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Nos communiqués de presse

Lettre du Réseau "Sortir du nucléaire" à Nicolas Hulot

Communiqué du 4 septembre 2006



Lundi 4 septembre 2006

Réseau "Sortir du nucléaire"
Fédération de 759 associations
9 rue Dumenge 69004 Lyon cedex


à Nicolas Hulot.


C’est avec la plus grande surprise que le Réseau "Sortir du nucléaire" a pris connaissance de vos déclarations du dimanche 27 août 2006 (lors de l’Université d’été des Verts à Coutances).

Alors que les travaux de préparation de la construction du réacteur nucléaire EPR ont commencé [1] à Flamanville (Manche), à quelques kilomètres du lieu où vous étiez, vous vous êtes contenté de demander "que la stratégie énergétique de la France se fasse dans une véritable transparence et avec un débat digne de ce nom".

Mais il n’est plus temps de demander des débats ! Vous devez vous prononcer : d’après vous, faut-il continuer ou stopper (il en est encore temps) le chantier de l’EPR ?

Notez d’ailleurs que, avec les 3 à 4 milliards d’euros prévus pour ce réacteur, il serait possible de faire beaucoup pour les économies d’énergie et les énergies renouvelables (nous vous renvoyons à l’étude "Un courant alternatif pour le Grand Ouest" que nous avons publiée en avril dernier sur ce sujet.)

Certes, vous expliquez que "à terme l’objectif de sortir du nucléaire reste valable", mais qu’il faut réaliser "deux étapes préalables" : "une politique sans complaisance pour les économies d’énergie", et "des moyens pour la recherche pour faire jaillir un bouquet énergétique".

D’abord, nous l’avons déjà vu, vous ne parlez pas de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, dont vous semblez vous accommoder.

Ensuite, vous semblez dire "Economisons l’énergie et, après, on verra si on peut sortir du nucléaire". Or :

- c’est à nouveau s’accommoder du nucléaire, et pour longtemps encore, comme s’il ne représentait pas un péril majeur pour la planète.

- c’est une façon de faire qui est vouée à l’échec. Les statistiques officielles montrent que, dans tous les pays nucléarisés, la consommation d’énergie fossile et celle de nucléaire progressent ensemble. Le nucléaire n’est pas l’ennemi des énergies fossiles [2], et il est par contre l’ennemi des économies d’énergie. Il n’y a qu’à voir l’ "exemple" de ce qui se passe en France.

De plus, nous sommes aussi fort surpris de voir que vous avez utilisé une méthode qui relève des pratiques politiciennes que vous semblez dénoncer par ailleurs : déformer les arguments de vos interlocuteurs [3] pour mieux les écarter.

Ainsi, vous avez cité "ces gens qui me demandent de me prononcer pour une sortie immédiate du nucléaire". Vous précisez même "demain matin" ! Or, dans un pays qui compte 58 réacteurs, il est hélas impossible de sortir du nucléaire "demain matin". (Il est par contre possible de le faire de façon rapide… à condition de mettre en œuvre les mesures... qui permettent aussi de lutter contre le réchauffement climatique : économies d’énergie et énergies renouvelables.)

Nous ne vous demandons donc pas de vous prononcer pour la sortie du nucléaire "demain matin" mais, pour commencer, sur l’EPR. Et ensuite sur la mise en œuvre d’un plan de sortie du nucléaire. Nous souhaitons que vous répondiez réellement à ces deux demandes distinctes.

Qui plus est, vous ajoutez que, en sortant du nucléaire, "nous prendrions le risque de réutiliser les énergies fossiles", accréditant la thèse selon laquelle la France, grâce au nucléaire, consommerait peu de pétrole, gaz et charbon. Or, c’est totalement faux : ces trois énergies fossiles représentent 72% de la consommation énergétique française, le nucléaire en couvrant péniblement 17%.

