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Le nucléaire est incompatible avec une alternative à gauche

Communiqué du 22 octobre 2006



La question du nucléaire est actuellement débattue dans les Collectifs pour une alternative à gauche. Sur le nucléaire, le texte de plateforme (pas encore définitif) prévoit en particulier un débat suivi d’un référendum. En attendant il est proposé un moratoire sur la construction de nouveaux réacteurs, mais sans préciser si ce moratoire concerne l’EPR, dont le chantier est en préparation à Flamanville (Manche).

L’Humanité a largement ouvert ses colonnes à ces débats mais, jusqu’à présent, dans... le seul sens pronucléaire. Ainsi, le 12 octobre, la CGT-Energie, dans une longue tribune, exhortait les partis de gauche à relancer le nucléaire. Le 16 octobre, Marie-Georges Buffet précisait que "L’EPR doit aller de l’avant" et que le fameux moratoire n’aurait qu’à concerner "d’autres projets". Le 18 octobre, encore deux tribunes pronucléaires de dirigeants du PCF, dont un, M. Proult, avertissait les antinucléaires qu’ils ne seraient pas autorisés à "imposer" leur point de vue.

Il est donc nécessaire de répondre à ces prises de position.

D’abord, au lieu de louvoyer, Mme Buffet doit assumer sa position qui, objectivement, est totalement antidémocratique : elle souhaite que la construction de l’EPR se fasse… pendant le débat sur le nucléaire ! Sans commentaire.

Ensuite, M Proult devrait savoir que c’est le nucléaire qui, de tous temps, a été imposé à grand renfort de compagnies de CRS et de gaz lacrymogène. C’est donc un comble d’accuser les antinucléaires de vouloir "imposer" leur position. La politique du fait accompli doit être remise en cause.

Mais étudions maintenant le fond du problème :

Certains prétendent que le nucléaire est une option pour lutter contre le réchauffement climatique. Or l’atome ne couvre que 2% de la consommation mondiale d’énergie : une part si faible que le rapport "Facteur 4", remis au gouvernement en octobre 2006, pointe "l’apport finalement marginal du nucléaire" dans la lutte contre l’effet de serre. (Cf Le Monde, Editorial, vendredi 13 octobre 2006)

Qui plus est, la part du nucléaire est en déclin irréversible car la majorité des 440 réacteurs actuellement en fonction sur Terre fermera d’ici 2030 et les éventuels nouveaux réacteurs ne compenseront pas les fermetures. Le réchauffement climatique est un vrai problème, mais il est clair que ce n’est pas le nucléaire qui le règlera, même partiellement.

Autre mythe à déboulonner : l’indépendance énergétique apportée par le nucléaire est en réalité très faible. En France, malgré 58 réacteurs, l’atome couvre péniblement 17% de la consommation énergétique.(*) Certes, pour qui est conscient du risque nucléaire, c’est 17% de trop. Mais c’est en fin de compte une part très faible, trop faible pour changer la donne : la France est, comme les autres pays, frappée par l’explosion de la facture énergétique : + 24% en 2004, + 35% en 2005 et, au vu des 10 premiers mois, cela va être encore pire pour 2006. Et il faut y ajouter la très lourde facture nucléaire (déchets, démantèlement).

Mais de toute façon, le 10 juillet 2006, le ministre de l’industrie François Loos (pourtant totalement pronucléaire) a annoncé que la part du nucléaire dans l’électricité française tomberait de 80% actuellement à 73% en 2015 (soit environ 15% de l’énergie consommée contre 17% actuellement). En France comme dans le monde, le nucléaire est en déclin irrémédiable.


Qui plus est, 100% de l’uranium (le combustible des centrales) est importé : les 17% du nucléaire ne devraient même pas être comptabilisés dans la case "indépendance énergétique". Par ailleurs, il est nécessaire de dénoncer le pillage de l’uranium du Niger, ainsi que la contamination de l’environnement de ce pays et des populations locales, le tout pour "nourrir" les centrales nucléaires françaises. On attend encore que les pronucléaires dénoncent ce scandale et soutiennent les manifestations populaires des habitants d’Arlit contre la multinationale Areva-Cogéma.

Cela nous amène à une question fondamentale : l’accès à l’énergie. Ceux qui proposent de développer le nucléaire au Sud veulent en fin de compte mettre sous tutelle les populations du Sud : en effet, qui construirait et ferait fonctionner les centrales nucléaires ? Les pays riches, bien sûr, avec un pouvoir énorme sur les pays "aidés" ("Faites ce que nous vous disons, ou nous arrêtons la centrale nucléaire"). De plus, à part quelques dictateurs dont Kadhafi, personne au Sud ne demande de nucléaire : on n’a d’ailleurs jamais vu un peuple manifester pour… avoir des centrales nucléaires. Qui propose d’envoyer les CRS ou carrément l’armée pour imposer le nucléaire aux populations du Sud, comme ce fut le cas au Nord ?

