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Réacteurs nucléaires : les générations fantômes

Communiqué du 5 mai 2007



Il existe différents types de réacteurs nucléaires, mais ils ont tous été conçus à la même époque. Le concept de "générations" de réacteurs nucléaires n’est qu’un emballage publicitaire inventé en 2001 par l’industrie nucléaire pour donner l’impression qu’elle progresse continuellement.

Lors du débat qui les a opposés le 2 mai, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ont démontré l’étendu de leur incompétence en matière de nucléaire. Les deux candidats se sont en particulier trompés sur la part du nucléaire dans la production d’électricité. Par ailleurs, à propos du vieillissement des centrales, M. Sarkozy a mentionné de mystérieux "chapeaux de couverture" qui ne correspondent à rien de connu.

Enfin, les candidats se sont affrontés sur le réacteur EPR, qu’EDF entend construire à Flamanville (Manche). Selon ses propres constructeurs, ce réacteur est de 3ème génération. Mme Royal a donc eu raison sur ce point, contrairement à M. Sarkozy qui l’a placé dans la 4ème génération. C’est d’autant plus troublant que c’est M. Sarkozy lui-même, lorsqu’il était ministre de l’économie en 2004, qui expliqué aux parlementaires français qu’il était nécessaire de construire l’EPR dont, de toute évidence, il ne sait rien.

Mais oublions un instant nos deux candidats et leurs erreurs pour nous pencher sur une question que personne n’a posée jusqu’à maintenant : qu’est-ce qu’une génération de réacteurs nucléaires ? La réponse est simple : cela n’existe pas. Il ne s’agit là que d’un emballage publicitaire inventé en 2001 par l’industrie nucléaire pour donner l’impression qu’elle progresse continuellement.

Laissons de coté la fusion nucléaire dont rien ne permet d’affirmer qu’elle parviendra un jour de produire industriellement de l’électricité… ce qui n’empêche pas la France de se gargariser d’accueillir bientôt à Cadarache (Bouches-du-Rhône) le réacteur ITER. Ce dernier, même si sa construction était hélas menée à terme, ne produira pas d’électricité mais en consommera beaucoup.

Penchons nous donc sur les réacteurs nucléaires qui fonctionnent sur le principe de la fission nucléaire. Il en existe de différents types, que l’on distingue selon trois critères :

- le combustible : uranium naturel, uranium enrichi, Mox (mélange d’uranium et de plutonium), etc.

- le modérateur : eau, eau lourde, graphite, etc.

- le fluide caloporteur : eau pressurisée, eau bouillante, sodium, gaz, etc.

En jouant sur les trois critères, on peut envisager des dizaines de réacteurs différents. Historiquement, pour des raisons technologiques et économiques, certains ont été privilégiés : la majorité des 435 réacteurs (chiffre au 1er janvier 2007) en fonctionnement sur Terre sont des réacteurs à eau pressurisée ou à eau bouillante, avec comme combustible de l’uranium enrichi. Notons cependant, nous allons y revenir, qu’il existe une catégorie très particulière, les réacteurs à neutrons rapides.

Les bases techniques de tous les réacteurs nucléaires ont été posées dès années 50. Il n’y a donc en réalité qu’une seule génération de réacteurs nucléaires, ces derniers étant tous "frères". C’est pour cela que le fameux réacteur EPR n’est en rien de "3ème génération" : c’est un réacteur à eau pressurisée, prévu pour fonctionner avec du combustible mox, comme c’est le cas de dizaines de réacteurs construits depuis 30 ans ou plus. L’appellation "3ème génération" sert juste à faire croire aux citoyens que l’EPR représente quelque chose de nouveau, qu’il constitue un progrès par rapport aux réacteurs actuels.

Il en est de même des réacteurs désignés par le terme "4ème génération" et que l’on nous promet pour 2030 ou 2040 alors qu’ils existent eux aussi… depuis les années 50 ! En vérité, cette supposée "4ème génération" n’est qu’une nouvelle appellation pour les fameux réacteurs à neutrons rapides que nous avons déjà mentionnés. En France, par exemple, le réacteur Superphénix, mis en service 1985, relève de cette catégorie. Chacun se souvient des incroyables déboires techniques rencontrés par ce réacteur qui n’a jamais bien fonctionné et, finalement, n’aura réussi… qu’à désintégrer 10 milliards d’euros.