C’est un fait : alors qu’il fait courir un risque incommensurable, le nucléaire ne représente qu’une faible part de la consommation énergétique : 17% en France, et seulement 6% sur la planète (c’est d’ailleurs ce seul chiffre qui compte car il n’y a qu’en France qu’on croit à l’imperméabilité des frontières. Or, elles n’arrêtent ni les nuages radioactifs, ni le réchauffement climatique)

En France comme dans le monde, le nucléaire va décroître inexorablement. C’est ainsi que, le 10 juillet 2006, le ministre de l’industrie François Loos a annoncé que la part du nucléaire dans l’électricité française tomberait de 80% actuellement à 73% en 2015 (soit environ 15% de l’énergie consommée).

A l’échelle mondiale, l’Agence internationale pour l’énergie (AIE), pourtant favorable au nucléaire, a récemment reconnu (World Energy Outlook) qu’il descendrait sous 5% vers 2030.

Le nucléaire est donc marginal et déclinant. Certes, des constructions de nouveaux réacteurs sont annoncées ces derniers temps. Mais, même si tous ces réacteurs sont réellement construits (ce qui reste à prouver), ils ne compenseront même pas les fermetures (d’ici 2030, plus de la moitié des 440 réacteurs actuellement en fonction sur Terre) qui, elles, sont inéluctables.

Il est désormais admis que, pour lutter vraiment contre le réchauffement climatique, nous devons diviser par quatre nos émissions de gaz à effet de serre (il faut en particulier agir sur les transports et le "résidentiel-tertiaire"), et donc diviser par quatre notre consommation de pétrole, gaz et charbon.

Vous devez prendre conscience que la sortie du nucléaire n’est en rien contradictoire avec ces objectifs. En effet :

- nous l’avons vu, la part du nucléaire dans l’énergie mondiale est très faible.

- le remplacement du nucléaire doit se faire principalement par les économies d’énergie, les énergies renouvelables, et en complément seulement avec des énergies dites fossiles mais, nous le redisons, dans le cadre d’une diminution globale de 75% de leur consommation.

- on nous répète assez que le nucléaire ne dégage que peu de CO2 mais il ne faut pas oublier que le CO2 ne représente que la moitié du problème (il y a d’autres gaz à effet de serre, en particulier le méthane), ce qui divise déjà par deux la supposée "performance" du nucléaire, déjà très faible.

- sur Terre, l’uranium (le combustible du nucléaire) facilement exploitable et de bonne qualité a pratiquement été entièrement extrait. L’industrie nucléaire va donc mettre en œuvre des opérations industrielles de plus en plus lourdes et… émettrices de gaz à effet de serre. Il faut définitivement abandonner l’idée que le nucléaire pourrait nous sauver de l’effet de serre.

Tant que l’on croit que le nucléaire va lutter à notre place contre le réchauffement climatique, on ne prend pas les mesures nécessaires. Demandez donc au personnel politique : la réponse est presque toujours "La lutte contre le réchauffement climatique ? Hé bien, en France, nous avons le nucléaire".

Voilà pourquoi et comment, en France, nous avons le risque nucléaire ET le réchauffement climatique (mais aussi : la facture nucléaire ET celle des énergies fossiles [4]). Et voilà pourquoi, tant qu’on n’aura pas engagé la sortie du nucléaire, on ne luttera pas contre le réchauffement climatique.

En conclusion, nous vous invitons à prendre position : dans un premier temps, au moins, contre la construction du réacteur nucléaire EPR et pour la réaffectation de son financement vers les économies d’énergie et les énergies renouvelables. Nous vous invitons aussi à manifester le 17 mars prochain avec nous contre la construction de l’EPR (cinq manifestations simultanées à Rennes, Lille, Strasbourg, Lyon, et Toulouse.)


Le CA du Réseau "Sortir du nucléaire"


[1] De façon illégale. Le Réseau "Sortir du nucléaire" a d’ailleurs déposé un recours en justice pour tenter de contraindre EDF à respecter la Loi.
[2] On entend par énergies fossiles le trio "pétrole-gaz-charbon". Mais il ne faut pas oublier que le nucléaire est aussi une énergie fossile de par son combustible, l’uranium, dont les réserves mondiales seront d’ailleurs épuisées… avant celles de pétrole !
[3] Ou en les ignorant au profit de revendications d’organisation bien moins représentatives. Cela revient au même.
[4] La facture énergétique française (hors coût du nucléaire) a bondi de 24% en 2004, de 35% en 2005, et ce sera encore plus en 2006.