Le mieux qui puisse arriver aux pays du Sud est de devenir indépendants des pays riches. Et les énergies renouvelables sont la meilleure façon d’y parvenir. S’ils veulent vraiment aider le Sud, les pays riches doivent y financer les énergie renouvelables et la formation des techniciens, ce qui est facilement et rapidement faisable, au contraire du nucléaire.

Autre fausse vertu du nucléaire : l’emploi. La centralisation extrême des emplois dans les centrales nucléaires donne une fausse impression de masse : à production égale, les énergies renouvelables créent 15 fois plus d’emplois. Par exemple, si l’EPR est construit, il coûtera 3,5 milliards d’euros pour créer…300 emplois pérennes : une misère ! Faites le compte : 12 millions d’euros par emploi, une folie. De plus, la sortie du nucléaire ne pousserait personne au chômage : le temps de fermer 58 réacteurs, de les démanteler et de s’occuper des déchets radioactifs, il reste du travail pour… des millions d’années !

Enfin, revenons à la question démocratique. Par nature, le nucléaire est exclu du contrôle citoyen. Depuis 50 ans en France, les populations sont ainsi privées de leurs droits et les associatifs sont pourchassés (**). Alors la question doit être posée :
- un gouvernement antilibéral et altermondialiste enverra-t-il les CRS réprimer les manifestations contre la construction de l’EPR ?
- les données sur la sûreté des centrales nucléaires seront-elles rendues publiques (avec toutes les conséquences que cela entraînerait, en particulier par rapport au risque terroriste) ou bien la pratique fort peu altermondialiste du "secret défense" sera-t-elle perpétuée ?

On le voit, le nucléaire est fondamentalement incompatible avec un projet démocratique et, de toute façon, il ne répond à aucun des problèmes de la planète, à commencer par celui du réchauffement climatique. Alors, pourquoi continuer à diviser le mouvement altermondialiste en soutenant cette industrie ?


Stéphane Lhomme, porte-parole du Réseau "Sortir du nucléaire"


(*) Chiffre reconnu par M Proult, membre du Conseil national du PCF. C’est important car divers "responsables" politiques (dont M Sarkozy) prétendent que le nucléaire couvre 50% de la consommation d’énergie en France, soit trois fois plus qu’en réalité.

(**) Le 16 mai 2006, la DST a mis en garde à vue un porte-parole du Réseau "Sortir du nucléaire" qui s’est procuré un document "confidentiel défense" sur le réacteur EPR.

La question du nucléaire est actuellement débattue dans les Collectifs pour une alternative à gauche. Sur le nucléaire, le texte de plateforme (pas encore définitif) prévoit en particulier un débat suivi d’un référendum. En attendant il est proposé un moratoire sur la construction de nouveaux réacteurs, mais sans préciser si ce moratoire concerne l’EPR, dont le chantier est en préparation à Flamanville (Manche).

L’Humanité a largement ouvert ses colonnes à ces débats mais, jusqu’à présent, dans... le seul sens pronucléaire. Ainsi, le 12 octobre, la CGT-Energie, dans une longue tribune, exhortait les partis de gauche à relancer le nucléaire. Le 16 octobre, Marie-Georges Buffet précisait que "L’EPR doit aller de l’avant" et que le fameux moratoire n’aurait qu’à concerner "d’autres projets". Le 18 octobre, encore deux tribunes pronucléaires de dirigeants du PCF, dont un, M. Proult, avertissait les antinucléaires qu’ils ne seraient pas autorisés à "imposer" leur point de vue.

Il est donc nécessaire de répondre à ces prises de position.

D’abord, au lieu de louvoyer, Mme Buffet doit assumer sa position qui, objectivement, est totalement antidémocratique : elle souhaite que la construction de l’EPR se fasse… pendant le débat sur le nucléaire ! Sans commentaire.

Ensuite, M Proult devrait savoir que c’est le nucléaire qui, de tous temps, a été imposé à grand renfort de compagnies de CRS et de gaz lacrymogène. C’est donc un comble d’accuser les antinucléaires de vouloir "imposer" leur position. La politique du fait accompli doit être remise en cause.

Mais étudions maintenant le fond du problème :

Certains prétendent que le nucléaire est une option pour lutter contre le réchauffement climatique. Or l’atome ne couvre que 2% de la consommation mondiale d’énergie : une part si faible que le rapport "Facteur 4", remis au gouvernement en octobre 2006, pointe "l’apport finalement marginal du nucléaire" dans la lutte contre l’effet de serre. (Cf Le Monde, Editorial, vendredi 13 octobre 2006)

Qui plus est, la part du nucléaire est en déclin irréversible car la majorité des 440 réacteurs actuellement en fonction sur Terre fermera d’ici 2030 et les éventuels nouveaux réacteurs ne compenseront pas les fermetures. Le réchauffement climatique est un vrai problème, mais il est clair que ce n’est pas le nucléaire qui le règlera, même partiellement.

