Fukushima
Poème d’une écolière de Fukushima
Le 30 mars 2011, un site web japonais publiait le poème poignant d’une écolière de Fukushima, dont le nom ne nous est pas connu. Elle habitait tout près de la centrale nucléaire de Fukushima...
Aidez-moi,
je suis une élève
de Minami-Soma à Fukushima.
J’ai perdu des amis lors du Tsunami,
mes amis ont perdu leurs parents,
ma meilleure amie est restée coincée à Minami-Soma
parce que la pénurie d’essence l’a empêchée de fuir.
Pour lui remonter le moral,
je n’ai que le téléphone et les e-mails.
Mes amis et moi nous nous battons maintenant
avec notre peur de la radioactivité.
Mais nous sommes découragés.
A l’âge de seize ans
je me prépare à la mort,
je la sens qui s’approche.
Même si je devais en sortir,
la peur de la radioactivité sera toujours
à mes côtés.
Les hommes politiques, l’État,
les mass-médias, les experts,
les "boss" de la centrale nucléaire,
tous sont nos ennemis
tous sont des menteurs.
La télévision parle de moins en moins
de la centrale nucléaire.
Toujours les mêmes photos du tsunami et les
interviews sans cœur des mass-médias,
des condoléances du bout des lèvres,
un homme politique qui qualifie l’accident
nucléaire de "catastrophe naturelle".
Messieurs les politiciens, aidez-nous avec
votre salaire et vos épargnes,
arrêtez de vivre dans le luxe
et aidez les victimes à survivre.
Arrêtez de donner uniquement des ordres,
arrêtez de nous regarder d’un endroit sûr,
venez ici vous-mêmes et aidez-nous.
Nous ... On nous a laissé tomber
Fukushima sera sans doute isolé.
On nous laisse complètement tomber,
c’est l’État qui nous tue.
Nous, les victimes de la catastrophe
nous ne pardonnerons jamais à l’État
de nous avoir laissé tomber,
nous lui en voudrons toujours.
Voici ce que je voudrais dire
à ceux qui lisent cette lettre :
Vous ne savez jamais quand une personne
que vous chérissez disparaîtra.
Imaginez que la personne avec laquelle vous
riez maintenant, disparaît l’instant suivant.
Soyez désormais plus attentifs à votre entourage.
Maintenant, l’école où nous avons passé notre
jeunesse s’est transformée en morgue.
Des personnes qui ne bougeront plus jamais
sont allongées dans la salle où nous avons fait
du sport et pratiqué nos activités de club.
Comment puis-je faire connaître la réalité
au plus grand nombre de personnes possible ?
Je serais heureuse si au moins une personne lit ce message.
Après avoir réfléchi je me suis permis d’écrire ce message.
Pardonnez-moi et je vous remercie.
Poème traduit en français par
Violaine Trentesaux-Mochizuki
Publié le 30 mars 2011 sur : https://ameblo.jp/tsukiji14/entry-10844839979.html