Malgré cet échec cuisant, le lobby nucléaire a décidé de retenter l’expérience. Pour ne pas susciter la colère des citoyens, il a été décidé de faire croire à une nouvelle technologie en utilisant le terme de réacteur de "4ème génération". Mais, selon le CEA lui-même [1], il s’agira bien d’un réacteur à neutron rapide et caloporteur sodium : c’est bien le retour de Superphénix, qui, comme son nom l’indique, renaît indéfiniment de ses cendres.

Cette affaire de générations de réacteurs nucléaire n’est donc qu’une mystification. On peut d’ailleurs le vérifier en se reportant aux articles de presse traitant de l’EPR, et ce depuis le milieu des années 90. Pendant des années, il n’a jamais été question de "3ème génération". Ce terme est apparu subitement en 2001 dans les publications et publicités de l’industrie nucléaire. Objectif atteint : peu à peu, sans s’apercevoir qu’ils ont été manipulés, les journalistes ont intégré l’idée que l’EPR serait de "3ème génération"… sans même se demander d’où provient ce terme, et s’il recouvre autre chose qu’un bel emballage publicitaire.



La réalité est simple : l’EPR est un réacteur tout à fait comparable à ceux qui ont été construits depuis des décennies. Il est donc susceptible d’occasionner une catastrophe nucléaire et il produira des déchets radioactifs pour lesquels n’existe aucune solution. L’EPR est un réacteur du passé. Raison de plus pour ne pas le construire en France et investir plutôt, comme le demandent 78% des citoyens (sondage LH2 février 2007), dans les énergies renouvelables.

Stéphane Lhomme
Porte parole du Réseau "Sortir du nucléaire"


[1] www.cea.fr/fr/actualites/articles.asp?id=706

Il existe différents types de réacteurs nucléaires, mais ils ont tous été conçus à la même époque. Le concept de "générations" de réacteurs nucléaires n’est qu’un emballage publicitaire inventé en 2001 par l’industrie nucléaire pour donner l’impression qu’elle progresse continuellement.

Lors du débat qui les a opposés le 2 mai, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ont démontré l’étendu de leur incompétence en matière de nucléaire. Les deux candidats se sont en particulier trompés sur la part du nucléaire dans la production d’électricité. Par ailleurs, à propos du vieillissement des centrales, M. Sarkozy a mentionné de mystérieux "chapeaux de couverture" qui ne correspondent à rien de connu.

Enfin, les candidats se sont affrontés sur le réacteur EPR, qu’EDF entend construire à Flamanville (Manche). Selon ses propres constructeurs, ce réacteur est de 3ème génération. Mme Royal a donc eu raison sur ce point, contrairement à M. Sarkozy qui l’a placé dans la 4ème génération. C’est d’autant plus troublant que c’est M. Sarkozy lui-même, lorsqu’il était ministre de l’économie en 2004, qui expliqué aux parlementaires français qu’il était nécessaire de construire l’EPR dont, de toute évidence, il ne sait rien.

Mais oublions un instant nos deux candidats et leurs erreurs pour nous pencher sur une question que personne n’a posée jusqu’à maintenant : qu’est-ce qu’une génération de réacteurs nucléaires ? La réponse est simple : cela n’existe pas. Il ne s’agit là que d’un emballage publicitaire inventé en 2001 par l’industrie nucléaire pour donner l’impression qu’elle progresse continuellement.

Laissons de coté la fusion nucléaire dont rien ne permet d’affirmer qu’elle parviendra un jour de produire industriellement de l’électricité… ce qui n’empêche pas la France de se gargariser d’accueillir bientôt à Cadarache (Bouches-du-Rhône) le réacteur ITER. Ce dernier, même si sa construction était hélas menée à terme, ne produira pas d’électricité mais en consommera beaucoup.

