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Sortir du nucléaire n°103



Automne 2024
Crédit photo : DR

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Bure’lesques 2024 : un festival militant et humainement énergisant

Le week-end des 16-17-18 août 2024, le petit village de Saint-Amand–sur-Ornain, à 15 km de Bure, a accueilli la 4e édition du festival les Bure’lesques. Trois jours informatifs et festifs au cœur de ce territoire rural bien vivant, qui ne doit en aucun cas devenir la méga-poubelle nucléaire du pays. Le public est venu en nombre, des communes environnantes et d’un peu partout en France, mais aussi des pays limitrophes : plus de 3 000 personnes sur les 3 jours.

Déchets radioactifs Bure - CIGEO

Les nouveaux-venus ne se sont pas laissés impressionner par un dispositif policier hors-norme : contrôles routiers intransigeants, fouilles de véhicules et ronde journalière de l’hélicoptère à caméra embarquée. Bienvenue en Meuse, théâtre d’un enjeu considérable. En effet, c’est ici que se joue en partie la poursuite — ou non — d’une filière électronucléaire acculée, qui ne sait que faire de ses terrifiants déchets.

Un festival pour tous·tes qui visibilise la lutte contre Cigéo

Organisé par le collectif Les Bure’lesques [1], le festival, rendez-vous bisannuel, a été initié pour la première fois en 2017, alors que le Bois Lejus était occupé par des opposant·es au projet Cigéo pour le préserver des travaux de déforestation.

Le terrain a été mis à disposition par un agriculteur qui a eu confiance en notre équipe ; les maires des deux villages voisins soutiennent également le festival. Il s’agit avant tout de rompre un fossé imaginaire entre militant·es et habitant·es qui partagent un même territoire. En faisant le déplacement les habitant·es pénètrent sur le terrain de "l’opposition" à Cigéo. À travers les spectacles, conférences, soirées concert… ils découvrent une organisation horizontale et une ambiance accueillante. Ces rencontres, propices aux échanges, permettent de mettre à mal les clichés, dans un sens comme dans l’autre.

© Réseau "Sortir du nucléaire"

Cigéo, un projet de méga-poubelle nucléaire en Meuse

Dès 1994 l’État a ciblé le secteur de Bure, tout petit village de moins de 100 habitants à la limite des régions Champagne et Lorraine, pour y implanter un "laboratoire de recherche scientifique souterrain". Sous le terme de "laboratoire" se cache la programmation d’un immense complexe souterrain où seraient enfouis les pires déchets du nucléaire : le projet Cigéo.

Cigéo, ce serait 280km de galeries à 500m sous terre, pour y concentrer 99,9 % de la radioactivité résultant de l’exploitation des centrales nucléaires depuis près de 60 ans, si… le feu vert est donné un jour à sa construction.

Bien loin de solutionner quoi que ce soit, ce projet compte parmi les desseins les plus hasardeux que l’homme pourrait accomplir, au regard de son évidente dangerosité et de son caractère irréversible.

Plus d’informations sur www.burestop.eu

Le don comme fondement de l’organisation

Le bénévolat et le prix libre (entrée et restauration) sont la base du fonctionnement. Une équipe locale qui se connaît bien, un réseau d’entraide et de compétences multiples, un peloton de bénévoles inconnus qui débarquent dès le lundi pour le début du montage, de nombreuses personnes qui prennent des initiatives et des responsabilités indispensables au déroulement de l’événement (cuisine, boulangerie, parking, toilettes sèches, déco, accueil)… C’est une alchimie magique à vivre !

Au regard de l’ampleur de l’événement, les dépenses sont tout à fait limitées grâce à l’engagement bénévole des techniciens, artistes, cuisiniers, conférenciers, etc., et à la mise à disposition gratuite d’une grande partie du matériel. Avec un petit coup de pouce du Réseau "Sortir du nucléaire", on arrive à l’équilibre financier, tout en renforçant nos capacités logistiques autour de Bure.

Focus sur quelques temps forts au sein d’une riche programmation

Conférences, spectacles, projections, musique : le ton est engagé, traitant de problématiques environnementales et sociales actuelles. Tous les chapiteaux ont fait le plein. Un seul regret, impossible de profiter de tout !

© DR

La comédienne Audrey Vernon est venue présenter "Billion Dollar Baby" et "Fukushima Work in Progress", prouvant qu’un théâtre militant peut être aussi drôle qu’intelligent.

Le film Nous serons toujours là ! Plogoff 1980 a retracé une lutte historique, celle d’un combat intense contre l’installation d’une centrale nucléaire. Éric Simonet, un des acteurs présent pour échanger à la suite de la projection, a filé un coup de main dès l’installation jusqu’à la fin du festival.

