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Sortir du nucléaire n°84



Hiver 2020

Agir

Accidents de Saint-Laurent-des-Eaux : un cas d’école

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°84 - Hiver 2020

 Incidents / Accidents  Saint-Laurent


Les 19 et 20 octobre 2019 au théâtre d’Orléans, le Forum du cinquantenaire du premier accident de Saint-Laurent-des-Eaux, organisé par le Collège d’histoire de l’énergie nucléaire et de ses aléas, a continué à briser l’omerta qui pèse sur les deux accidents graves de 1969 et 1980. Ces deux accidents sont responsables de rejets de plutonium, de césium et d’autres produits de fission sans qu’on n’en connaisse, encore aujourd’hui, les conséquences écologiques et sanitaires.

© André Paris


Des accidents graves camouflés

Les objectifs de ce forum étaient multiples. Déstabiliser un peu plus une industrie nucléaire désorientée par un marché de l’électricité catastrophique, en l’obligeant à affronter les accidents de Saint-Laurent-des-Eaux qu’elle a camouflé pendant 40 ans. Disqualifier le discours sécurisant de la nucléocratie pour qui tout va toujours très bien dans le meilleur des mondes. Et pour cela faire enfler une polémique sur le nécessaire reclassement des accidents de Saint-Laurent en niveau 5 sur l’échelle INES, en apportant la preuve d’un rejet de plutonium en dehors du site et ainsi les faire entrer dans le peloton de tête, peu enviable, des accidents mondiaux les plus graves, au même niveau que ceux de Three Mile Island aux États-Unis et de Windscale-Sellafield au Royaume-Uni.

Soumis à une redoutable omerta par l’État pendant plusieurs décennies, aucune conférence ni aucun colloque ne s’était tenu sur le sujet. Il était temps de réparer cette anomalie après 50 années. Riches, les interventions ont donné lieu à des échanges passionnants dans lesquels les participants ont pu en savoir davantage sur la façon dont en France comme à l’étranger, les industriels de l’atome et les autorités s’efforcent de cultiver le secret pendant et après la survenue d’un accident nucléaire grave.

Un programme riche

Le samedi, plusieurs journalistes d’investigations, membres d’association et anciens salariés de la centrale de Saint-Laurent ont rembobiné le film des accidents, et ont confirmé qu’un rejet intentionnel de plutonium a eu lieu en 1980, mais aussi en 1969, et que des étudiants de l’IUT de Tours avaient été recrutés comme liquidateurs en 1980. Dans l’après-midi en l’absence des deux chercheurs programmés, empêchés par la grève SNCF, le journaliste Thierry Gadault et Stéphane Lhomme de l’Observatoire du nucléaire ont, à l’improviste, décortiqué la culture du secret et de la dissimulation qui fait loi dans l’industrie de l’atome, avant le débat du soir entre journalistes sur la neutralisation de l’information en cas d’accident.

Le dimanche, Jacques Terracher, pour l’ACEVE, ouvrait le bal par un exposé fouillé sur l’état actuel des centrales nucléaires, tandis que Pierre Fetet, animateur du blog Fukushima, et Yves Lenoir, président de l’association Enfants de Tchernobyl-Bélarus, se succédaient pour décrire le programme Ethos de gestion de crise, jugé par certains comme un crime contre l’humanité, à partir des exemples de ces deux accidents nucléaires majeurs.

L’après-midi offrait un débat conclusif avec divers intervenants associatifs. Les propos de Jean-Marc Royer, apportant une touche philosophique finale.

Thierry Gourvénec et Julien Baldassarra

Des accidents graves camouflés

Les objectifs de ce forum étaient multiples. Déstabiliser un peu plus une industrie nucléaire désorientée par un marché de l’électricité catastrophique, en l’obligeant à affronter les accidents de Saint-Laurent-des-Eaux qu’elle a camouflé pendant 40 ans. Disqualifier le discours sécurisant de la nucléocratie pour qui tout va toujours très bien dans le meilleur des mondes. Et pour cela faire enfler une polémique sur le nécessaire reclassement des accidents de Saint-Laurent en niveau 5 sur l’échelle INES, en apportant la preuve d’un rejet de plutonium en dehors du site et ainsi les faire entrer dans le peloton de tête, peu enviable, des accidents mondiaux les plus graves, au même niveau que ceux de Three Mile Island aux États-Unis et de Windscale-Sellafield au Royaume-Uni.

Soumis à une redoutable omerta par l’État pendant plusieurs décennies, aucune conférence ni aucun colloque ne s’était tenu sur le sujet. Il était temps de réparer cette anomalie après 50 années. Riches, les interventions ont donné lieu à des échanges passionnants dans lesquels les participants ont pu en savoir davantage sur la façon dont en France comme à l’étranger, les industriels de l’atome et les autorités s’efforcent de cultiver le secret pendant et après la survenue d’un accident nucléaire grave.

Un programme riche

Le samedi, plusieurs journalistes d’investigations, membres d’association et anciens salariés de la centrale de Saint-Laurent ont rembobiné le film des accidents, et ont confirmé qu’un rejet intentionnel de plutonium a eu lieu en 1980, mais aussi en 1969, et que des étudiants de l’IUT de Tours avaient été recrutés comme liquidateurs en 1980. Dans l’après-midi en l’absence des deux chercheurs programmés, empêchés par la grève SNCF, le journaliste Thierry Gadault et Stéphane Lhomme de l’Observatoire du nucléaire ont, à l’improviste, décortiqué la culture du secret et de la dissimulation qui fait loi dans l’industrie de l’atome, avant le débat du soir entre journalistes sur la neutralisation de l’information en cas d’accident.

Le dimanche, Jacques Terracher, pour l’ACEVE, ouvrait le bal par un exposé fouillé sur l’état actuel des centrales nucléaires, tandis que Pierre Fetet, animateur du blog Fukushima, et Yves Lenoir, président de l’association Enfants de Tchernobyl-Bélarus, se succédaient pour décrire le programme Ethos de gestion de crise, jugé par certains comme un crime contre l’humanité, à partir des exemples de ces deux accidents nucléaires majeurs.

L’après-midi offrait un débat conclusif avec divers intervenants associatifs. Les propos de Jean-Marc Royer, apportant une touche philosophique finale.

Thierry Gourvénec et Julien Baldassarra



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