Avec la défaite de la gauche, on pouvait sattendre au pire et pourtant lAllemagne ne renonce ni à sa lente sortie du nucléaire ni à sa politique de promotion des énergies renouvelables.
En 2000, le gouvernement allemand, constitué des socio-démocrates et des Verts, avait officiellement annoncé son intention den finir avec lénergie nucléaire. Jürgen Trittin (Vert), ministre de lEnvironnement, de la protection de la nature et de la sécurité nucléaire avait alors conclu un accord avec les compagnies productrices dénergie en vue de larrêt progressif des 19 centrales nucléaires allemandes avant 2020. En optant ainsi pour un abandon progressif du nucléaire et en adoptant des mesures complémentaires à cette sortie, notamment une réforme fiscale écologique, lAllemagne était rapidement devenue lun des fers de lance du développement des énergies nouvelles en Europe.
Conséquences de cette politique volontariste :
- La doyenne des centrales nucléaires allemandes a été définitivement fermée après 37 années de fonctionnement. Il sagit de la seconde centrale à être mise à larrêt dans le pays. Un troisième réacteur doit être arrêté en 2007.
- Durant la dernière décennie, la part des énergies propres dans la consommation délectricité est passée de 3% à 10%. Ce pourcentage augmentant chaque année de 1,5%, les plus optimistes calculent quen gardant ce rythme, lAllemagne aura, en 2050, 100% dénergie électrique en provenance de sources renouvelables.
- Depuis plusieurs années, lAllemagne est le seul pays du monde avec le Danemark à enregistrer une diminution de ses émissions de CO2.
Mais, avec larrivée au pouvoir dAngela Merkel en octobre 2005, la politique énergétique allemande risquait pourtant damorcer un virage en épingle à cheveux. Lunion chrétienne-démocrate (CDU) ne promettait-elle pas dans son programme un prolongement de lactivité des centrales nucléaires et la fin des subventions exorbitantes dont bénéficient les éoliennes et les centrales solaires photovoltaïques ? Lors du duel télévisé préélectoral où elle affrontait Gerhard Schröder, Angela Merkel allait jusquà déclarer que sans un prolongement de lutilisation de lénergie nucléaire, lAllemagne ne pourra pas atteindre ses objectifs en matière de protection du climat. Un mensonge digne des lobbyistes pro-nucléaires qui ne laissait rien augurer de bon de la part de la droite allemande.
Pourtant, avec les difficultés que lon sait, une nouvelle coalition est née en Allemagne et, avec elle, lhéritage de la politique mise en place par le gouvernement rouge-vert en matière dénergie sera assuré, tout comme le caractère irréversible de la sortie du nucléaire. Les conservateurs ont en effet consenti, un mois après leur prise de majorité, à poursuivre le retrait du nucléaire.
Fabienne Gautier (Contratom)
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