L’EPR (Réacteur Pressurisé Européen) est souvent présenté comme l’avenir de la filière nucléaire. En réalité, il concentre les principales failles de l’industrie nucléaire. Retards, coûts colossaux, risques en matière de sûreté… Interpellons l’Autorité de sûreté nucléaire pour qu’elle ne valide pas la cuve défectueuse de l’EPR !
8 octobre 2014 |
EDF et la Grande-Bretagne ont signé un contrat pour la construction de deux réacteurs EPR sur le site d’Hinkley Point (Somerset). En vertu de ce contrat, la Grande-Bretagne s’engagera à lui racheter pendant 35 ans l’électricité des réacteurs pour un montant de 89,5 £ le MWh, soit le double du prix en vigueur outre-Manche ! Ce mécanisme de financement, qui constitue une subvention à peine déguisée, vient pourtant d’être autorisé par la Commission Européenne, qui l’a déclaré conforme aux principes de concurrence ! Derrière cette décision incompréhensible, ne faut-il pas voir le résultat du lobbying acharné d’EDF et Areva ?
Le site d’Hinkley Point, qui compte déjà deux réacteurs, doit accueillir deux EPR - Photo EDF
La décision de la Commission Européenne d’autoriser le mécanisme de financement du projet d’EPR destiné à être construit à Hinkley Point est aussi incompréhensible que scandaleuse. À l’heure où il est question de réduire les subventions aux énergies renouvelables, on autorise une aide d’État pour cette technologie du siècle dernier, hors de prix et dangereuse !
Les Britanniques vont donc être condamnés à payer très cher, pendant 35 ans, pour une électricité qui ne sera dans tous les cas pas disponible avant très longtemps, au vu des déboires rencontrés par les chantiers des EPRs de Flamanville et d’Olkiluoto. Pour éviter le risque d’accident, lutter efficacement contre l’effet de serre et ménager les contribuables britanniques, n’aurait-il pas été préférable que ces sommes démentielles soient plutôt investies dans les économies d’énergie et les énergies renouvelables ? Rappelons que le prix de l’éolien terrestre, dans les conditions actuelles, est déjà inférieur à celui de l’électricité qui doit être produite par l’EPR d’Hinkley Point !
Derrière cette exception aux principes de la concurrence (d’autant plus incongrue qu’elle concerne le pays le plus libéral de l’Union Européenne, dont le gouvernement avait d’ailleurs promis que le développement du nucléaire aurait lieu sans subventions), ne faut-il pas voir le résultat du travail de lobbying acharné mené par l’industrie nucléaire française auprès des Britanniques et de la Commission Européenne ?
Ces magouilles pour accélérer le développement du programme EPR en Grande-Bretagne ne sont d’ailleurs pas isolées : ainsi, comme l’a révélé le Guardian récemment, parmi les agents de l’Office for Nuclear Regulation chargés d’évaluer la sûreté de l’EPR, deux étaient d’anciens salariés d’EDF !
Le Réseau "Sortir du nucléaire" espère que les démarches en justices de l’Autriche et des associations britanniques permettront de barrer la route à ce futur éléphant blanc aussi coûteux que dangereux et de mettre fin à ces pratiques inacceptables.
Pour en savoir plus :
▸ Communiqué de presse de Stop Hinkley
▸ Plainte de la coalition Energy Fairauprès de la Commission Européenne.
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