18 décembre 2021
Dans la soirée du 16 décembre 2021, le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Gravelines (hauts-de-France) s’est arrêté en urgence. Sur le coup EDF n’a pas identifié le problème, qui était en fait électrique : une "anomalie" sur la ligne à très haute tension du site (400 000 volt). Deux jours plus tard, les équipes d’EDF étaient encore occupées à faire un diagnostic précis. Une semaine après son arrêt automatique, le réacteur n’a pas redémarré et un autre problème, au cœur du réacteur, a été détecté.
C’est cette fois sur un capteur de niveau d’eau d’un des générateurs de vapeur du réacteur qu’EDF a dû intervenir [1]. Ce même réacteur 4 a pourtant été arrêté il y a peu, le 2 novembre 2021, pour intervenir sur des capteurs du circuit secondaire [2] . Un arrêt qui ne s’était d’ailleurs pas bien passé, puisque la pression du circuit primaire était descendue trop bas, jusqu’à passer en dessous de la pression minimale autorisée [3] . Le risque est alors d’endommager les pompes qui font circuler le liquide primaire, avec à la clé une perte de refroidissement du combustible et du confinement de la radioactivité.
L’arrêt début novembre du réacteur 4 de Gravelines pour interventions sur les capteurs du circuit secondaire est lui-même survenu peu de temps après un arrêt de plusieurs mois pour visite partielle. Du 22 mai au 19 octobre, EDF a procédé à de nombreux travaux et a changé une partie du combustible nucléaire [4] . Manifestement, les problèmes de capteurs - qu’ils soient dans les générateurs de vapeur ou dans le circuit secondaire - n’ont pas été détectés lors de cet arrêt. Un arrêt qui n’avait pas non plus été exempt d’incidents : les portes du bâtiment réacteur ont été ouvertes en grand pour sortir le combustible nucléaire de la cuve alors que la ventilation qui permet le confinement de la radioactivité en cas d’accident de manutention était coupée ; le refroidissement du réacteur n’a été assuré que par une seule pompe (au lieu de 4) durant plusieurs heures ; des problèmes matériels et un autre incident sont survenus lors de son redémarrage mi août : EDF a dû stopper le redémarrage, mais au lieu de diriger la vapeur produite dans les GV vers l’extérieur, l’industriel s’est trompé et a tout simplement fermé les soupapes. Et a mis 15 heures à s’en rendre compte...
Le réacteur 4 restera finalement arrêté plus d’un mois et ne redémarrera que le 20 janvier 2022. Les problèmes matériels, mais aussi les problèmes de conduite et de surveillance lors de ses différentes phases d’exploitation se cumulent sur cette installation. Erreur de configuration des circuits, activités lancées sans toutes les vérifications préalables, pression trop basse, problèmes de capteurs de niveau d’eau et de vapeur, problème sur la ligne haute tension... Les arrêts répétés ne semblent pas suffire. Et il n’y a pas que sur le réacteur 4 que les incidents se multiplient à Gravelines (voir à droite de cet article pour une revue des derniers incidents survenus sur le site).
Actualité de l’unité de production N°4
Jeudi 16 décembre 2021, à 22h34, l’unité de production numéro 4 de la centrale nucléaire de Gravelines s’est arrêtée automatiquement, conformément aux dispositifs de sûreté et de protection du réacteur.
Les équipes de la centrale travaillent sur le diagnostic technique permettant de déterminer l’origine de l’arrêt automatique.
Cet arrêt n’a aucun impact sur la sûreté des installations, la sécurité du personnel et l’environnement et fait l’objet d’échanges avec l’Autorité de Sûreté Nucléaire.
Ce samedi 18 décembre, les équipes de la centrale de Gravelines ont démarré les activités liées à la réalisation d’une intervention programmée sur un capteur de niveau d’eau d’un générateur de vapeur de l’unité de production N°4.
