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Sortir du nucléaire n°87



Automne 2020

“Ez, Ez, Ez ! Zentral nuklearik Ez !“

Non, non, non, pas de centrale nucléaire non !

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°87 - Automne 2020

 Luttes et actions


Retour sur l’une des victoires les plus méconnue de l’histoire antinucléaire.

© Dummy


En 1969, le gouvernement espagnol de Franco conçoit un nouveau plan énergétique national prévoyant la construction de vingt centrales nucléaires et quarante réacteurs. Au Pays-Basque, le premier réacteur est mis en chantier à Lemoniz. Cette première étape était alors censée ouvrir la voie à la nucléarisation de toute une région : entre 7 et 13 réacteurs devaient être implantés à sa suite.

Aussitôt, un mouvement antinucléaire basque s’est formé, basé sur de multiples revendications, démocratiques, environnementales, indépendantistes, anti-technocratiques, etc. Formant un patchwork politique unique. De la même façon, on relève parmi l’opposition un ensemble de forces hétérogènes : travailleurs·euses, pêcheurs·euses, élu·es, militant·es de l’ETA, etc. La lutte à Lemoniz était insolite, aussi bien marquée par une grande effervescence populaire que par des actions d’opposition d’une extrême violence.

Au niveau de la population, les habitant·es s’organisèrent rapidement et constituèrent la Commission défense d’une côte basque non nucléaire, mais aussi une multitude de comités antinucléaires dans la plupart des villes et villages du territoire. Les élu·es locaux se sont également mobilisé·es, et furent nombreux·euses à pratiquer “l’impayé“ tout en incitant leurs concitoyen·nes à faire de même. Idem du côté des travailleurs·euses, qui ralentissaient volontairement la production, cachaient des pièces, ou encore refusaient de décharger du port des chargements à destination du chantier. Des festivals et rassemblements antinucléaires regroupant jusqu’à 150 000 personnes ont également été organisés. C’était la première fois que des évènements rassemblaient autant de personnes au Pays-Basque. La confrontation entre forces de l’ordre et manifestant·es fut parfois très violente pendant ces événements comme en témoigne la mort de Gladys del Estal, une manifestante tuée par balle lors de la Journée internationale de lutte contre le nucléaire (3 juin 1979).

En parallèle, la forte implication de l’ETA (organisation indépendantiste basque) a également profondément marqué la mémoire de l’opposition. Entre 1978 et 1981, plus de 250 attentats contre ses infrastructures auraient été répertoriés.

Entre explosions et sabotages, le projet a perdu des mois comme des millions. Si le ralentissement a été efficace, ces attaques régulières ont malgré tout coûté la vie à deux ouvriers et six militant·es de l’ETA. Ce combat a atteint son paroxysme lors des exécutions de deux directeurs de la centrale, en 1981 et 1982.

À la mort de Franco en 1975, la lutte contre la centrale de Lemoniz est devenue intrinsèquement liée au combat basque pour une souveraineté populaire et l’installation d’institutions démocratiques locales. Réclamant un référendum sur les questions énergétiques, qu’elle n’a malheureusement pas obtenu. C’est en 1982, que tous ces facteurs réunis et combinés avec l’arrivée d’un gouvernement socialiste au pouvoir ont permis l’annulation du chantier à Lemoniz.

Marie Liger

En 1969, le gouvernement espagnol de Franco conçoit un nouveau plan énergétique national prévoyant la construction de vingt centrales nucléaires et quarante réacteurs. Au Pays-Basque, le premier réacteur est mis en chantier à Lemoniz. Cette première étape était alors censée ouvrir la voie à la nucléarisation de toute une région : entre 7 et 13 réacteurs devaient être implantés à sa suite.

Aussitôt, un mouvement antinucléaire basque s’est formé, basé sur de multiples revendications, démocratiques, environnementales, indépendantistes, anti-technocratiques, etc. Formant un patchwork politique unique. De la même façon, on relève parmi l’opposition un ensemble de forces hétérogènes : travailleurs·euses, pêcheurs·euses, élu·es, militant·es de l’ETA, etc. La lutte à Lemoniz était insolite, aussi bien marquée par une grande effervescence populaire que par des actions d’opposition d’une extrême violence.

Au niveau de la population, les habitant·es s’organisèrent rapidement et constituèrent la Commission défense d’une côte basque non nucléaire, mais aussi une multitude de comités antinucléaires dans la plupart des villes et villages du territoire. Les élu·es locaux se sont également mobilisé·es, et furent nombreux·euses à pratiquer “l’impayé“ tout en incitant leurs concitoyen·nes à faire de même. Idem du côté des travailleurs·euses, qui ralentissaient volontairement la production, cachaient des pièces, ou encore refusaient de décharger du port des chargements à destination du chantier. Des festivals et rassemblements antinucléaires regroupant jusqu’à 150 000 personnes ont également été organisés. C’était la première fois que des évènements rassemblaient autant de personnes au Pays-Basque. La confrontation entre forces de l’ordre et manifestant·es fut parfois très violente pendant ces événements comme en témoigne la mort de Gladys del Estal, une manifestante tuée par balle lors de la Journée internationale de lutte contre le nucléaire (3 juin 1979).

En parallèle, la forte implication de l’ETA (organisation indépendantiste basque) a également profondément marqué la mémoire de l’opposition. Entre 1978 et 1981, plus de 250 attentats contre ses infrastructures auraient été répertoriés.

Entre explosions et sabotages, le projet a perdu des mois comme des millions. Si le ralentissement a été efficace, ces attaques régulières ont malgré tout coûté la vie à deux ouvriers et six militant·es de l’ETA. Ce combat a atteint son paroxysme lors des exécutions de deux directeurs de la centrale, en 1981 et 1982.

À la mort de Franco en 1975, la lutte contre la centrale de Lemoniz est devenue intrinsèquement liée au combat basque pour une souveraineté populaire et l’installation d’institutions démocratiques locales. Réclamant un référendum sur les questions énergétiques, qu’elle n’a malheureusement pas obtenu. C’est en 1982, que tous ces facteurs réunis et combinés avec l’arrivée d’un gouvernement socialiste au pouvoir ont permis l’annulation du chantier à Lemoniz.

Marie Liger



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