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Sortir du nucléaire n°79



Automne 2018

Et si on faisait le choix de l’autoconsommation ?

Depuis le 24 février 2017, la réglementation permet aux citoyens d’autoconsommer l’électricité qu’ils produisent. Un an et demi après ces mesures, faisons le point.

Energies renouvelables Maîtrise de l’énergie

Tout le monde s’accorde à dire qu’il est aujourd’hui plus facile de se lancer dans une démarche d’autoconsommation d’électricité et que le phénomène va prendre de l’ampleur. En plus d’être rentable, c’est un acte citoyen, une révolution qui bouscule les monopoles en place.

Un épiphénomène

Le phénomène reste pourtant marginal en France. Ainsi, on compterai seulement 20 000 à 30 000 autoconsommateurs (particuliers ou entreprises), bien loin derrière l’Allemagne (1,5 million), le Royaume-Uni (750 000), l’Italie (630 000) ou la Belgique (380 000). Mais, avec la baisse continue des prix des panneaux solaires, le boom du digital et le désir de consommer de manière plus vertueuse, l’autoconsommation accélère. Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français prévoit 4 millions d’autoconsommateurs en 2030.

L’électricité autoconsommée est le plus souvent produite par l’énergie captée par des panneaux solaires  [1], pour être transformée dans un onduleur puis distribuée par un compteur à l’ensemble des équipements connectés au réseau. Auparavant, les propriétaires de ce type d’installations avaient intérêt à revendre l’électricité produite, car ils bénéficiaient de tarifs très avantageux. Avec la baisse des tarifs de rachat et la hausse des prix de l’électricité sur le marché, les conditions économiques sont devenues favorables à l’autoconsommation.

Les industriels, le secteur tertiaire et les agriculteurs l’ont bien compris : les surfaces dont ils disposent et la temporalité de leurs activités permettent d’autoconsommer à près de 90%. Dans le résidentiel, le taux d’autoconsommation est plus faible, entre 20% et 50%. La consommation y est moins bien synchronisée avec la production. L’autoconsommation individuelle invite à modifier ses habitudes de consommation en privilégiant des équipements moins énergivores et en adoptant les bons gestes comme débrancher les appareils en veille, baisser le chauffage ou programmer le chauffe-eau ou le lave-linge pour qu’ils fonctionnent l’après-midi.

Des questions en suspens

Ce principe d’autoconsommation n’est pourtant pas sans poser question. Il est ainsi plus facile pour les propriétaires de maison individuelle que pour des locataires en zones urbanisées de se lancer. On peut ainsi craindre le développement de réseaux d’électricité privés destinés à des autoconsommateurs ayant des moyens financiers, laissant des populations dépendantes d’un réseau public financé par moins de personnes, donc moins bien entretenu. Il faudra repenser les mécanismes de solidarité entre les consommateurs et entre les territoires. Le prix de l’acheminement est aujourd’hui le même pour tous, à l’instar du timbre-poste. Qu’en sera-t-il demain  ? La question de la sécurité de l’alimentation est également en jeu, les systèmes ne produisant pas quotidiennement la même quantité de courant. Des avancées non négligeables en matière de stockage de l’énergie ont été faites mais les solutions ne sont pas encore optimales (voir page 32).

L’autoconsommation collective : une solution ?

Il s’agit de consommer l’électricité en circuit court, d’être un locavore de l’énergie comme le principe des AMAP  [2] pour les fruits et légumes. Ainsi, plusieurs consommateurs et producteurs se lient pour autoconsommer collectivement l’énergie produite, en se répartissant la production. Cela concerne, par exemple, un bâtiment regroupant plusieurs logements ou un quartier résidentiel.Certains choisissent l’éolien, la géothermie ou la biomasse mais ces systèmes sont moins rentables que les panneaux photovoltaïques.

Un nouveau monde énergétique se dessine, loin de l’hypercentralisation et du monopole d’EDF qui prévalait jusqu’ici dans une idéologie jacobine. Certains  [3] avancent qu’il serait possible d’imaginer des maillages d’autoconsommation à l’échelle des villes, des départements ou encore des régions en misant sur des productions issues de sources optimisées en fonction du territoire.

La solution serait peut-être l’expérimentation et l’adaptabilité du système pour trouver le ou les modèles répondant à l’ensemble des attentes… Qui mieux que les militants antinucléaires, pour ouvrir la voie.

