Tripler les capacités de production nucléaire : une déclaration fallacieuse, irréaliste et hors-sol
Communiqué du 6 décembre 2023
Ce samedi 2 décembre, sous l’impulsion de la France, une vingtaine de pays rassemblés à Dubaï pour la COP28 ont annoncé leur volonté de tripler les capacités de production d’électricité d’origine nucléaire d’ici à 2050, prétendument au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Le Réseau "Sortir du nucléaire" juge cette déclaration fallacieuse, irréaliste et hors-sol.
La science ne viendra pas au secours du nucléaire
« Nous savons par la science, la réalité des faits et des preuves qu’on ne peut pas atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 sans nucléaire ». C’est par cet argument que John Kerry, émissaire américain pour le climat, appuie la déclaration des pays signataires. Le texte de la déclaration mentionne plusieurs rapports scientifiques pour justifier cette ambition nucléaire au nom de la lutte contre le changement climatique, dont ceux du GIEC. Cet argument est fallacieux. Il convient en effet de rappeler que le GIEC n’est en aucun cas prescripteur. Ses rapports visent à modéliser plusieurs trajectoires illustrant des évolutions techniques et sociales possibles pour contenir le réchauffement à 1,5°C. Or, d’une part, parmi les scénarios, certains envisagent un déclin du nucléaire voire le restreignent à un rôle totalement marginal. Et d’autre part, ce sont in fine les capacités industrielles des différents pays, les possibilités de financement des évolutions technologiques possibles ou encore leur acceptabilité sociale qui détermineront leur faisabilité.
Le gouffre financier du nucléaire
En ce qui concerne les possibilités de financement, l’invitation faite aux organisations financières internationales de financer le nucléaire, sonne comme un appel à l’aide désespéré. La réalité de la filière nucléaire aujourd’hui, c’est que l’électricité qu’elle produit coûte de plus en plus cher et qu’elle n’attire pour tous financements que ceux, publics, des pays moteurs dans cette course à l’atome pour des raisons qui n’ont rien de climatiques... et cela même au détriment des énergies renouvelables ! Le tout pour une technologie inaboutie et hasardeuse. Des SMR qui n’ont toujours pas vu le jour, et des EPR dont les déboires sont de notoriété publique. Face à cette réalité, l’appel aux organisations financières internationales apparaît d’autant plus comme une tentative de s’accaparer des financements au profit de seuls pays aux complexes militaro-industriels développés, et au détriment de tous les autres.
Le nucléaire ne sauvera pas le climat
Enfin et surtout, cette déclaration pourrait-elle réellement constituer une bonne nouvelle pour le climat ? Aux côtés d’organisations de défense du climat, nous avons rappelé à plusieurs reprises que l’impératif climatique nécessite une diminution rapide des émissions de GES et ne peut s’accommoder des délais hors-sol de construction d’hypothétiques EPR [1]. Au-delà d’être hors délai, le nucléaire ne répondra jamais qu’à une infime partie des objectifs de décarbonation à atteindre pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. À l’échelle européenne, Yves Marignac, de l’Institut négaWatt fait le calcul : si l’Europe construisait, comme l’ambitionne Luc Rémont, PDG d’EDF, entre 1 et 1,5 réacteurs par an dans la décennie, le nucléaire représenterait en 2040 moins de 3% des 6000 à 7000 TWh d’énergie décarbonée qui seront nécessaires à l’Europe pour respecter ses engagements climatiques. Soit une goutte d’eau bien coûteuse et dangereuse, alors que d’autres scénarios sont envisageables et possibles.
Cette COP se sera démarquée des autres par des déclarations et des actions des lobbys pro-nucléaires et pétroliers. À croire que ces COP, régulièrement dénoncées pour leur inefficacité climatique, ont maintenant franchi le pas de l’action climaticide.
Image de couverture : Réseau "Sortir du nucléaire"
Ce samedi 2 décembre, sous l’impulsion de la France, une vingtaine de pays rassemblés à Dubaï pour la COP28 ont annoncé leur volonté de tripler les capacités de production d’électricité d’origine nucléaire d’ici à 2050, prétendument au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Le Réseau "Sortir du nucléaire" juge cette déclaration fallacieuse, irréaliste et hors-sol.
La science ne viendra pas au secours du nucléaire
« Nous savons par la science, la réalité des faits et des preuves qu’on ne peut pas atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 sans nucléaire ». C’est par cet argument que John Kerry, émissaire américain pour le climat, appuie la déclaration des pays signataires. Le texte de la déclaration mentionne plusieurs rapports scientifiques pour justifier cette ambition nucléaire au nom de la lutte contre le changement climatique, dont ceux du GIEC. Cet argument est fallacieux. Il convient en effet de rappeler que le GIEC n’est en aucun cas prescripteur. Ses rapports visent à modéliser plusieurs trajectoires illustrant des évolutions techniques et sociales possibles pour contenir le réchauffement à 1,5°C. Or, d’une part, parmi les scénarios, certains envisagent un déclin du nucléaire voire le restreignent à un rôle totalement marginal. Et d’autre part, ce sont in fine les capacités industrielles des différents pays, les possibilités de financement des évolutions technologiques possibles ou encore leur acceptabilité sociale qui détermineront leur faisabilité.
Le gouffre financier du nucléaire
En ce qui concerne les possibilités de financement, l’invitation faite aux organisations financières internationales de financer le nucléaire, sonne comme un appel à l’aide désespéré. La réalité de la filière nucléaire aujourd’hui, c’est que l’électricité qu’elle produit coûte de plus en plus cher et qu’elle n’attire pour tous financements que ceux, publics, des pays moteurs dans cette course à l’atome pour des raisons qui n’ont rien de climatiques... et cela même au détriment des énergies renouvelables ! Le tout pour une technologie inaboutie et hasardeuse. Des SMR qui n’ont toujours pas vu le jour, et des EPR dont les déboires sont de notoriété publique. Face à cette réalité, l’appel aux organisations financières internationales apparaît d’autant plus comme une tentative de s’accaparer des financements au profit de seuls pays aux complexes militaro-industriels développés, et au détriment de tous les autres.
Le nucléaire ne sauvera pas le climat
Enfin et surtout, cette déclaration pourrait-elle réellement constituer une bonne nouvelle pour le climat ? Aux côtés d’organisations de défense du climat, nous avons rappelé à plusieurs reprises que l’impératif climatique nécessite une diminution rapide des émissions de GES et ne peut s’accommoder des délais hors-sol de construction d’hypothétiques EPR [1]. Au-delà d’être hors délai, le nucléaire ne répondra jamais qu’à une infime partie des objectifs de décarbonation à atteindre pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. À l’échelle européenne, Yves Marignac, de l’Institut négaWatt fait le calcul : si l’Europe construisait, comme l’ambitionne Luc Rémont, PDG d’EDF, entre 1 et 1,5 réacteurs par an dans la décennie, le nucléaire représenterait en 2040 moins de 3% des 6000 à 7000 TWh d’énergie décarbonée qui seront nécessaires à l’Europe pour respecter ses engagements climatiques. Soit une goutte d’eau bien coûteuse et dangereuse, alors que d’autres scénarios sont envisageables et possibles.
Cette COP se sera démarquée des autres par des déclarations et des actions des lobbys pro-nucléaires et pétroliers. À croire que ces COP, régulièrement dénoncées pour leur inefficacité climatique, ont maintenant franchi le pas de l’action climaticide.
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