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Sortir du nucléaire n°81



Printemps 2019

Billet d’humeur

EDF et l’énergie renouvelable solaire

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°81 - Printemps 2019

 Energies renouvelables  Industrie nucléaire  Politique énergétique


Parmi les pubs qui m’inondent, via le net, il y a celles d’EDF-ENR qui prônent l’installation de panneaux photovoltaïques sur tout ce qui reçoit le soleil. Pourquoi pas ? Il serait temps qu’ils s’y mettent ! Sans oublier les escroqueries sous-jacentes que dénoncent régulièrement les associations de consommateurs.



© Marstal - Un champ de capteurs solaires au Danemark au sein d’une centrale de chauffage solaire, permettant de récupérer l’énergie thermique du rayonnement solaire.

Mais je me pose une question bête, comme toute question qui ne va pas dans la “bonne direction“, c’est à dire, celle qui arrange nos têtes pensantes, mais quid du solaire “chaleur“ ????
Dans les années 70 et 80, je me souviens que les écolos responsables essayaient de promouvoir cette utilisation du solaire. Ces modules de chauffe-eau solaire permettaient de fournir de l’eau chaude sanitaire et/ou d’assurer le préchauffage de l’eau du chauffage central, et pour les systèmes les plus développés un stockage de chaleur dans un volume de pierraille sous le bâtiment offrant, via une pompe à chaleur, une source quasi gratuite de chauffage à la maison toute l’année (ce n’est pas une utopie, j’en connais un qui fonctionne très bien depuis une bonne trentaine d’années).

De cette même époque, j’ai aussi le souvenir du magnifique travail effectué dans l’Aude, où une habitation a été conçue en totale autonomie : eau chaude solaire, panneaux photovoltaïques, petite éolienne, isolation renforcée... le seul fil qui la reliait au monde extérieur était celui du téléphone. Le “groupe environnement“ du Conseil européen pour la recherche nucléaire (CERN) avait monté toute une structure d’aide technique et de recherche de matériel qui était quasi inexistant en France. De nombreuses installations furent mises en œuvre dans le pays de Gex [1] .
J’ai souvenir qu’ils avaient fait installer dans un petit immeuble près de Thonon-les-Bains, un système de préchauffage de l’eau du circuit de chauffage collectif à l’aide de panneaux chauffe-eau solaires. Le coût de l’installation avait été amorti en 5 ans ... et pourtant, sur les rives du lac de Genève, ce n’est pas le climat du Sahel.

J’ai le sentiment que dès qu’on évoque la notion de chaleur, cela donne des boutons à notre électricien.
Il est vrai que pour eux, tout doit passer par le vecteur électricité et que quelque soit la source d’énergie, la seule utilisation qui soit pensable, est l’électricité.
Il y avait bien eu, dans les années 70 et 80 des gens iconoclastes qui avaient évoqué l’énorme gâchis énergétique que constituent nos chers (au sens du prix) réacteurs. Rappelez-vous que le rendement d’une centrale, est d’environ 30 %. Pour 1000 Méga Watts électriques produits, elle rejette, en gros, 2 000 Méga Watts thermiques, de la bonne chaleur qui pourrait être utilisée pour alimenter le chauffage urbain d’une grande ville. Même si en cours de route on en perdait la moitié, cela économiserait encore la production d’une unité de production d’électricité. Quelle horreur, rendre inutile toute une partie du parc nucléaire !!!!

Au début des années 80, le lobbying d’EDF avait réussi à faire supprimer du projet de loi sur l’énergie le chapitre relatif aux réseaux de chaleur !!!
Je conseille à tous les gens curieux qui ne l’ont pas lu, d’essayer de se procurer “Le plan ALTER“. Cette analyse de l’adéquation aux besoins tant domestiques qu’industriels, des diverses sources énergétiques avait été réalisée par un petit groupe de scientifiques... il y a une quarantaine d’années. La réédition de cette étude pourrait donner des arguments et des réponses à ceux qui se posent des questions sur le cauchemar énergétique.

