Le nucléaire fait main basse sur nos ressources en eau
Communiqué commun au Réseau "Sortir du nucléaire", au collectif "Loire Vienne Zéro nucléaire", aux "Soulèvements de la Terre" et au collectif "Bassines non merci".
Communiqué du 24 août 2023
Ce jeudi 24 août au matin, des militant·es antinucléaires ont dénoncé l’impact de l’industrie nucléaire sur le bassin-versant de la Loire. Leur action de prélèvement s’est déroulée lors du Convoi de l’eau. Cette manifestation itinérante à vélo et en tracteur revendique, tout comme le font les antinucléaires, une protection et un partage équitable des ressources en eau.
Prélever l’eau pour dénoncer l’impact du nucléaire sur la Loire
Ce matin le collectif "Loire Vienne Zéro nucléaire" a effectué un prélèvement d’eau dans la Loire, en aval de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux. L’objectif de cette action et de la présentation de l’activité du collectif la veille : sensibiliser les participant·es au convoi de l’eau [1] à l’impact des 14 réacteurs nucléaires en activité sur le bassin-versant de la Loire. Mais aussi dénoncer plus globalement l’impact cumulé des 5 sites nucléaires [2] qui ponctuent tout ce bassin alimenté par la Loire et ses affluents.
Prélèvements en coursCrédit : Collectif "Loire Vienne Zéro nucléaire"
Pour cela, depuis 2018, le collectif effectue des prélèvements d’eau, de végétation aquatique et de sédiments qu’il fait ensuite analyser par le laboratoire indépendant de l’ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest).
Par ailleurs, les rapports environnementaux de chaque site nucléaire, produits par EDF, sont également analysés par le collectif... avec des résultats atterrants.
Le nucléaire pollue et consomme l’eau de la Loire et de la Vienne
D’après les chiffres collectés par le collectif, les 5 centrales ont rejeté en Loire et en Vienne près de 6 000 tonnes de substances chimiques diverses... pour la seule année 2020.
Grâce à des prélèvements réguliers, le collectif "Loire Vienne Zéro nucléaire" a par ailleurs déjà pu relever une concentration de tritium plus de trois fois supérieure aux normes à Saumur, à 25km du point de rejet de l’eau de refroidissement de la centrale de Chinon. Pour rappel, la demi-vie du tritium n’est que de 12 ans [3] mais il en est déversé régulièrement dans la Loire depuis plus de 40 ans. Il est également présent dans l’eau potable de nombreuses villes du bassin-versant. Or, on ne connaît pas encore suffisamment l’effet de l’ingestion régulière de faibles doses sur un temps aussi long !
Enfin, le collectif affirme qu’en 2021, près 700 millions de m3 d’eau ont été prélevés par les 5 sites, dont environ 200 millions ont été évaporés pour refroidir les 14 réacteurs nucléaires [4] en fonctionnement sur la Loire et la Vienne. Soit presque autant que la consommation annuelle d’eau potable des habitant·es de l’ensemble de la région des Pays de la Loire...
Un impact sur l’eau minimisé à l’échelle nationale
À l’échelle nationale, l’évaporation d’eau par les centrales nucléaires est, depuis cette année, largement sous-estimée. D’après le Ministère de la Transition écologique, les centrales consommeraient, c’est-à-dire transforment en vapeur, 12% de la totalité de l’eau douce consommée en France, soit environ 400 millions de m3 d’eau douce par an. Or, il s’avère que ce chiffre ne tient pas compte de l’eau qui, prélevée dans les cours d’eau puis rejetée plus chaude dans le même cours d’eau suite au processus de refroidissement des réacteurs en circuit ouvert [5], est plus susceptible de s’évaporer. D’après les calculs de Global Chance, la totalité de l’eau évaporée par les réacteurs nucléaires en France équivaut plutôt... au double de ces estimations, soit à 800 millions de m3 d’eau par an. À titre de comparaison, 260 millions de m3 d’eau par an sont consacrés à l’alimentation !
L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à la peine sur le contrôle des rejets
En France, c’est l’exploitant (EDF, Orano, CEA, Andra, etc.) qui "autocontrôle" le respect des normes de rejets thermiques, de substances chimiques et de radioactivité dans l’environnement de ses installations.
Or, depuis 2020, dans les registres de rejets publiés par EDF, il n’y a plus d’informations sur, entre autres, les rejets thermiques. L’ASN est-elle encore capable de vérifier le respect de ses propres prescriptions ? [6].
Aujourd’hui, la préservation de l’eau est un enjeu écologique plus crucial que jamais et elle est enfin considérée comme telle. La fuite en avant du gouvernement vers toujours plus de nucléaire apparaît alors comme un choix aberrant à rebours des enjeux écologiques de notre époque. Il augure par ailleurs de nouveaux conflits liés à la disponibilité de la ressource en eau.
Contacts presse :
- Catherine Fumé - collectif "Loire Vienne Zéro nucléaire" : 06 62 84 13 88
- Réseau "Sortir du nucléaire" : 06 64 66 01 23
- Benoît Feuillu - collectif Les Soulèvements de la Terre et collectif Bassines non merci : 06 65 52 44 99
Image de couverture : Collectif "Loire Vienne Zéro Nucléaire"
Notes
[1] Co-organisée par le collectif "Bassines non merci", la Confédération Paysanne et les Soulèvements de la Terre et soutenue par plus de 130 organisations.
[2] Belleville-sur-Loire, Dampierre, Saint-Laurent-des-Eaux, Chinon, Civaux.
[3] C’est-à-dire qu’il faut un peu plus de 12 ans pour que sa radioactivité diminue de moitié.
[4] Qui fonctionnent tous en circuit fermé.
