Mobilisation
Déchets nucléaires : ne pas les banaliser, et surtout arrêter d’en produire !
Les grandes manuvres question déchets ont commencé. Une série de rapports doit tomber tout au long de lannée 2005 pour lancer le débat (début 2006 ?) sur les choix de gestion des déchets nucléaires, selon le calendrier de la loi Bataille : en mars remise aux députés (par le même Bataille) du dossier de lOffice Parlementaire des Choix scientifiques et Technologiques, en juin rapport intermédiaire de lAndra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) et de la Commission Nationale dEvalutation et en fin dannée, conclusion finale de lAndra. Bien entendu, le processus dauditions, consultations, études en cours fait la part belle aux industriels de la filière nucléaire ou aux politiques majoritairement peu enclins à remettre en cause celle-ci. Les citoyens, les associations environnementales, les collectifs de citoyens et délus opposés à lenfouissement sont les grands oubliés dans lhistoire. Pourtant, il y a beaucoup à dire...
La loi Bataille de 1991 prévoit que les parlementaires se prononcent sur les trois voies explorées pour la gestion des déchets en 2006. 15 ans ont passé, quelles conclusions ?
Nous avons lu le 10e Rapport de la Commission Nationale dEvaluation de juin 2004, et il est clair : même si les trois voies de recherches étudiées pour les déchets hautement radioactifs à vie longue noffrent aucune perspective de solutions dignes de ce nom, il y aurait urgence denfouir.
Les recherches complexes sur la séparation/transmutation des radioéléments relèvent plus dune mission impossible que dun projet aux buts atteignables.
Le stockage en (sub)-surface nest envisageable que sur des périodes courtes au regard de la toxicité des produits. Celui-ci est sérieusement envisagé à Marcoule (Gard) par exemple.
Lenfouissement, pour les déchets les plus dangereux, semble avoir la préférence. Et pourtant !
Cette 3e voie, mise en uvre à BURE (Meuse / Haute-Marne), à laide dun laboratoire-écran dit de recherches géologiques, depuis septembre 1999, pose beaucoup de questionnements !
Jusqualors seuls des travaux miniers y ont été effectués, la qualification du site, selon lAndra, devant réellement commencer fin 2004. Comment imaginer dans ces conditions, que celle-ci puisse présenter suffisamment déléments, au bout dune seule année détudes in situ, pour lancer un débat parlementaire sur un sujet aussi complexe ?
De nombreuses études, indépendantes de lAndra, montrent quaucun sous-sol, que ce soit à Bure ou ailleurs, ne pourra confiner la radioactivité sur des milliers dannées. Lenfouissement na quun seul but : juste retarder la remontée des radio-nucléïdes à la surface de la terre. Cest tout. On compte sur largile de Bure pour confiner la radioactivité. Et cest un véritable pari sur lavenir, qui mettrait en danger les générations futures.
Des géologues et experts indépendants tirent en vain la sonnette dalarme : réseaux de failles, risques de sismicité, présence daquifères, géothermie, questionnements sur le dimensionnement et la stabilité dans le temps de telles exploitations...
Le rapport de lIEER (Institute for Energy and Environmental Research), sorti en janvier 2005, à la demande des opposants qui siègent au comité local dinformation de BURE est explicite. Arjun Makhijani, directeur de lInstitut, déclare : « La recherche qui reste prendra un temps considérable. Dans létat actuel, un jugement sur la faisabilité de la construction dun centre de stockage géologique à Bure est très prématuré ». Au dire des huit scientifiques qui ont travaillé avec lui « Il convient de lever toutes les incertitudes, sinon le site peut être abandonné ou alors il faudrait un autre modèle de stockage ». Et dannoncer que lAndra nen est actuellement quau « moment préliminaire des recherches car les galeries du laboratoire ne sont pas encore creusées ».
Comment dans ces conditions, imaginer pouvoir prendre des décisions aussi graves en 2006 ?
En octobre 2004, Bernard Tissot, président de la Commission Nationale dEvaluation, concluait dans son rapport, au vu des études prémonitoires menées par lANDRA, que le site de Bure offre « un contexte favorable », et il préconisait que « le stockage (des déchets nucléaires) soit qualifié et construit aussi tôt que possible ».
Lancer la construction de lEPR en 2004-2005, et officialiser en 2006 le centre de BURE en prototype (européen) de stockage géologique profond relèvent-ils du pur hasard ? Correspondance de calendrier, ou subterfuge afin de re-crédibiliser une industrie nucléaire en perte de vitesse dans le monde, productrice de déchets (hautement) ingérables par nature ? Cherche-t-on à évacuer au plus vite la problématique des déchets ?
Le contexte de relance dun second programme électro-nucléaire pèsera lourd sur les choix quauront à faire les députés, cest certain...