Jeudi 16 décembre 2021, à 22h34, cette unité de production avait été déconnectée du réseau électrique, du fait d’un Arrêt Automatique Réacteur lié à une anomalie sur la liaison 400 000 V. Les équipes de la centrale travaillent toujours sur le diagnostic technique précis.
Cet arrêt n’a d’incidence, ni sur la sûreté des installations, ni sur l’environnement.
L’unité de production n°4, à nouveau connectée au réseau d’électricité
L’unité de production n°4 a été raccordée au réseau d’électricité jeudi 20 janvier 2022 à 3h28. Elle avait été déconnectée du réseau d’électricité le 16 décembre 2021, du fait d’un arrêt automatique du réacteur.
A partir du 18 décembre 2021, les équipes du site ont procédé au remplacement d’un disjoncteur de la ligne 400 000 V, à l’origine de l’arrêt automatique du réacteur. Cette intervention a été suivie par la réalisation d’une activité programmée sur un capteur de niveau d’eau d’un générateur de vapeur.
Les unités de production n°2, 3, 4 et 5 sont à disposition du réseau d’électricité. L’unité de production n°1 est à l’arrêt programmé pour sa quatrième visite décennale. L’unité de production n°6 est à l’arrêt programmé pour renouvellement du combustible et remplacement des générateurs de vapeur.
[1] Un générateur de vapeur (GV) est un échangeur thermique entre l’eau du circuit primaire, portée à haute température (320 °C) et à pression élevée (155 bars) dans le cœur du réacteur, et l’eau du circuit secondaire qui se transforme en vapeur et alimente la turbine. Chaque générateur de vapeur comporte plusieurs milliers de tubes en forme de U, qui permettent les échanges de chaleur entre l’eau du circuit primaire et l’eau des circuits secondaires pour la production de la vapeur alimentant la turbine https://www.asn.fr/Lexique/G/Generateur-de-vapeur
[2] Le circuit secondaire est un circuit fermé dans lequel la vapeur produite dans le générateur de vapeur est conduite à la turbine, qui transforme son énergie en énergie mécanique. Il comprend : la partie secondaire des générateurs de vapeur, la turbine, le condenseur, les systèmes d’extraction et de réchauffage de l’eau condensée jusqu’au retour au générateur de vapeur, ainsi que les tuyauteries associées. https://www.asn.fr/Lexique/C/Circuit-secondaire
[3] Le circuit primaire est un circuit fermé, contenant de l’eau sous pression. Cette eau s’échauffe dans la cuve du réacteur au contact des éléments combustibles. Dans les générateurs de vapeur, elle cède la chaleur acquise à l’eau du circuit secondaire pour produire la vapeur destinée à entraîner le groupe turboalternateur. Le circuit primaire permet de refroidir le combustible contenu dans la cuve du réacteur en cédant sa chaleur par l’intermédiaire des générateurs de vapeur lorsqu’il produit de l’électricité ou par l’intermédiaire du circuit de refroidissement à l’arrêt lorsqu’il est en cours de redémarrage après rechargement en combustible. La température du circuit primaire principal est encadrée par des limites afin de garantir le maintien dans un état sûr des installations en cas d’accident. https://www.asn.fr/Lexique/C/Circuit-primaire
[4] L’unité de production n°4 a été raccordée au réseau d’électricité ce 19 octobre 2021 à 19h16.
Elle avait été mise à l’arrêt le 22 mai 2021 pour visite partielle des installations.
De nombreux chantiers ont été réalisés pendant cette visite, comme par exemple :
la rénovation des tuyauteries d’arrivée d’eau de mer, l’enquête préalable au chantier de stabilisation du corium qui sera réalisé lors de la 4e visite décennale, divers travaux électriques menés en partie non nucléaire de l’installation, le remplacement d’un mécanisme de commande de grappe.https://www.edf.fr/la-centrale-nucleaire-de-gravelines/les-actualites-de-la-centrale-nucleaire-de-gravelines/actualite-de-l-unite-de-production-ndeg4
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