Lundi 4 septembre 2006

Réseau "Sortir du nucléaire"
Fédération de 759 associations
9 rue Dumenge 69004 Lyon cedex


à Nicolas Hulot.


C’est avec la plus grande surprise que le Réseau "Sortir du nucléaire" a pris connaissance de vos déclarations du dimanche 27 août 2006 (lors de l’Université d’été des Verts à Coutances).

Alors que les travaux de préparation de la construction du réacteur nucléaire EPR ont commencé [1] à Flamanville (Manche), à quelques kilomètres du lieu où vous étiez, vous vous êtes contenté de demander "que la stratégie énergétique de la France se fasse dans une véritable transparence et avec un débat digne de ce nom".

Mais il n’est plus temps de demander des débats ! Vous devez vous prononcer : d’après vous, faut-il continuer ou stopper (il en est encore temps) le chantier de l’EPR ?

Notez d’ailleurs que, avec les 3 à 4 milliards d’euros prévus pour ce réacteur, il serait possible de faire beaucoup pour les économies d’énergie et les énergies renouvelables (nous vous renvoyons à l’étude "Un courant alternatif pour le Grand Ouest" que nous avons publiée en avril dernier sur ce sujet.)

Certes, vous expliquez que "à terme l’objectif de sortir du nucléaire reste valable", mais qu’il faut réaliser "deux étapes préalables" : "une politique sans complaisance pour les économies d’énergie", et "des moyens pour la recherche pour faire jaillir un bouquet énergétique".

D’abord, nous l’avons déjà vu, vous ne parlez pas de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, dont vous semblez vous accommoder.

Ensuite, vous semblez dire "Economisons l’énergie et, après, on verra si on peut sortir du nucléaire". Or :

- c’est à nouveau s’accommoder du nucléaire, et pour longtemps encore, comme s’il ne représentait pas un péril majeur pour la planète.

- c’est une façon de faire qui est vouée à l’échec. Les statistiques officielles montrent que, dans tous les pays nucléarisés, la consommation d’énergie fossile et celle de nucléaire progressent ensemble. Le nucléaire n’est pas l’ennemi des énergies fossiles [2], et il est par contre l’ennemi des économies d’énergie. Il n’y a qu’à voir l’ "exemple" de ce qui se passe en France.

De plus, nous sommes aussi fort surpris de voir que vous avez utilisé une méthode qui relève des pratiques politiciennes que vous semblez dénoncer par ailleurs : déformer les arguments de vos interlocuteurs [3] pour mieux les écarter.

Ainsi, vous avez cité "ces gens qui me demandent de me prononcer pour une sortie immédiate du nucléaire". Vous précisez même "demain matin" ! Or, dans un pays qui compte 58 réacteurs, il est hélas impossible de sortir du nucléaire "demain matin". (Il est par contre possible de le faire de façon rapide… à condition de mettre en œuvre les mesures... qui permettent aussi de lutter contre le réchauffement climatique : économies d’énergie et énergies renouvelables.)

Nous ne vous demandons donc pas de vous prononcer pour la sortie du nucléaire "demain matin" mais, pour commencer, sur l’EPR. Et ensuite sur la mise en œuvre d’un plan de sortie du nucléaire. Nous souhaitons que vous répondiez réellement à ces deux demandes distinctes.

Qui plus est, vous ajoutez que, en sortant du nucléaire, "nous prendrions le risque de réutiliser les énergies fossiles", accréditant la thèse selon laquelle la France, grâce au nucléaire, consommerait peu de pétrole, gaz et charbon. Or, c’est totalement faux : ces trois énergies fossiles représentent 72% de la consommation énergétique française, le nucléaire en couvrant péniblement 17%.

C’est un fait : alors qu’il fait courir un risque incommensurable, le nucléaire ne représente qu’une faible part de la consommation énergétique : 17% en France, et seulement 6% sur la planète (c’est d’ailleurs ce seul chiffre qui compte car il n’y a qu’en France qu’on croit à l’imperméabilité des frontières. Or, elles n’arrêtent ni les nuages radioactifs, ni le réchauffement climatique)

En France comme dans le monde, le nucléaire va décroître inexorablement. C’est ainsi que, le 10 juillet 2006, le ministre de l’industrie François Loos a annoncé que la part du nucléaire dans l’électricité française tomberait de 80% actuellement à 73% en 2015 (soit environ 15% de l’énergie consommée).