Anne-Lise Devaux


Notes

[1Certains choisissent l’éolien, la géothermie ou la biomasse mais ces systèmes sont moins rentables que les panneaux photovoltaïques.

[2AMAP : Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysane. Les collectivités territoriales notamment.

[3Les collectivités territoriales notamment.

Tout le monde s’accorde à dire qu’il est aujourd’hui plus facile de se lancer dans une démarche d’autoconsommation d’électricité et que le phénomène va prendre de l’ampleur. En plus d’être rentable, c’est un acte citoyen, une révolution qui bouscule les monopoles en place.

Un épiphénomène

Le phénomène reste pourtant marginal en France. Ainsi, on compterai seulement 20 000 à 30 000 autoconsommateurs (particuliers ou entreprises), bien loin derrière l’Allemagne (1,5 million), le Royaume-Uni (750 000), l’Italie (630 000) ou la Belgique (380 000). Mais, avec la baisse continue des prix des panneaux solaires, le boom du digital et le désir de consommer de manière plus vertueuse, l’autoconsommation accélère. Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français prévoit 4 millions d’autoconsommateurs en 2030.

L’électricité autoconsommée est le plus souvent produite par l’énergie captée par des panneaux solaires  [1], pour être transformée dans un onduleur puis distribuée par un compteur à l’ensemble des équipements connectés au réseau. Auparavant, les propriétaires de ce type d’installations avaient intérêt à revendre l’électricité produite, car ils bénéficiaient de tarifs très avantageux. Avec la baisse des tarifs de rachat et la hausse des prix de l’électricité sur le marché, les conditions économiques sont devenues favorables à l’autoconsommation.

Les industriels, le secteur tertiaire et les agriculteurs l’ont bien compris : les surfaces dont ils disposent et la temporalité de leurs activités permettent d’autoconsommer à près de 90%. Dans le résidentiel, le taux d’autoconsommation est plus faible, entre 20% et 50%. La consommation y est moins bien synchronisée avec la production. L’autoconsommation individuelle invite à modifier ses habitudes de consommation en privilégiant des équipements moins énergivores et en adoptant les bons gestes comme débrancher les appareils en veille, baisser le chauffage ou programmer le chauffe-eau ou le lave-linge pour qu’ils fonctionnent l’après-midi.

Des questions en suspens

Ce principe d’autoconsommation n’est pourtant pas sans poser question. Il est ainsi plus facile pour les propriétaires de maison individuelle que pour des locataires en zones urbanisées de se lancer. On peut ainsi craindre le développement de réseaux d’électricité privés destinés à des autoconsommateurs ayant des moyens financiers, laissant des populations dépendantes d’un réseau public financé par moins de personnes, donc moins bien entretenu. Il faudra repenser les mécanismes de solidarité entre les consommateurs et entre les territoires. Le prix de l’acheminement est aujourd’hui le même pour tous, à l’instar du timbre-poste. Qu’en sera-t-il demain  ? La question de la sécurité de l’alimentation est également en jeu, les systèmes ne produisant pas quotidiennement la même quantité de courant. Des avancées non négligeables en matière de stockage de l’énergie ont été faites mais les solutions ne sont pas encore optimales (voir page 32).

L’autoconsommation collective : une solution ?

Il s’agit de consommer l’électricité en circuit court, d’être un locavore de l’énergie comme le principe des AMAP  [2] pour les fruits et légumes. Ainsi, plusieurs consommateurs et producteurs se lient pour autoconsommer collectivement l’énergie produite, en se répartissant la production. Cela concerne, par exemple, un bâtiment regroupant plusieurs logements ou un quartier résidentiel.Certains choisissent l’éolien, la géothermie ou la biomasse mais ces systèmes sont moins rentables que les panneaux photovoltaïques.

Un nouveau monde énergétique se dessine, loin de l’hypercentralisation et du monopole d’EDF qui prévalait jusqu’ici dans une idéologie jacobine. Certains  [3] avancent qu’il serait possible d’imaginer des maillages d’autoconsommation à l’échelle des villes, des départements ou encore des régions en misant sur des productions issues de sources optimisées en fonction du territoire.

La solution serait peut-être l’expérimentation et l’adaptabilité du système pour trouver le ou les modèles répondant à l’ensemble des attentes… Qui mieux que les militants antinucléaires, pour ouvrir la voie.

Anne-Lise Devaux



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