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Le parc nucléaire vieillit inéluctablement. Alors que les réacteurs ont été conçus pour une durée d’exploitation de 30 ans, personne n’avait prévu, au moment de leur mise en service, la manière dont leur mise à l’arrêt devrait se dérouler. A la fin de l’année 2016, 42 des 58 réacteurs présents sur le territoire français auront dépassé la limite des trente ans de fonctionnement. Alors que le bon sens appellerait à une mise à l’arrêt massive des réacteurs les plus vieux, EDF veut mettre en place un programme de rafistolage des centrales aussi dangereux aux niveaux environnemental et sanitaire qu’irréaliste sur les plans technique et financier.
EDF veut rafistoler ses 58 réacteurs nucléaires vieillissants pour prolonger leur activité jusqu’à 50 voire 60 ans. Derrière l’opération de communication qu’est le « Grand carénage », l’électricien commence déjà à préparer la prolongation du parc nucléaire, et ce avant même l’autorisation de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) qui devra donner un avis générique en 2018 ou 2019.
EDF évalue à 100 milliards d’euros les opérations de rafistolage des réacteurs prévues par EDF, soit un montant plus élevé que leur coût de construction ! Et cette estimation est sans doute sous-évaluée : dans une étude de 2014, le cabinet WISE-Paris estime que la mise en œuvre des exigences de sûreté renforcée définies par l’ASN après Fukushima implique des travaux qui coûteraient environ 250 milliards d’euros [1]. Alors qu’EDF est en grande difficulté financière (lien hypertexte « le nucléaire en faillite »), ce « mur d’investissements » semble parfaitement impossible à franchir.
Par ailleurs, l’opérateur ne dispose pas non plus des capacités techniques nécessaires à ces travaux démesurés. En effet, d’après le président de l’ASN Pierre-Franck Chevet, "EDF a déjà des difficultés pour maîtriser ses arrêts de tranches et les opérations de maintenance des réacteurs. Ce défaut de maîtrise sera encore plus préoccupant dans 3 ou 4 ans, quand EDF envisage de faire ce qu’elle appelle le "grand carénage", des opérations encore plus lourdes. EDF semble débordée par les travaux qu’elle a elle-même décidés." En témoigne, entre autres, l’accident survenu lors de la visite décennale du réacteur n°2 de la centrale de Paluel, au cours de laquelle un générateur de vapeur de 465 tonnes est tombé de 22 mètres de hauteur.
Enfin, la prolongation des réacteurs augmente toujours plus les risques d’un accident nucléaire majeur. Au-delà des incommensurables dégâts environnementaux et sanitaires qu’il causerait, un tel accident coûterait environ 760 milliards d’euros, selon l’IRSN, ce qui représenterait « une catastrophe européenne ingérable ».
La politique de rafistolage des réacteurs vieillissants conduit tout droit à une impasse. Il est temps de dénoncer ces travaux aussi dangereux que coûteux.