse nous ont exposé l’invasion de la filière aval dans cette région, et rappelé le début imminent des enquêtes concernant la Déclaration d’utilité publique et la Demande d’autorisation de création. Elles nous ont également parlé des diverses mobilisations à venir et des forces nouvelles et inspirantes qui voient le jour. Les ateliers qui ont suivi ont permis d’approfondir et d’élaborer des propositions de soutien et d’extension de l’opposition à toutes les autres régions.

L’après-midi s’est conclue par une assemblée qui a synthétisé les positionnements et les divers projets et a donné naissance à un communiqué commun  [4].

Ce communiqué exprime aussi sa solidarité avec les rouennai·es et celles et ceux qui se sont rassemblé·es devant des sites industriels dangereux le 26 septembre, date du 1er “anniversaire“ de la catastrophe de Lubrizol, à l’appel de la plateforme “Notre maison brûle“  [5].

On ne peut finir cet article sans évoquer la convivialité régnant lors des festins partagés, après la projection du film poignant Un Héritage Empoisonné d’Isabelle Masson-Loodts et lors de la très joyeuse soirée de théâtre et de musique du samedi soir !

Merci au Réseau “Sortir du nucléaire“ qui a promu cet événement et qui l’a rendu possible par son soutien financier !

SDN Berry-Giennois-Puisaye

(Organisateur, pour le collectif Loire-Vienne Zéro nucléaire)

L’événement fut conçu dès janvier comme un temps fort pour rassembler, fortifier et alimenter les multiples oppositions de terrain contre le projet de piscine d’entreposage centralisé des combustibles usés, envisagé à Belleville-sur-Loire. EDF devant déposer sa Demande d’autorisation de création avant la fin 2020, le moment semblait particulièrement opportun pour penser une stratégie collective à la fois locale et nationale, en lien avec des organisations ayant travaillé cette problématique (ACRO, France Nature Environnement, Global Chance, Greenpeace France, Réseau “Sortir du nucléaire“, etc.). C’est pourquoi, dès fin janvier, des contacts avaient été pris afin de faire affluer toutes ces forces vers Belleville.

Or, coup de théâtre ! Fin juin, EDF déclare, via le Président de Région, l’abandon du Cher comme site d’implantation du projet. Et l’électricien justifie cette décision par des “études préliminaires“ non concluantes ! En effet, depuis deux ans et demi, des oppositions multiples et déterminées s’étaient levées au sein de la population, et rassemblées autour de la Coordination “Piscine Nucléaire Stop“ forte de 15 associations des quatre départements limitrophes  [1]. Les élus (depuis le vœu du Conseil Régional, jusqu’à la prise de position de maires, de Communauté de Communes ou le relais des inquiétudes de la population par plusieurs députés ou sénateurs) n’étaient pas en reste.

Au même moment, EDF annonce une étude de “faisabilité“ sur le site de La Hague dans le Cotentin. Les militants du bassin versant de la Loire décident alors de maintenir l’événement, dans une perspective plus large : soutien aux opposants normands et dénonciation de tout l’“aval“ de la filière, depuis les rejets des centrales dans l’environnement jusqu’à la production de quantités de déchets radioactifs de tous types.

L’événement s’intitule donc désormais “Piscine nucléaire géante, ni à Belleville, ni à la Hague, ni ailleurs“ et son sous-titre : “Contre l’atome et ses déchets“  [2]. Cette mobilisation incluant l’opposition au projet d’enfouissement en profondeur des déchets atomiques, Cigéo à Bure (55).

Malgré les restrictions et défections imposées par la Covid-19 et un refroidissement brutal de la météo… ce fut une belle réussite ! Trois journées intenses de plénières, d’ateliers, de cinéma, de banquets et de fête dans les splendides salles du château de Saint-Amand-en-Puisaye (58).

