Faire un don

Nos dossiers et analyses

Journée nationale de la résilience : l’art de rendre acceptable un accident nucléaire

Article publié le 13 octobre 2023



Le 13 octobre 2023 a lieu pour la deuxième année consécutive la journée "Tous résilients face aux risques". L’occasion de revenir sur la notion de résilience, un mot fourre-tout qui permet surtout au gouvernement de se déresponsabiliser, en faisant porter aux citoyen·nes la charge de leur propre sécurité.



Comme l’explique le Ministère de la transition écologique sur son site internet, la journée nationale de la résilience face aux risques naturels et technologiques vise à « sensibiliser, à informer et à acculturer tous les citoyens aux risques naturels et technologiques qui les environnent. L’objectif est que chacun connaisse les risques de son territoire, les bons comportements à adopter en cas de catastrophe et devienne ainsi acteur de sa propre sécurité. » [1] Instauré par le gouvernement en 2022, l’évènement fait écho à la Journée internationale pour la réduction des risques de catastrophe de l’Organisation des Nations unies.

EDF se saisit de cette opportunité pour étayer sa propagande nucléaire, en organisant des conférences et rencontres publiques dans des centrales (comme par exemple à Dampierre-en-Burly [2], Civaux [3] et Belleville [4], entre autres), pour rappeler aux citoyen·nes les « bons réflexes » à adopter en cas d’accident nucléaire.

La résilience : une injonction à s’adapter aux catastrophes plutôt que lutter contre

La résilience, cette capacité à encaisser les chocs et à rebondir, est devenue une véritable idéologie qui s’impose partout. C’est ce qu’explique Thierry Ribault, chercheur en sciences sociales au CNRS, dans son livre Contre la résilience - À Fukushima et ailleurs (L’Échappée, 2021), analysant la mobilisation de ce concept lors du désastre nucléaire de Fukushima.

Faire accepter par les populations les risques générés par les industries, jusqu’aux catastrophes, c’est ce qu’induit la résilience. Les pouvoirs publics véhiculent ainsi l’idée que les catastrophes sont inévitables, et qu’il faut donc s’y préparer. Thierry Ribault va jusqu’à définir la résilience comme une « technologie du consentement », cherchant à faire consentir les populations au désastre.

La résilience, c’est du coup l’illusion que l’on peut s’adapter, « vivre avec » les catastrophes. Selon ses promoteurs, ces épreuves seraient même des opportunités, car les surmonter nous rendraient plus fort·es ! Mais est-il bien sérieux de penser que nous pouvons nous adapter aux contaminations radioactives ? Comme l’affirme le chercheur : « le désastre n’est pas une source de progrès, et [...] le malheur n’est pas une source de bonheur. Il est ce qu’il est, point. En faire un simple moment que l’on peut positiver à tout crin est extrêmement dangereux, car cela revient à le légitimer. » [5]

À force d’insister sur l’aptitude des populations à faire face aux désastres et à se relever, le gouvernement fait habilement oublier les causes qui ont menées aux catastrophes. In fine, ce raisonnement permet de rendre inaudible les résistances au nucléaire. Si nous sommes résilient·es, pourquoi remettre en question les dangereux choix énergétiques de notre pays ?

Enfin, telle qu’elle est promue par le gouvernement, la résilience relève essentiellement d’une logique individuelle, une manière pour l’État de se déresponsabiliser de son devoir de sécurité, en faisant porter aux citoyen·nes la charge de s’informer des risques et de se relever des catastrophes.

Plutôt que la résilience, faisons le choix de la résistance !

Marion Bichet

Comme l’explique le Ministère de la transition écologique sur son site internet, la journée nationale de la résilience face aux risques naturels et technologiques vise à « sensibiliser, à informer et à acculturer tous les citoyens aux risques naturels et technologiques qui les environnent. L’objectif est que chacun connaisse les risques de son territoire, les bons comportements à adopter en cas de catastrophe et devienne ainsi acteur de sa propre sécurité. » [1] Instauré par le gouvernement en 2022, l’évènement fait écho à la Journée internationale pour la réduction des risques de catastrophe de l’Organisation des Nations unies.

EDF se saisit de cette opportunité pour étayer sa propagande nucléaire, en organisant des conférences et rencontres publiques dans des centrales (comme par exemple à Dampierre-en-Burly [2], Civaux [3] et Belleville [4], entre autres), pour rappeler aux citoyen·nes les « bons réflexes » à adopter en cas d’accident nucléaire.

La résilience : une injonction à s’adapter aux catastrophes plutôt que lutter contre

La résilience, cette capacité à encaisser les chocs et à rebondir, est devenue une véritable idéologie qui s’impose partout. C’est ce qu’explique Thierry Ribault, chercheur en sciences sociales au CNRS, dans son livre Contre la résilience - À Fukushima et ailleurs (L’Échappée, 2021), analysant la mobilisation de ce concept lors du désastre nucléaire de Fukushima.

Faire accepter par les populations les risques générés par les industries, jusqu’aux catastrophes, c’est ce qu’induit la résilience. Les pouvoirs publics véhiculent ainsi l’idée que les catastrophes sont inévitables, et qu’il faut donc s’y préparer. Thierry Ribault va jusqu’à définir la résilience comme une « technologie du consentement », cherchant à faire consentir les populations au désastre.

La résilience, c’est du coup l’illusion que l’on peut s’adapter, « vivre avec » les catastrophes. Selon ses promoteurs, ces épreuves seraient même des opportunités, car les surmonter nous rendraient plus fort·es ! Mais est-il bien sérieux de penser que nous pouvons nous adapter aux contaminations radioactives ? Comme l’affirme le chercheur : « le désastre n’est pas une source de progrès, et [...] le malheur n’est pas une source de bonheur. Il est ce qu’il est, point. En faire un simple moment que l’on peut positiver à tout crin est extrêmement dangereux, car cela revient à le légitimer. » [5]

À force d’insister sur l’aptitude des populations à faire face aux désastres et à se relever, le gouvernement fait habilement oublier les causes qui ont menées aux catastrophes. In fine, ce raisonnement permet de rendre inaudible les résistances au nucléaire. Si nous sommes résilient·es, pourquoi remettre en question les dangereux choix énergétiques de notre pays ?

Enfin, telle qu’elle est promue par le gouvernement, la résilience relève essentiellement d’une logique individuelle, une manière pour l’État de se déresponsabiliser de son devoir de sécurité, en faisant porter aux citoyen·nes la charge de s’informer des risques et de se relever des catastrophes.

Plutôt que la résilience, faisons le choix de la résistance !

Marion Bichet



Le saviez-vous ?
Le Réseau "Sortir du nucléaire" est un véritable contre-pouvoir citoyen. Totalement indépendants de l’État, nous dépendons exclusivement du soutien de nos donateur⋅ices. C’est grâce à votre soutien financier que nous pouvons nous permettre de tout mettre en œuvre pour offrir aux générations futures l’espoir d’un avenir sans risques nucléaires. Aidez-nous à obtenir cet objectif et à nous permettre de continuer la lutte au quotidien contre cette énergie mortifère et pour promouvoir la sobriété énergétique et les alternatives renouvelables.

Faire un don

Toutes nos analyses


Thèmes
 Risque nucléaire  Nucléaire et démocratie