2005, une année décisive pour lopposition
Lactuelle politique de banalisation des quantités et de la dangerosité des déchets nucléaires est à la mesure de lenjeu global. Elle est aussi dans la grande tradition française qui masque jusquaux extrêmes limites ce qui gêne (cf. nuage de Tchernobyl...). Des milliers de tonnes de déchets de diverses catégories, le produit du démantèlement de dizaines réacteurs sur les bras, toute centrale à terme devenant elle-même un déchet, cela ne suffit-il pas ?
Il est capital de se mobiliser et de lancer un grand signal. Signal vers les parlementaires qui doivent entendre dautres argumentations, et prendre la mesure dune résistance forte sur le terrain, partout en France car nous avons tous des déchets nucléaires à notre porte.
Plus que jamais, rappelons lurgence de sortir dune filière acculée à ses propres limites : les déchets nucléaires représentent le pire casse-tête jamais posé à lhomme. Il faut, au regard des générations futures, cesser au plus vite den produire !
Enfouissement des déchets nucléaires : les opposants font leur trou à Bure
Achetée, il y a peu, par la toute nouvelle association Bure Zone Libre, une maison de résistance sinstalle dans le village de Bure. Linauguration aura lieu le dimanche 31 juillet 2005 dans le cadre dun grand rassemblement militant et festif qui commencera le vendredi 29 juillet.
Les opposants bâtisseurs sur un site stratégique
A Bure en Meuse, tandis que lANDRA creuse ses galeries à -500 mètres sous terre dans le but denfouir les déchets les plus toxiques des centrales nucléaires, les opposants installent en surface une maison de résistance.
Cette ancienne ferme de près de 600 m2 en cours de rénovation abritera très bientôt un point dinformation indépendante ouvert au public, situé précisément derrière le bureau du CLIS (Organe de la propagande officielle). Elle offre dores et déjà un espace daccueil et de réunion destinée à favoriser les échanges conviviaux avec les habitants et la cohésion entre les collectifs locaux.
Cette propriété a été acquise grâce à des fonds privés et ne bénéficie daucune subvention qui pourrait remettre en cause son indépendance.
Pour une mobilisation constante et durable sur le site de Bure
Les premiers volontaires travaillent actuellement dans deux directions : la restauration de la toiture et laménagement dune structure dhébergement (dortoirs, camping et sanitaires). La capacité dhébergement est une condition indispensable à une mobilisation constante et durable sur le site de Bure. Le chantier de la maison crée quant à lui une nouvelle dynamique militante animée par un esprit constructif et novateur.
La maison proposera ultérieurement une salle dexposition et de conférences qui augmentera encore la portée de la contestation en lui donnant des locaux à sa mesure.
Appel à dons et à bénévolat
- De nombreux professionnels du bâtiment ont apporté leurs conseils et services bénévoles, toutes les bonnes volontés qualifiées ou non sont les bienvenues pour faire avancer le chantier.
Pour participer aux travaux, vous pouvez vous inscrire en ligne sur le site :
www.burestop.org ou au 03 29 45 41 77.
- Les dons en matériaux commencent à sentasser dans lune des granges, tous les apports en nature permettront de faire baisser les coûts de la rénovation.
Nous recherchons des outils et matériaux de construction : ciment, tuiles, pierres, sable, planches, poutres, parquet, gouttières, carrelages, dalles, matériaux disolation... ainsi que des citernes et un tracteur.
- Les dons financiers atteignent aujourdhui environ 19 000 e (le prix de la maison) ce qui témoigne de lintérêt accordé au projet. La rénovation et la mise aux normes des bâtiments publics exigera des fonds encore plus importants. Les efforts engagés ne doivent pas faiblir, entre 30 000 et 40 000 e seront encore nécessaires pour mener à bien les travaux. Ce projet, de lassociation Bure Zone Libre, est parrainé par le Réseau Sortir du Nucléaire (principal donateur 12 000 e), la Coordination Nationale de Collectifs et celle des Elus Opposés à lEnfouissement des déchets nucléaires, les Alternatifs, Solidarité-Ecologie et des collectifs Allemands.
Appel à la mobilisation
Les collectifs de citoyens et délus contre lenfouissement se mobilisent plus que jamais. Ainsi, à BURE, une pétition exigeant la tenue dun référendum local, sur les deux départements de Meuse et Haute-Marne circule, au grand dam des collectivités locales, acculées à la réalité déplaisante dun centre denfouissement peu commun.
- Un forum dinformation grand public se déroulera en avril à Bar le Duc.
- Autres grands rendez-vous : lété à Bure et le Granite Festival dans lOrne en septembre. Le chantier autour de la maison des opposants de Bure accueillera du monde tout lété, avec diverses actions à la clé. Un week-end mani-festif est prévu les 29-30-31 juillet.
- Manifestation nationale en automne 2005 à Bar le Duc
Les projets sont en cours, information sur demande !
Corinne FRANCOIS,
Coordination des collectifs contre lenfouissement des déchets nucléaires.
permanent@burestop.org
Contact
Coordination nationale des collectifs contre lenfouissement des déchets nucléaires
1, sentier Guédonval
55000 Bar Le Duc
Tel/fax : 03 25 04 91 41
Site internet :
Mail : permanent@burestop.org