Raymond Sené


Notes

[1Ce groupe environnement avait en outre lancé le recyclage du verre. Du côté suisse, ils avaient passé un accord avec un verrier de Morges, qui récupérait le verre pour avoir un calcin près à être fondu. L’opération était suffisamment rentable pour amortir ses frais de collecte et en plus lui permettre de payer une dîme à la collectivité où était disposée la benne de ramassage. Ils avaient fait installer des bennes compartimentées dans des cours d’immeuble avec 3 cases : verre blanc, verre vert, vert coloré. Devant le succès de l’opération, nos physiciens écolos avaient pensé organiser une réunion des divers acteurs de la filière verre dans les locaux prestigieux du CERN. Ont répondu à l’invitation les acteurs suisses, mais du côté français, ce fut le fiasco. Autant du côté des industriels que des pouvoirs publics personne ne daigna venir participer à cette réunion d’information et de concertation.

© Marstal - Un champ de capteurs solaires au Danemark au sein d’une centrale de chauffage solaire, permettant de récupérer l’énergie thermique du rayonnement solaire.

Mais je me pose une question bête, comme toute question qui ne va pas dans la “bonne direction“, c’est à dire, celle qui arrange nos têtes pensantes, mais quid du solaire “chaleur“ ????
Dans les années 70 et 80, je me souviens que les écolos responsables essayaient de promouvoir cette utilisation du solaire. Ces modules de chauffe-eau solaire permettaient de fournir de l’eau chaude sanitaire et/ou d’assurer le préchauffage de l’eau du chauffage central, et pour les systèmes les plus développés un stockage de chaleur dans un volume de pierraille sous le bâtiment offrant, via une pompe à chaleur, une source quasi gratuite de chauffage à la maison toute l’année (ce n’est pas une utopie, j’en connais un qui fonctionne très bien depuis une bonne trentaine d’années).

De cette même époque, j’ai aussi le souvenir du magnifique travail effectué dans l’Aude, où une habitation a été conçue en totale autonomie : eau chaude solaire, panneaux photovoltaïques, petite éolienne, isolation renforcée... le seul fil qui la reliait au monde extérieur était celui du téléphone. Le “groupe environnement“ du Conseil européen pour la recherche nucléaire (CERN) avait monté toute une structure d’aide technique et de recherche de matériel qui était quasi inexistant en France. De nombreuses installations furent mises en œuvre dans le pays de Gex [1] .
J’ai souvenir qu’ils avaient fait installer dans un petit immeuble près de Thonon-les-Bains, un système de préchauffage de l’eau du circuit de chauffage collectif à l’aide de panneaux chauffe-eau solaires. Le coût de l’installation avait été amorti en 5 ans ... et pourtant, sur les rives du lac de Genève, ce n’est pas le climat du Sahel.

J’ai le sentiment que dès qu’on évoque la notion de chaleur, cela donne des boutons à notre électricien.
Il est vrai que pour eux, tout doit passer par le vecteur électricité et que quelque soit la source d’énergie, la seule utilisation qui soit pensable, est l’électricité.
Il y avait bien eu, dans les années 70 et 80 des gens iconoclastes qui avaient évoqué l’énorme gâchis énergétique que constituent nos chers (au sens du prix) réacteurs. Rappelez-vous que le rendement d’une centrale, est d’environ 30 %. Pour 1000 Méga Watts électriques produits, elle rejette, en gros, 2 000 Méga Watts thermiques, de la bonne chaleur qui pourrait être utilisée pour alimenter le chauffage urbain d’une grande ville. Même si en cours de route on en perdait la moitié, cela économiserait encore la production d’une unité de production d’électricité. Quelle horreur, rendre inutile toute une partie du parc nucléaire !!!!

Au début des années 80, le lobbying d’EDF avait réussi à faire supprimer du projet de loi sur l’énergie le chapitre relatif aux réseaux de chaleur !!!
Je conseille à tous les gens curieux qui ne l’ont pas lu, d’essayer de se procurer “Le plan ALTER“. Cette analyse de l’adéquation aux besoins tant domestiques qu’industriels, des diverses sources énergétiques avait été réalisée par un petit groupe de scientifiques... il y a une quarantaine d’années. La réédition de cette étude pourrait donner des arguments et des réponses à ceux qui se posent des questions sur le cauchemar énergétique.

Raymond Sené



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