A l’échelle mondiale, l’Agence internationale pour l’énergie (AIE), pourtant favorable au nucléaire, a récemment reconnu (World Energy Outlook) qu’il descendrait sous 5% vers 2030.

Le nucléaire est donc marginal et déclinant. Certes, des constructions de nouveaux réacteurs sont annoncées ces derniers temps. Mais, même si tous ces réacteurs sont réellement construits (ce qui reste à prouver), ils ne compenseront même pas les fermetures (d’ici 2030, plus de la moitié des 440 réacteurs actuellement en fonction sur Terre) qui, elles, sont inéluctables.

Il est désormais admis que, pour lutter vraiment contre le réchauffement climatique, nous devons diviser par quatre nos émissions de gaz à effet de serre (il faut en particulier agir sur les transports et le "résidentiel-tertiaire"), et donc diviser par quatre notre consommation de pétrole, gaz et charbon.

Vous devez prendre conscience que la sortie du nucléaire n’est en rien contradictoire avec ces objectifs. En effet :

- nous l’avons vu, la part du nucléaire dans l’énergie mondiale est très faible.

- le remplacement du nucléaire doit se faire principalement par les économies d’énergie, les énergies renouvelables, et en complément seulement avec des énergies dites fossiles mais, nous le redisons, dans le cadre d’une diminution globale de 75% de leur consommation.

- on nous répète assez que le nucléaire ne dégage que peu de CO2 mais il ne faut pas oublier que le CO2 ne représente que la moitié du problème (il y a d’autres gaz à effet de serre, en particulier le méthane), ce qui divise déjà par deux la supposée "performance" du nucléaire, déjà très faible.

- sur Terre, l’uranium (le combustible du nucléaire) facilement exploitable et de bonne qualité a pratiquement été entièrement extrait. L’industrie nucléaire va donc mettre en œuvre des opérations industrielles de plus en plus lourdes et… émettrices de gaz à effet de serre. Il faut définitivement abandonner l’idée que le nucléaire pourrait nous sauver de l’effet de serre.

Tant que l’on croit que le nucléaire va lutter à notre place contre le réchauffement climatique, on ne prend pas les mesures nécessaires. Demandez donc au personnel politique : la réponse est presque toujours "La lutte contre le réchauffement climatique ? Hé bien, en France, nous avons le nucléaire".

Voilà pourquoi et comment, en France, nous avons le risque nucléaire ET le réchauffement climatique (mais aussi : la facture nucléaire ET celle des énergies fossiles [4]). Et voilà pourquoi, tant qu’on n’aura pas engagé la sortie du nucléaire, on ne luttera pas contre le réchauffement climatique.

En conclusion, nous vous invitons à prendre position : dans un premier temps, au moins, contre la construction du réacteur nucléaire EPR et pour la réaffectation de son financement vers les économies d’énergie et les énergies renouvelables. Nous vous invitons aussi à manifester le 17 mars prochain avec nous contre la construction de l’EPR (cinq manifestations simultanées à Rennes, Lille, Strasbourg, Lyon, et Toulouse.)


Le CA du Réseau "Sortir du nucléaire"


[1] De façon illégale. Le Réseau "Sortir du nucléaire" a d’ailleurs déposé un recours en justice pour tenter de contraindre EDF à respecter la Loi.
[2] On entend par énergies fossiles le trio "pétrole-gaz-charbon". Mais il ne faut pas oublier que le nucléaire est aussi une énergie fossile de par son combustible, l’uranium, dont les réserves mondiales seront d’ailleurs épuisées… avant celles de pétrole !
[3] Ou en les ignorant au profit de revendications d’organisation bien moins représentatives. Cela revient au même.
[4] La facture énergétique française (hors coût du nucléaire) a bondi de 24% en 2004, de 35% en 2005, et ce sera encore plus en 2006.


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