11 juillet 2022
Erreurs de connectiques, corrosion et mauvais montages, les groupes électrogènes à moteur diesel de 39 réacteurs nucléaires (sur 56 au total) n’auraient pas résisté à un tremblement de terre. Embêtant pour un équipement censé fournir de l’électricité en cas de coupure de courant, comme ça peut être le cas suite à un séisme.
Fin 2018, les diesels d’ultime secours (DUS), ces groupes électrogènes résistants aux intempéries et évènements naturels de forte intensité imposés après la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011 ne sont toujours pas en service. L’Autorité de sûreté nucléaire impose alors à EDF de vérifier l’ensemble des autres sources électriques de secours qui équipent ses réacteurs. Les contrôles vont s’étaler sur plusieurs années.
Fin 2020, un bilan préliminaire fait état de 37 réacteurs dont les groupes électrogènes présentent des malfaçons et un manque d’entretien. Pour certains réacteurs, les 2 diesels sont concernés, et leur état est tel qu’ils n’auraient pas pu fonctionner en cas de séisme.
Un an et demi plus tard, en juin 2022, le verdict définitif tombe :
Seules les centrales du Bugey et du Tricastin ne sont pas concernées.
Le communiqué de l’ASN du 11 juillet 2022 annonce que tous les défauts découverts ont été réparés. L’affaire aura pris plus de 3 années. Autant de temps pendant lequel il n’y avait aucune garantie que les dispositifs de secours des réacteurs nucléaires d’EDF puissent leur fournir l’électricité nécessaire en cas de tremblement de terre, faute d’avoir été montés en entretenus correctement. Un réacteur nucléaire, même arrêté, ne doit jamais être privé d’électricité. Sans alimentation électrique, impossible de faire fonctionner quoique ce soit, qu’il s’agisse des systèmes de commandes, de contrôle de la radioactivité ou de refroidissement du combustible nucléaire dont la chaleur est telle que, si elle n’est pas évacuée, elle finira par le faire fondre ou exploser. À quoi bon installer des dispositifs de sûreté s’ils ne peuvent pas fonctionner ? L’exploitant nucléaire pense-t-il que le risque d’accident dans ses centrales est si faible que les dispositifs de secours sont superflus ?
L.B.
Défauts de résistance au séisme de matériels des groupes électrogènes de secours à moteur diesel de réacteurs nucléaires d’EDF
Publié le 11/07/2022
Le 8 juin 2022, EDF a déclaré à l’ASN des défauts de résistance au séisme des sources électriques de ses centrales nucléaires. Ces défauts ont été détectés lors de la réalisation de contrôles faisant suite à la décision de l’ASN du 19 février 2019 prescrivant une vérification de la conformité de ces systèmes. Les contrôles menés depuis 2019 avaient déjà permis de détecter plusieurs écarts.
Ces contrôles ont mis en évidence des défauts sur quatre réacteurs qui n’étaient jusqu’alors pas concernés, portant à 39 le nombre total de réacteurs affectés. Ils conduisent également à réévaluer au niveau 2 de l’échelle INES le classement de l’événement pour trois réacteurs pour lesquels des défauts avaient déjà été détectés.
EDF avait déclaré fin 2019 et début 2020 un événement significatif pour la sûreté concernant la détection de défauts de résistance au séisme de certains matériels contribuant au fonctionnement des groupes électrogènes de secours à moteur diesel (diesels de secours) de plusieurs de ses réacteurs. L’ASN avait classé cet événement au niveau 1 ou 2 sur l’échelle INES selon le réacteur concerné, en fonction de la nature des défauts rencontrés et du nombre de diesels de secours affectés.
Les nouveaux défauts détectés concernent les diesels de secours et portent sur :
Les diesels de secours assurent de façon redondante l’alimentation électrique de certains systèmes de sûreté en cas de défaillance des alimentations électriques externes. En cas de séisme conduisant à une perte des alimentations électriques externes, le fonctionnement des diesels de secours pourrait ne plus être assuré en raison de ces défauts.
Cet événement n’a pas eu de conséquence sur les personnes ou l’environnement. Toutefois, compte tenu des conséquences potentielles du dysfonctionnement des deux diesels de secours d’un même réacteur en cas de séisme, cet évènement est classé au niveau 2 de l’échelle INES pour les cinq réacteurs supplémentaires suivants :
L’événement est classé au niveau 1 de l’échelle INES pour deux autres réacteurs supplémentaires, pour lesquels l’ampleur des défauts était moindre et n’aurait pas conduit à la perte des deux diesels de secours en cas de séisme. Il s’agit des réacteurs suivants :
L’ensemble des défauts constatés a fait l’objet de réparations par EDF.
[1] INES : International nuclear and radiological event scale (Échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques) - Description et niveaux ici - https://www.asn.fr/Lexique/I/INES