1er août 2023
La centrale nucléaire de Golfech (Occitanie) a déclaré publiquement début août 2023 avoir dépassé le seuil annuel limite de fuites de liquides de refroidissement. Ces liquides, très prisés par les centrales d’EDF pour refroidir l’air et les équipements, se transforment en puissants gaz à effet de serre un fois à l’air libre.
Depuis le début de l’année 2023, plusieurs fuites de liquide réfrigérant ont eu lieu à la centrale nucléaire occitane. La dernière en date est survenue le 29 juin et elle n’est pas minime : plus de 72 kilos ont été déversés dans l’environnement. Cette fuite a fait dépasser la limite annuelle fixée à 100 kilos. EDF a donc déclaré aux autorités un évènement significatif pour l’environnement début juillet [1] . Le public sera lui avertit début août, 2 mois après les faits.
EDF n’explique pas les raisons de ces fuites dans l’environnement. L’industriel ne semble d’ailleurs pas les connaître lui-même, ce qui n’a rien de rassurant. Il annonce qu’il se penchera sur les "causes profondes" ayant généré ces incidents et "les mesures correctives à adopter". Sans mentionner de quand date le dernier contrôle du matériel, l’exploitant précise avoir mis hors-service et vidangé les équipements à l’origine des rejets dans l’environnement.
Sous forme liquide lorsqu’ils sont sous pression, les fluides réfrigérants passent à l’état gazeux lorsqu’ils sont à pression atmosphérique. Ils deviennent donc des gaz dès qu’il y a une perte de pression dans les équipements qui les utilisent. À l’air libre, ils deviennent de puissants gaz à effet de serre car leurs composants (des hydrofluorocarbures) participent activement au réchauffement climatique. Les fuites de liquides de refroidissement sont donc des rejets de gaz à effet serre dont le pouvoir de réchauffement global (PRG) est bien plus puissant que celui du CO2.
Par exemple, 1 kg de fluide de type HFC-134a vaut 3710 kgeqCO2 à l’horizon de 20 ans. Une fuite d’un kilo de ce type de liquide de refroidissement équivaut donc à avoir rejeté 3 710 kilos de CO2. Un kilo de fluide R125 dans la nature revient à avoir rejeté 6 090 kilos de CO2 [2].
La centrale de Golfech ne précise pas quel.s type.s de fluides elle a déversé dans l’environnement. On ne peut donc pas estimer l’impact pour le climat des fuites qu’elle a provoquées. Mais avec un cumul de plus de 150 kilos à la fin juin 2023, on peut dores et déjà admettre que c’est trop. Qu’EDF se penche sur les "causes profondes" et prenne encore du temps pour réfléchir à des "mesures correctives". En attendant, un minimum de bon sens exigerait dès maintenant des contrôles plus fréquents, une surveillance plus rapprochée et un entretien correct des équipements. Pas besoin d’une analyse très poussée pour définir comment EDF pourrait, a minima, protéger un peu plus et un peu mieux le climat.
Cumul annuel d’émissions de fluides frigorigènes supérieur à 100 kg sur le site :
Depuis le début de l’année 2023, plusieurs pertes de fluides frigorigènes au niveau de groupes froids (industriel et tertiaire) de la centrale ont été constatées. Le cumul annuel des émissions a atteint 151,17 kg le 29 juin 2023, après qu’un groupe froid industriel ait rejeté 72.65 kg de fluides frigorigènes.
Les équipements à l’origine de ces émissions ont été mis hors service et vidangés. Les émissions de fluides frigorigènes dans l’atmosphère n’ont pas eu d’impact sur la sécurité du personnel ni sur les installations. Des analyses sont en cours pour déterminer les causes profondes de ces évènements et les mesures correctives à adopter.
Conformément à la réglementation, la direction de la centrale a déclaré, le 3 juillet 2023, un événement significatif environnement (ESE) à l’Autorité de sûreté nucléaire en raison d’un cumul annuel d’émissions de fluides frigorigènes supérieur à 100kg sur le site.
[1] Événements significatifs : incidents ou accidents présentant une importance particulière en matière, notamment, de conséquences réelles ou potentielles sur les travailleurs, le public, les patients ou l’environnement. https://www.asn.fr/Lexique/E/Evenement-significatif En dessous des évènements significatifs, il y a les évènements dits « intéressants », et encore en dessous les « signaux faibles ». Un évènement catégorisé « significatif » est donc déjà « en haut de l’échelle » d’importance des évènements
[2] Source : "Certains gaz à effet de serre des centrales nucléaires", Bernard Laponche, octobre 2020, Global Chance.
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