Autre mythe à déboulonner : l’indépendance énergétique apportée par le nucléaire est en réalité très faible. En France, malgré 58 réacteurs, l’atome couvre péniblement 17% de la consommation énergétique.(*) Certes, pour qui est conscient du risque nucléaire, c’est 17% de trop. Mais c’est en fin de compte une part très faible, trop faible pour changer la donne : la France est, comme les autres pays, frappée par l’explosion de la facture énergétique : + 24% en 2004, + 35% en 2005 et, au vu des 10 premiers mois, cela va être encore pire pour 2006. Et il faut y ajouter la très lourde facture nucléaire (déchets, démantèlement).

Mais de toute façon, le 10 juillet 2006, le ministre de l’industrie François Loos (pourtant totalement pronucléaire) a annoncé que la part du nucléaire dans l’électricité française tomberait de 80% actuellement à 73% en 2015 (soit environ 15% de l’énergie consommée contre 17% actuellement). En France comme dans le monde, le nucléaire est en déclin irrémédiable.


Qui plus est, 100% de l’uranium (le combustible des centrales) est importé : les 17% du nucléaire ne devraient même pas être comptabilisés dans la case "indépendance énergétique". Par ailleurs, il est nécessaire de dénoncer le pillage de l’uranium du Niger, ainsi que la contamination de l’environnement de ce pays et des populations locales, le tout pour "nourrir" les centrales nucléaires françaises. On attend encore que les pronucléaires dénoncent ce scandale et soutiennent les manifestations populaires des habitants d’Arlit contre la multinationale Areva-Cogéma.

Cela nous amène à une question fondamentale : l’accès à l’énergie. Ceux qui proposent de développer le nucléaire au Sud veulent en fin de compte mettre sous tutelle les populations du Sud : en effet, qui construirait et ferait fonctionner les centrales nucléaires ? Les pays riches, bien sûr, avec un pouvoir énorme sur les pays "aidés" ("Faites ce que nous vous disons, ou nous arrêtons la centrale nucléaire"). De plus, à part quelques dictateurs dont Kadhafi, personne au Sud ne demande de nucléaire : on n’a d’ailleurs jamais vu un peuple manifester pour… avoir des centrales nucléaires. Qui propose d’envoyer les CRS ou carrément l’armée pour imposer le nucléaire aux populations du Sud, comme ce fut le cas au Nord ?

Le mieux qui puisse arriver aux pays du Sud est de devenir indépendants des pays riches. Et les énergies renouvelables sont la meilleure façon d’y parvenir. S’ils veulent vraiment aider le Sud, les pays riches doivent y financer les énergie renouvelables et la formation des techniciens, ce qui est facilement et rapidement faisable, au contraire du nucléaire.

Autre fausse vertu du nucléaire : l’emploi. La centralisation extrême des emplois dans les centrales nucléaires donne une fausse impression de masse : à production égale, les énergies renouvelables créent 15 fois plus d’emplois. Par exemple, si l’EPR est construit, il coûtera 3,5 milliards d’euros pour créer…300 emplois pérennes : une misère ! Faites le compte : 12 millions d’euros par emploi, une folie. De plus, la sortie du nucléaire ne pousserait personne au chômage : le temps de fermer 58 réacteurs, de les démanteler et de s’occuper des déchets radioactifs, il reste du travail pour… des millions d’années !

Enfin, revenons à la question démocratique. Par nature, le nucléaire est exclu du contrôle citoyen. Depuis 50 ans en France, les populations sont ainsi privées de leurs droits et les associatifs sont pourchassés (**). Alors la question doit être posée :
- un gouvernement antilibéral et altermondialiste enverra-t-il les CRS réprimer les manifestations contre la construction de l’EPR ?
- les données sur la sûreté des centrales nucléaires seront-elles rendues publiques (avec toutes les conséquences que cela entraînerait, en particulier par rapport au risque terroriste) ou bien la pratique fort peu altermondialiste du "secret défense" sera-t-elle perpétuée ?

On le voit, le nucléaire est fondamentalement incompatible avec un projet démocratique et, de toute façon, il ne répond à aucun des problèmes de la planète, à commencer par celui du réchauffement climatique. Alors, pourquoi continuer à diviser le mouvement altermondialiste en soutenant cette industrie ?


Stéphane Lhomme, porte-parole du Réseau "Sortir du nucléaire"


(*) Chiffre reconnu par M Proult, membre du Conseil national du PCF. C’est important car divers "responsables" politiques (dont M Sarkozy) prétendent que le nucléaire couvre 50% de la consommation d’énergie en France, soit trois fois plus qu’en réalité.

(**) Le 16 mai 2006, la DST a mis en garde à vue un porte-parole du Réseau "Sortir du nucléaire" qui s’est procuré un document "confidentiel défense" sur le réacteur EPR.


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