Penchons nous donc sur les réacteurs nucléaires qui fonctionnent sur le principe de la fission nucléaire. Il en existe de différents types, que l’on distingue selon trois critères :

- le combustible : uranium naturel, uranium enrichi, Mox (mélange d’uranium et de plutonium), etc.

- le modérateur : eau, eau lourde, graphite, etc.

- le fluide caloporteur : eau pressurisée, eau bouillante, sodium, gaz, etc.

En jouant sur les trois critères, on peut envisager des dizaines de réacteurs différents. Historiquement, pour des raisons technologiques et économiques, certains ont été privilégiés : la majorité des 435 réacteurs (chiffre au 1er janvier 2007) en fonctionnement sur Terre sont des réacteurs à eau pressurisée ou à eau bouillante, avec comme combustible de l’uranium enrichi. Notons cependant, nous allons y revenir, qu’il existe une catégorie très particulière, les réacteurs à neutrons rapides.

Les bases techniques de tous les réacteurs nucléaires ont été posées dès années 50. Il n’y a donc en réalité qu’une seule génération de réacteurs nucléaires, ces derniers étant tous "frères". C’est pour cela que le fameux réacteur EPR n’est en rien de "3ème génération" : c’est un réacteur à eau pressurisée, prévu pour fonctionner avec du combustible mox, comme c’est le cas de dizaines de réacteurs construits depuis 30 ans ou plus. L’appellation "3ème génération" sert juste à faire croire aux citoyens que l’EPR représente quelque chose de nouveau, qu’il constitue un progrès par rapport aux réacteurs actuels.

Il en est de même des réacteurs désignés par le terme "4ème génération" et que l’on nous promet pour 2030 ou 2040 alors qu’ils existent eux aussi… depuis les années 50 ! En vérité, cette supposée "4ème génération" n’est qu’une nouvelle appellation pour les fameux réacteurs à neutrons rapides que nous avons déjà mentionnés. En France, par exemple, le réacteur Superphénix, mis en service 1985, relève de cette catégorie. Chacun se souvient des incroyables déboires techniques rencontrés par ce réacteur qui n’a jamais bien fonctionné et, finalement, n’aura réussi… qu’à désintégrer 10 milliards d’euros.

Malgré cet échec cuisant, le lobby nucléaire a décidé de retenter l’expérience. Pour ne pas susciter la colère des citoyens, il a été décidé de faire croire à une nouvelle technologie en utilisant le terme de réacteur de "4ème génération". Mais, selon le CEA lui-même [1], il s’agira bien d’un réacteur à neutron rapide et caloporteur sodium : c’est bien le retour de Superphénix, qui, comme son nom l’indique, renaît indéfiniment de ses cendres.

Cette affaire de générations de réacteurs nucléaire n’est donc qu’une mystification. On peut d’ailleurs le vérifier en se reportant aux articles de presse traitant de l’EPR, et ce depuis le milieu des années 90. Pendant des années, il n’a jamais été question de "3ème génération". Ce terme est apparu subitement en 2001 dans les publications et publicités de l’industrie nucléaire. Objectif atteint : peu à peu, sans s’apercevoir qu’ils ont été manipulés, les journalistes ont intégré l’idée que l’EPR serait de "3ème génération"… sans même se demander d’où provient ce terme, et s’il recouvre autre chose qu’un bel emballage publicitaire.



La réalité est simple : l’EPR est un réacteur tout à fait comparable à ceux qui ont été construits depuis des décennies. Il est donc susceptible d’occasionner une catastrophe nucléaire et il produira des déchets radioactifs pour lesquels n’existe aucune solution. L’EPR est un réacteur du passé. Raison de plus pour ne pas le construire en France et investir plutôt, comme le demandent 78% des citoyens (sondage LH2 février 2007), dans les énergies renouvelables.

Stéphane Lhomme
Porte parole du Réseau "Sortir du nucléaire"


[1] www.cea.fr/fr/actualites/articles.asp?id=706


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