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Sortir du nucléaire n°21



Avril 2003

Etats-Unis

Mini-Nuke, vers une guerre en Irak !

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°21 - Avril 2003

 Nucléaire militaire
Article publié le : 1er avril 2003


Selon un document officiel obtenu par le Los Angeles Times, un programme vient d’être lancé par le Pentagone sur la possibilité d’utiliser des bombes nucléaires (mini-nukes) contre des infrastructures souterraines soupçonnées d’abriter des armes de destruction massive (biologiques, chimiques).



Ce programme est composé d’ordinateurs et de calculateurs ultra-rapides qui prendront en compte de multiples données (types de structures, lieux …) pour savoir quelle arme (nucléaire ou conventionnelle) serait mieux à même de détruire la cible visée.

Outre des informations techniques sur la cible à détruire, ce programme va évaluer également les conséquences et les dommages collatéraux provoqués par l’utilisation d’une arme nucléaire, comme le rejet de poussières radioactives, de matières chimiques ou biologiques qui n’auraient pas été détruites.

Ce programme d’un milliard et 260 millions de dollars est la dernière étape d’une vaste campagne soutenue par des fonctionnaires de l’administration Bush pour promouvoir l’utilisation des armes nucléaires tactiques. En effet, pour ces faucons, les missiles stratégiques (ICBM) sont des armes de destruction « trop » massive face à de nouveaux adversaires comme le régime de Saddam Hussein ou inutiles face à des réseaux terroristes comme celui d’Al Quaida...

Vers un changement de doctrine nucléaire ?
La mise en place de ce programme signifie bien que les Etats-Unis sont en train de repenser totalement leur doctrine de l’arme nucléaire. Ainsi, depuis près de cinquante ans, la règle « non-dite » établit que l’emploi de l’arme nucléaire ne peut être fait qu’en cas d’ultime recours ou en cas de réponse à une attaque nucléaire.

Aujourd’hui différents éléments montrent que les Etats-Unis sont en train de faire passer l’arme nucléaire tactique du statut de dernier recours à celui d’une utilisation active au nom de la lutte contre le terrorisme : la Nuclear Posture Rewiew énoncée en 2002 appelle à revitaliser le complexe de fabrication des armes nucléaires pour mettre au point, développer, fabriquer et certifier de nouvelles têtes nucléaires. L’arsenal nucléaire aura, ainsi, la capacité de viser et de détruire des cibles mobiles ainsi que des bunkers profondément enterrés ; le lancement d’une étude en juin 2002 sur de nouvelles ogives nucléaires anti-bunker plus performantes, désormais appelées Robust Nuclear Earth Penetrator, RNEP. En décembre 2002, lors de son discours sur la stratégie nationale pour combattre les armes de destruction massive, le Président Bush déclarait « les agences civiles et militaires des Etats-Unis doivent posséder la gamme complète des possibilités opérationnelles pour parer la menace et l’utilisation d’armes de destruction massive ». Des plans intitulés « Theater Nuclear Planning », pour un recours à l’arme nucléaire seraient actuellement étudiés par des experts du commandement stratégique américain au quartier général du Stratcom à Omaha (Nebraska). Enfin, au cours du mois de janvier 2003, le président Bush a clairement indiqué qu’il n’écartait aucun moyen militaire pour répondre à toute attaque chimique ou biologique de la part de Saddam Hussein.
Outre cette attitude pro nucléaire des faucons de Bush, on peut craindre la déstabilisation complète et totale de l’ensemble des politiques des autres puissances nucléaires. En effet, les quatre autres puissances nucléaires reconnues par le TNP (Chine, France, Royaume-Uni, Russie) vont logiquement abaisser le seuil de leur défense nucléaire, c’est-à-dire, qu’ils seront susceptibles de mettre au point et d’utiliser également des mini-nukes pour rester dans cette nouvelle course aux armements nucléaires. Imagine-t-on la Russie utiliser ce type d’arme pour éradiquer les opposants Tchétchènes également au nom de la lutte contre le terrorisme ? Quant aux trois autres puissances nucléaires non reconnues (Inde, Israël, Pakistan), quelle sera leur attitude face aux multiples situations conflictuelles qu’elles connaissent ?