Côté information, si le nucléaire et ses déchets sont un sujet majeur, les conférences ont fait la part belle à la recherche de l’autonomie. Des acteurs locaux ont partagé leur savoir faire et expériences en matière d’énergies renouvelables. Des paysan·nes ont exposé leurs difficultés actuelles, mais aussi des initiatives innovantes, telle une coopérative agriculturelle en Côte-d’Or.

Concerts et bières locales ont clôt des journées bien remplies ; citons deux groupes régionaux, "SESAM" et "Corde raide" ayant proposé spontanément leur venue.

Tous les retours sont unanimes : "une organisation au top", "à quand le prochain ?"

Parmi les multiples commentaires reçus : "Des Bure’lesques exceptionnelles" ; "Bravo, l’espace môme, la bibliothèque militante, les toilettes sèches les plus incroyables avec petite déco aux murs, le vélo pompe à eau, la super programmation et une ambiance bienveillante qui favorise de belles rencontres et chouettes échanges", ou encore "Meilleur festival de la région, une vraie humanité".

Petit rappel pour finir : à Bure il n’y a pas de déchets radioactifs

L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs a déposé une demande de création de Cigéo début 2023. Elle s’évertue au fil de milliers de pages à faire croire que tout va bien, un postulat qui ne résiste pas à l’expertise. La Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la RADioactivité (CRIIRAD) vient par exemple de relever "une densité d’anomalies sidérante dans les études d’impact" [2].

Bien que l’éventuel feu vert – ou pas – soit annoncé pour 2027/2028, de lourds travaux préparatoires s’annoncent. Si les expropriations commencent à faire prendre conscience de la dangereuse mainmise du nucléaire sur notre espace de vie, l’opposition ne faiblit pas. Cigéo, c’est pas fait !

  • L’équipe des Bure’lesques
"Un monde sans guerre, sans nucléaire, plus libertaire." - Arbre à vœux, Bure’lesques 2024.
© Réseau "Sortir du nucléaire"

Un atelier "arbres à vœux" installé pendant le festival invitait chacun·e à inscrire ses vœux pour la planète et l’humanité

Autour des arbres couverts de messages colorés, deux lycéens et un collégien ont lu la tribune intitulée "Lycéens, nous refusons le nucléaire", adressée le 28 juillet 2024 au président de la République par des élèves d’un lycée de Haute-Vienne. Ils avertissent : "Nous refusons un modèle énergétique nucléaire fondé sur le risque. (…) Le risque d’enfouir des déchets qui, dans 150 000 ans, seront peut-être redécouverts par des êtres humains ou non humains, malgré tous les signes affichant "danger" qui ne seront alors pas forcément compris".


Notes

[1Le collectif réunit des habitant·es et des associations opposé·es à l’enfouissement des déchets nucléaires. www.burefestival.org

[2Analyse critique de la CRIIRAD (volet radioécologie) - 12/09/2024 – www.criirad.org

Les nouveaux-venus ne se sont pas laissés impressionner par un dispositif policier hors-norme : contrôles routiers intransigeants, fouilles de véhicules et ronde journalière de l’hélicoptère à caméra embarquée. Bienvenue en Meuse, théâtre d’un enjeu considérable. En effet, c’est ici que se joue en partie la poursuite — ou non — d’une filière électronucléaire acculée, qui ne sait que faire de ses terrifiants déchets.

Un festival pour tous·tes qui visibilise la lutte contre Cigéo

Organisé par le collectif Les Bure’lesques [1], le festival, rendez-vous bisannuel, a été initié pour la première fois en 2017, alors que le Bois Lejus était occupé par des opposant·es au projet Cigéo pour le préserver des travaux de déforestation.

Le terrain a été mis à disposition par un agriculteur qui a eu confiance en notre équipe ; les maires des deux villages voisins soutiennent également le festival. Il s’agit avant tout de rompre un fossé imaginaire entre militant·es et habitant·es qui partagent un même territoire. En faisant le déplacement les habitant·es pénètrent sur le terrain de "l’opposition" à Cigéo. À travers les spectacles, conférences, soirées concert… ils découvrent une organisation horizontale et une ambiance accueillante. Ces rencontres, propices aux échanges, permettent de mettre à mal les clichés, dans un sens comme dans l’autre.

© Réseau "Sortir du nucléaire"

Cigéo, un projet de méga-poubelle nucléaire en Meuse

Dès 1994 l’État a ciblé le secteur de Bure, tout petit village de moins de 100 habitants à la limite des régions Champagne et Lorraine, pour y implanter un "laboratoire de recherche scientifique souterrain". Sous le terme de "laboratoire" se cache la programmation d’un immense complexe souterrain où seraient enfouis les pires déchets du nucléaire : le projet Cigéo.