Mise en scène pour conter l’histoire antinucléaire de la région - © SDN Berry-Giennois-Puisaye

Tout débuta le vendredi soir par la projection des documentaires Le dossier Plogoff et Condamnés à réussir de F. Jacquemain : l’un concernant la victoire populaire contre un projet de centrale en Bretagne en 1981, l’autre, les conditions de travail à l’intérieur de l’usine de La Hague à ses débuts. Une bonne façon de s’ancrer dans l’histoire de la lutte contre une industrie polluante et dangereuse !

Le samedi matin fut consacré à la restitution du travail que mènent les préleveurs citoyens du collectif Loire-Vienne en partenariat avec le laboratoire de l’ACRO qui réalise les analyses. Ce bilan a mis en évidence des défaillances du système EDF et IRSN de contrôle des rejets liquides des cinq centrales nucléaires du bassin versant, une contamination de l’eau de consommation via celle des rivières et fleuves, grâce à la magistrale présentation des salariées (M. Josset et A. Le Vot) et du président (D. Boilley) de l’ACRO ainsi que des représentants du réseau citoyen. Celle-ci a été suivie d’une réunion de travail pour intensifier et préciser cette coopération en 2021.

L’après-midi, afin de nourrir quatre ateliers, furent présentés des éléments de compréhension de cet “aval“ de la filière :

 Un membre du collectif Loire-Vienne nous fit l’historique du choix bien français du “retraitement“  [3]
 David Boilley présenta l’usine de la Hague, ses piscines et leur perspective de saturation ainsi que les pollutions liées à cette installation. Surtout, il aborda ce distinguo subtil des nucléocrates : matières valorisables/déchets. En réalité les “matières“ prétendument “valorisables“ sont des déchets qui ne sont pas comptabilisés comme tels !
 Laura Hameaux du Réseau SDN, a décrit les unités complémentaires du Tricastin dans la Drôme et de Marcoule dans le Gard. Le problème des transports de déchets et combustibles usés étant ensuite étudié en atelier. n Enfin, E. Brénière, de la coordination “Stop Bugey“, présenta les déchets de l’“aval“ qui seraient traités à ICEDA (Installation de Conditionnement et d’Entreposage des Déchets Activés) sur le site du Bugey dans l’Ain et proposa les bases d’un débat.

Le dimanche matin, furent abordés la nucléarisation du Grand Est et le projet Cigéo. Dominique Boutin, de FNE, rendit compte de son impressionnant travail de coupe géologique, et de toutes les questions laissées sans réponse par l’IRSN depuis le débat public de 2013. Deux militantes de Meuse nous ont exposé l’invasion de la filière aval dans cette région, et rappelé le début imminent des enquêtes concernant la Déclaration d’utilité publique et la Demande d’autorisation de création. Elles nous ont également parlé des diverses mobilisations à venir et des forces nouvelles et inspirantes qui voient le jour. Les ateliers qui ont suivi ont permis d’approfondir et d’élaborer des propositions de soutien et d’extension de l’opposition à toutes les autres régions.

L’après-midi s’est conclue par une assemblée qui a synthétisé les positionnements et les divers projets et a donné naissance à un communiqué commun  [4].

Ce communiqué exprime aussi sa solidarité avec les rouennai·es et celles et ceux qui se sont rassemblé·es devant des sites industriels dangereux le 26 septembre, date du 1er “anniversaire“ de la catastrophe de Lubrizol, à l’appel de la plateforme “Notre maison brûle“  [5].

On ne peut finir cet article sans évoquer la convivialité régnant lors des festins partagés, après la projection du film poignant Un Héritage Empoisonné d’Isabelle Masson-Loodts et lors de la très joyeuse soirée de théâtre et de musique du samedi soir !

Merci au Réseau “Sortir du nucléaire“ qui a promu cet événement et qui l’a rendu possible par son soutien financier !

SDN Berry-Giennois-Puisaye

(Organisateur, pour le collectif Loire-Vienne Zéro nucléaire)



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