Observatoire des armes nucléaires françaises https://www.obsarm.org
CDRPC, 187 montée de Choulans, F-69005 LYON
Contact : Jean-Marie Collin,
04 78 36 93 03
jean-marie.collin@obsarm.org

Ce programme est composé d’ordinateurs et de calculateurs ultra-rapides qui prendront en compte de multiples données (types de structures, lieux …) pour savoir quelle arme (nucléaire ou conventionnelle) serait mieux à même de détruire la cible visée.

Outre des informations techniques sur la cible à détruire, ce programme va évaluer également les conséquences et les dommages collatéraux provoqués par l’utilisation d’une arme nucléaire, comme le rejet de poussières radioactives, de matières chimiques ou biologiques qui n’auraient pas été détruites.

Ce programme d’un milliard et 260 millions de dollars est la dernière étape d’une vaste campagne soutenue par des fonctionnaires de l’administration Bush pour promouvoir l’utilisation des armes nucléaires tactiques. En effet, pour ces faucons, les missiles stratégiques (ICBM) sont des armes de destruction « trop » massive face à de nouveaux adversaires comme le régime de Saddam Hussein ou inutiles face à des réseaux terroristes comme celui d’Al Quaida...

Vers un changement de doctrine nucléaire ?
La mise en place de ce programme signifie bien que les Etats-Unis sont en train de repenser totalement leur doctrine de l’arme nucléaire. Ainsi, depuis près de cinquante ans, la règle « non-dite » établit que l’emploi de l’arme nucléaire ne peut être fait qu’en cas d’ultime recours ou en cas de réponse à une attaque nucléaire.

Aujourd’hui différents éléments montrent que les Etats-Unis sont en train de faire passer l’arme nucléaire tactique du statut de dernier recours à celui d’une utilisation active au nom de la lutte contre le terrorisme : la Nuclear Posture Rewiew énoncée en 2002 appelle à revitaliser le complexe de fabrication des armes nucléaires pour mettre au point, développer, fabriquer et certifier de nouvelles têtes nucléaires. L’arsenal nucléaire aura, ainsi, la capacité de viser et de détruire des cibles mobiles ainsi que des bunkers profondément enterrés ; le lancement d’une étude en juin 2002 sur de nouvelles ogives nucléaires anti-bunker plus performantes, désormais appelées Robust Nuclear Earth Penetrator, RNEP. En décembre 2002, lors de son discours sur la stratégie nationale pour combattre les armes de destruction massive, le Président Bush déclarait « les agences civiles et militaires des Etats-Unis doivent posséder la gamme complète des possibilités opérationnelles pour parer la menace et l’utilisation d’armes de destruction massive ». Des plans intitulés « Theater Nuclear Planning », pour un recours à l’arme nucléaire seraient actuellement étudiés par des experts du commandement stratégique américain au quartier général du Stratcom à Omaha (Nebraska). Enfin, au cours du mois de janvier 2003, le président Bush a clairement indiqué qu’il n’écartait aucun moyen militaire pour répondre à toute attaque chimique ou biologique de la part de Saddam Hussein.
Outre cette attitude pro nucléaire des faucons de Bush, on peut craindre la déstabilisation complète et totale de l’ensemble des politiques des autres puissances nucléaires. En effet, les quatre autres puissances nucléaires reconnues par le TNP (Chine, France, Royaume-Uni, Russie) vont logiquement abaisser le seuil de leur défense nucléaire, c’est-à-dire, qu’ils seront susceptibles de mettre au point et d’utiliser également des mini-nukes pour rester dans cette nouvelle course aux armements nucléaires. Imagine-t-on la Russie utiliser ce type d’arme pour éradiquer les opposants Tchétchènes également au nom de la lutte contre le terrorisme ? Quant aux trois autres puissances nucléaires non reconnues (Inde, Israël, Pakistan), quelle sera leur attitude face aux multiples situations conflictuelles qu’elles connaissent ?

Observatoire des armes nucléaires françaises https://www.obsarm.org
CDRPC, 187 montée de Choulans, F-69005 LYON
Contact : Jean-Marie Collin,
04 78 36 93 03
jean-marie.collin@obsarm.org



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