Cigéo, ce serait 280km de galeries à 500m sous terre, pour y concentrer 99,9 % de la radioactivité résultant de l’exploitation des centrales nucléaires depuis près de 60 ans, si… le feu vert est donné un jour à sa construction.

Bien loin de solutionner quoi que ce soit, ce projet compte parmi les desseins les plus hasardeux que l’homme pourrait accomplir, au regard de son évidente dangerosité et de son caractère irréversible.

Plus d’informations sur www.burestop.eu

Le don comme fondement de l’organisation

Le bénévolat et le prix libre (entrée et restauration) sont la base du fonctionnement. Une équipe locale qui se connaît bien, un réseau d’entraide et de compétences multiples, un peloton de bénévoles inconnus qui débarquent dès le lundi pour le début du montage, de nombreuses personnes qui prennent des initiatives et des responsabilités indispensables au déroulement de l’événement (cuisine, boulangerie, parking, toilettes sèches, déco, accueil)… C’est une alchimie magique à vivre !

Au regard de l’ampleur de l’événement, les dépenses sont tout à fait limitées grâce à l’engagement bénévole des techniciens, artistes, cuisiniers, conférenciers, etc., et à la mise à disposition gratuite d’une grande partie du matériel. Avec un petit coup de pouce du Réseau "Sortir du nucléaire", on arrive à l’équilibre financier, tout en renforçant nos capacités logistiques autour de Bure.

Focus sur quelques temps forts au sein d’une riche programmation

Conférences, spectacles, projections, musique : le ton est engagé, traitant de problématiques environnementales et sociales actuelles. Tous les chapiteaux ont fait le plein. Un seul regret, impossible de profiter de tout !

© DR

La comédienne Audrey Vernon est venue présenter "Billion Dollar Baby" et "Fukushima Work in Progress", prouvant qu’un théâtre militant peut être aussi drôle qu’intelligent.

Le film Nous serons toujours là ! Plogoff 1980 a retracé une lutte historique, celle d’un combat intense contre l’installation d’une centrale nucléaire. Éric Simonet, un des acteurs présent pour échanger à la suite de la projection, a filé un coup de main dès l’installation jusqu’à la fin du festival.

Côté information, si le nucléaire et ses déchets sont un sujet majeur, les conférences ont fait la part belle à la recherche de l’autonomie. Des acteurs locaux ont partagé leur savoir faire et expériences en matière d’énergies renouvelables. Des paysan·nes ont exposé leurs difficultés actuelles, mais aussi des initiatives innovantes, telle une coopérative agriculturelle en Côte-d’Or.

Concerts et bières locales ont clôt des journées bien remplies ; citons deux groupes régionaux, "SESAM" et "Corde raide" ayant proposé spontanément leur venue.

Tous les retours sont unanimes : "une organisation au top", "à quand le prochain ?"

Parmi les multiples commentaires reçus : "Des Bure’lesques exceptionnelles" ; "Bravo, l’espace môme, la bibliothèque militante, les toilettes sèches les plus incroyables avec petite déco aux murs, le vélo pompe à eau, la super programmation et une ambiance bienveillante qui favorise de belles rencontres et chouettes échanges", ou encore "Meilleur festival de la région, une vraie humanité".

Petit rappel pour finir : à Bure il n’y a pas de déchets radioactifs

L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs a déposé une demande de création de Cigéo début 2023. Elle s’évertue au fil de milliers de pages à faire croire que tout va bien, un postulat qui ne résiste pas à l’expertise. La Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la RADioactivité (CRIIRAD) vient par exemple de relever "une densité d’anomalies sidérante dans les études d’impact" [2].

Bien que l’éventuel feu vert – ou pas – soit annoncé pour 2027/2028, de lourds travaux préparatoires s’annoncent. Si les expropriations commencent à faire prendre conscience de la dangereuse mainmise du nucléaire sur notre espace de vie, l’opposition ne faiblit pas. Cigéo, c’est pas fait !

  • L’équipe des Bure’lesques
"Un monde sans guerre, sans nucléaire, plus libertaire." - Arbre à vœux, Bure’lesques 2024.
© Réseau "Sortir du nucléaire"

Un atelier "arbres à vœux" installé pendant le festival invitait chacun·e à inscrire ses vœux pour la planète et l’humanité

Autour des arbres couverts de messages colorés, deux lycéens et un collégien ont lu la tribune intitulée "Lycéens, nous refusons le nucléaire", adressée le 28 juillet 2024 au président de la République par des élèves d’un lycée de Haute-Vienne. Ils avertissent : "Nous refusons un modèle énergétique nucléaire fondé sur le risque. (…) Le risque d’enfouir des déchets qui, dans 150 000 ans, seront peut-être redécouverts par des êtres humains ou non humains, malgré tous les signes affichant "danger" qui ne seront alors pas forcément compris".



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