Publié initialement dans la revue Sortir du nucléaire n°102 le 28 juin 2024, mis en ligne le 3 décembre 2024
Face aux velléités de relance du nucléaire et à l’actualité sur le projet Cigéo par chez nous, nous avons organisé en avril 2024 une deuxième édition de la semaine antinucléaire, la dernière ayant eu lieu en 2020. Retour sur le programme de ces rencontres afin de découvrir quelques directions qui nous paraissent pertinentes pour confronter la lutte antinucléaire aux enjeux d’aujourd’hui afin de contrer les monstres atomiques de demain.
Mercredi 17 avril, premier jour. La projection sur la lutte des « femmes de Greenham Commons », opposition protéiforme aux missiles en Angleterre des années 1980 à 2000, nous rappelle comment le collectif féministe des Bombes Atomiques a su marquer le retour à Bure de la contestation de terrain. [1] Rendre la lutte enviable pour se renouveler est toujours d’actualité : les goguettes antinucléaires des Freemeuses (mais pas que !) répondent aux chorales anglaises ; la lutte sera anti-patriarcale et musicale ou ne sera pas.
Ballades, balades. Dans la joie et malgré un temps incertain, il semble nécessaire de voir le nucléaire dans sa matérialité et sa vulnérabilité. Dans le paysage local, on embrasse d’un seul regard le laboratoire de l’Andra, les parcelles menacées d’expropriation et de défrichement, la monoculture infinie et les éoliennes de la campagne industrialisée. La balade au pied de leurs cousins les pylônes THT est ponctuée d’anecdotes de lutte à Valognes sous l’œil paranoïaque des drones et autres hélicoptères, tandis qu’ailleurs on découvre les plantes des prairies calcaires sous leur aspect médicinal ou comme sources inspirantes de l’écologie queer.
La journée thématique à la Gare de Luméville, terrain en lutte et en passe d’être exproprié, est l’occasion de se rappeler la riche expérience des blocages de convois de déchets nucléaires entre La Hague et l’Allemagne. Un espace qui se prête toujours aux veillées instrumentales ou contées au coin du feu, prêt à accueillir celleux qui veulent le voir prospérer loin des trains CASTOR qui transportent les combustibles nucléaires.
De retour à la Maison de Résistance, à Bure, on répond de bien des manières à la même question : "mais comment faire prendre conscience et combattre les méfaits du nucléaire ?" En allant à un atelier anti-arguments jancovicistes ou en se nourrissant des arguments « technocritiques et antinucléaires » peut-être. Chacun·e sera touché·e par des arguments qui lui sont propres.
Aussi, le spectacle « HA-VL » et son communicant pro-nucléaire tourmenté, la conférence « les animaux détestent le nucléaire » ou les récits glaçants de la situation à Fukushima par des collectifs japonais permettent d’affiner les discours sur des plans tant sensibles que techniques, afin de nous adresser adroitement à la diversité de nos contemporain·es.
Mais le nucléaire ne sévit pas qu’en Meuse, non non. On discute des Cigéos belge et canadien, tandis que l’arpentage de l’Atlas de l’Uranium nous rappelle que les enjeux de l’extraction de ce minerai - comme de ceux nécessaires à la « transition verte » – impliquent de penser nos luttes sous un angle décolonial.
Place à la suite de la lutte ! Une grande assemblée pleine de perspectives pour 2025 a lieu dans la Grange, ainsi que plus de 80 ateliers et formations au fil de la semaine pour que tout se passe au mieux (sécurité numérique, anti-répression, soutien émotionnel).
Nous considérons que cet évènement a été une réussite et nous remercions les personnes d’ici et d’ailleurs qui y ont contribué. N’hésitez pas à suivre notre actualité sur bureburebure.info !
• Un membre de l’orga printanière
[1] En septembre 2019, les Bombes Atomiques ont rassemblé 500 personnes en mixité choisie contre le nucléaire, à Bure.