Le projet minier d’Areva, une menace pour le peuple Inuit
Le Réseau “Sortir du nucléaire“ a lancé en juin 2013 une pétition pour demander l’abandon d’un projet minier d’Areva au Nunavut, ce territoire du Grand Nord canadien habité par les Inuit. Diffusée dans le cadre de la campagne « Nucléaire : de la mine aux déchets, tous concernés ! », celle-ci vient de dépasser les 30 000 signataires.
Depuis 2008, Areva veut implanter un grand complexe minier près de la petite ville de Baker Lake. L’extraction de l’uranium menacerait un écosystème déjà rendu très vulnérable par les effets du changement climatique. Elle constituerait également une menace pour le mode de vie des Inuit, fortement lié à la chasse au caribou. L’ouverture d’une première mine amènerait avec elle des infrastructures et incitations financières, ouvrant la voie à une multiplication des sites miniers qui ravagerait notamment les zones d’habitat des caribous [1] ; toutefois, l’administration en charge du développement du projet refuse de prendre en compte les impacts de ce développement induit. Pollution des sols et des eaux, zones de chasses dévastées, contaminations et déchets ingérables : voici ce qui attend les Inuit si ce projet se concrétise.
La voix des populations locales n’est pas entendue
Aucun vote public n’est prévu concernant ce projet d’Areva, qui pourrait changer la face du territoire Inuit, malgré la demande de nombreux habitants de Baker Lake, dont le maire, les associations de chasseurs et des membres de Nunavummiut Makitagunarningit [2](dite ‘Makita’, organisation environnementale locale). Mais le gouvernement du Nunavut et les instances représentatives inuit ne l’ont pas fait et ne semblent pas désireux de le faire.
En avril 2013, Makita s’est adressée au rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des Peuples Autochtones, soulignant qu’en l’absence de vote, le people Inuit n’avait pas donné son consentement libre et éclairé sur la question de l’extraction de l’uranium dans la région. Makita appelle à la tenue d’une enquête publique et d’un référendum.
Areva au Nunavut : pratiques douteuses et fausses promesses
Aucune enquête publique n’a été menée pour ce projet. Mais comme le relate Makita, Areva a organisé des réunions pour promouvoir le projet où les participants recevaient en cadeau des T-shirt et des ordinateurs portables. Aucune information sérieuse n’est apportée sur les impacts environnementaux et sanitaires de l’extraction de l’uranium. En revanche, Areva multiplie les promesses de développement et déclare aux Inuit que les mines d’uranium aideront à lutter contre le changement climatique qui les affecte déjà !
Areva et l’extraction de l’uranium : une longue liste d’héritages empoisonnés
Le Nunavut ne doit pas s’ajouter à la longue liste des territoires déjà pollués par Areva. Au Gabon, malgré des travaux de « réhabilitation », l’ancienne mine de Mounana continue de polluer les eaux et menace les habitants [3]. Au Nord-Niger, Areva est responsable de la pollution des sols et des eaux, ainsi que de l’épuisement d’aquifères fossiles non renouvelables et de l’abandon de tonnes de ferrailles radioactives [4]. Malgré ses richesses minières, le Niger reste le pays le plus pauvre du monde.
Même en France, les stériles et résidus miniers abandonnés par Areva dans de multiples sites continuent de polluer les eaux. Le « Prix Pinocchio » du greenwashing décerné à Areva en 2013 par les Amis de la Terre, pour l’ouverture d’un musée de la mine qui repeint en vert l’histoire de l’uranium, est bien mérité [5] . Malgré les discours d’Areva, l’extraction de l’uranium ne pourra jamais être propre !
Le Réseau “Sortir du nucléaire” soutient les demandes de Makita et demande aux Ministères de l’Écologie, du Développement, des Affaires Étrangères et du Commerce Extérieur de faire le nécessaire pour empêcher le projet minier d’Areva au Nunavut de voir le jour. Une demande de rendez-vous a été adressée aux Ministères dans ce but. Par ailleurs, nous appelons la France à respecter ses engagements internationaux et notamment la déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones.
Voir la pétition en ligne : https://www.sortirdunucleaire.org/Petition-Nunavut
Voir la lettre qui vient d’être adressée aux Ministères l’Écologie, du Développement, des Affaires Étrangères et du Commerce Extérieur : https://www.sortirdunucleaire.org/IMG/pdf/Projet%20minier%20Areva%20Nunavut-janvier14.pdf
Contacts :
Charlotte Mijeon - 06 64 66 01 23 Mélisande Seyzériat - 07 60 15 01 23