[5] En avril, nous pointions du doigt le tour de passe-passe effectué par le Ministère de la Transition écologique sur son site internet. La veille de la présentation du plan Eau par Emmanuel Macron, la consommation en eau douce des centrales nucléaires était ainsi passé de 31% à 12% de la totalité des ressources en eau douce consommées en France. Sans aucune transparence concernant les calculs justifiant cela. Pour nous, cela occulte également le fait que l’eau rejetée par les centrales en circuit ouvert est polluée en substances chimiques et en tritium et devrait donc être également considérée comme consommée. https://www.sortirdunucleaire.org/Le-gouvernement-a-cote-de-la-flaque-L-impact
[6] Le Réseau "Sortir du nucléaire" a échangé avec l’ASN sur le sujet. Ses réponses ne nous semblent pas satisfaisantes et feront l’objet de communications ultérieures.
Ce jeudi 24 août au matin, des militant·es antinucléaires ont dénoncé l’impact de l’industrie nucléaire sur le bassin-versant de la Loire. Leur action de prélèvement s’est déroulée lors du Convoi de l’eau. Cette manifestation itinérante à vélo et en tracteur revendique, tout comme le font les antinucléaires, une protection et un partage équitable des ressources en eau.
Prélever l’eau pour dénoncer l’impact du nucléaire sur la Loire
Ce matin le collectif "Loire Vienne Zéro nucléaire" a effectué un prélèvement d’eau dans la Loire, en aval de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux. L’objectif de cette action et de la présentation de l’activité du collectif la veille : sensibiliser les participant·es au convoi de l’eau [1] à l’impact des 14 réacteurs nucléaires en activité sur le bassin-versant de la Loire. Mais aussi dénoncer plus globalement l’impact cumulé des 5 sites nucléaires [2] qui ponctuent tout ce bassin alimenté par la Loire et ses affluents.
Prélèvements en coursCrédit : Collectif "Loire Vienne Zéro nucléaire"
Pour cela, depuis 2018, le collectif effectue des prélèvements d’eau, de végétation aquatique et de sédiments qu’il fait ensuite analyser par le laboratoire indépendant de l’ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest).
Par ailleurs, les rapports environnementaux de chaque site nucléaire, produits par EDF, sont également analysés par le collectif... avec des résultats atterrants.
Le nucléaire pollue et consomme l’eau de la Loire et de la Vienne
D’après les chiffres collectés par le collectif, les 5 centrales ont rejeté en Loire et en Vienne près de 6 000 tonnes de substances chimiques diverses... pour la seule année 2020.
Grâce à des prélèvements réguliers, le collectif "Loire Vienne Zéro nucléaire" a par ailleurs déjà pu relever une concentration de tritium plus de trois fois supérieure aux normes à Saumur, à 25km du point de rejet de l’eau de refroidissement de la centrale de Chinon. Pour rappel, la demi-vie du tritium n’est que de 12 ans [3] mais il en est déversé régulièrement dans la Loire depuis plus de 40 ans. Il est également présent dans l’eau potable de nombreuses villes du bassin-versant. Or, on ne connaît pas encore suffisamment l’effet de l’ingestion régulière de faibles doses sur un temps aussi long !
Enfin, le collectif affirme qu’en 2021, près 700 millions de m3 d’eau ont été prélevés par les 5 sites, dont environ 200 millions ont été évaporés pour refroidir les 14 réacteurs nucléaires [4] en fonctionnement sur la Loire et la Vienne. Soit presque autant que la consommation annuelle d’eau potable des habitant·es de l’ensemble de la région des Pays de la Loire...
Un impact sur l’eau minimisé à l’échelle nationale
À l’échelle nationale, l’évaporation d’eau par les centrales nucléaires est, depuis cette année, largement sous-estimée. D’après le Ministère de la Transition écologique, les centrales consommeraient, c’est-à-dire transforment en vapeur, 12% de la totalité de l’eau douce consommée en France, soit environ 400 millions de m3 d’eau douce par an. Or, il s’avère que ce chiffre ne tient pas compte de l’eau qui, prélevée dans les cours d’eau puis rejetée plus chaude dans le même cours d’eau suite au processus de refroidissement des réacteurs en circuit ouvert [5], est plus susceptible de s’évaporer. D’après les calculs de Global Chance, la totalité de l’eau évaporée par les réacteurs nucléaires en France équivaut plutôt... au double de ces estimations, soit à 800 millions de m3 d’eau par an. À titre de comparaison, 260 millions de m3 d’eau par an sont consacrés à l’alimentation !
L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à la peine sur le contrôle des rejets
En France, c’est l’exploitant (EDF, Orano, CEA, Andra, etc.) qui "autocontrôle" le respect des normes de rejets thermiques, de substances chimiques et de radioactivité dans l’environnement de ses installations.
Or, depuis 2020, dans les registres de rejets publiés par EDF, il n’y a plus d’informations sur, entre autres, les rejets thermiques. L’ASN est-elle encore capable de vérifier le respect de ses propres prescriptions ? [6].
Aujourd’hui, la préservation de l’eau est un enjeu écologique plus crucial que jamais et elle est enfin considérée comme telle. La fuite en avant du gouvernement vers toujours plus de nucléaire apparaît alors comme un choix aberrant à rebours des enjeux écologiques de notre époque. Il augure par ailleurs de nouveaux conflits liés à la disponibilité de la ressource en eau.
Contacts presse :
- Catherine Fumé - collectif "Loire Vienne Zéro nucléaire" : 06 62 84 13 88
- Réseau "Sortir du nucléaire" : 06 64 66 01 23
- Benoît Feuillu - collectif Les Soulèvements de la Terre et collectif Bassines non merci : 06 65 52 44 99
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