Le nucléaire artificialise les sols...
La préservation des sols est essentielle pour lutter contre le dérèglement climatique et la destruction du vivant déjà en cours. À cette fin, l’ADEME recommande de diviser par 10 le rythme d’artificialisation actuel des sols pour atteindre l’objectif Zéro Artificialisation Nette (ZAN) en 2050. Pourtant, le nucléaire bénéficie encore et toujours d’un régime d’exception.
Le gouvernement a ainsi exclu de l’objectif ZAN 800 hectares (ha) nécessaires à la construction des projets de réacteurs EPR2 à Penly, Gravelines et au Bugey, ainsi qu’au projet d’enfouissement des déchets du nucléaire Cigéo à Bure [1].
À ces centaines d’hectares de terres menacés s’ajoutent les centaines d’autres pour les parkings, logements, lignes THT… qui accompagneraient les réacteurs nucléaires s’ils étaient construits. Ou encore les hectares d’ores et déjà préemptés par EDF sur le site de Chinon ou de Nogent-sur-Seine en vue d’anticiper la folie des grandeurs nucléaires d’un gouvernement qui envisage toujours plus de réacteurs EPR2.
... contamine durablement sols et sous-sols...
Il faut prendre en compte l’ensemble de la filière de production d’électricité d’origine nucléaire au moment d’évaluer son impact spécifique sur les sols.
L’extraction d’uranium nécessaire au fonctionnement des centrales [2] contamine durablement les sols, au détriment des populations locales, comme c’est le cas au Niger. Et peut-être bientôt en Mongolie : Orano vient d’y obtenir une concession afin de diversifier ses approvisionnement grevés par la guerre au Niger.
Les sous-sols meusiens pourraient également être mis en danger par le projet Cigéo si celui-ci aboutissait. L’Agence nationale de gestion de déchets radioactifs (Andra) a besoin de 233 hectares de tréfonds pour son projet. L’Autorité environnementale a récemment pointé les insuffisances de l’évaluation des risques concernant le risque de dissémination de la radioactivité dans l’environnement, notamment aquatique.
... et détruit les terres agricoles
Ces projets (EPR2 et Cigéo) sont par ailleurs majoritairement situés en zones rurales. Ils menacent donc directement des terres agricoles, pourtant nécessaires à notre souveraineté alimentaire. Ce sont ainsi près de 580 ha de terres nourricières qui sont aujourd’hui menacés par le projet de construction d’installations nucléaires. En incluant les installations annexes, ce sont au minimum 720 ha de terres agricoles qui risquent d’être bétonnés [3] . Une contradiction de plus pour un gouvernement qui prétend défendre les paysan·nes et leur production !
Les SAFER au service de la nucléocratie
Pour ses projets nucléaires, le gouvernement dispose d’un allié de choix : les Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural (SAFER). Ces sociétés sans but lucratif ont été créées afin de conserver la vocation agricole des terres exploitées et de favoriser l’installation des agriculteur·ices [4].
Leur objectif premier a depuis évolué puisqu’elles "permettent à tout porteur de projet viable – qu’il soit agricole, artisanal, de service, résidentiel ou environnemental – de s’installer en milieu rural." [5] Dans les faits, elle peut préempter des terres pour ensuite les redistribuer aux candidats de son choix... dont EDF et l’Andra ! [6]
Face au nucléaire, protégeons nos terres !
Les SAFER doivent revenir à leur vocation première, mettre fin aux conventions avec les industriels du nucléaire et les terres agricoles doivent le rester ! C’est pourquoi le Réseau "Sortir du nucléaire" interpelle les ministres de l’Agriculture et de la Transition écologique via une pétition dans le cadre de sa campagne "Face au nucléaire, protégeons nos terres !".
Nous serons également présent·es lors du forum des acteurs qui se tiendra le 20 février 2025 à Lyon dans le cadre du débat public sur la construction d’EPR2 au Bugey, pour alerter la population locale sur le sujet au cours de plusieurs actions.
Contact presse :
- Marion Rivet, chargée des relations médias du Réseau "Sortir du nucléaire" : 06 64 66 01 23
- Mathilde Damecour, chargée de campagne du Réseau "Sortir du nucléaire" : 06 69 21 87 23