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Sortir du nucléaire n°83



Automne 2019

Dossier : Déchets radioactifs, une gestion illusoire

Une piscine pas comme les autres

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°83 - Automne 2019

 Projets et sites nucléaires


Baignade interdite mais tous dans le bain !

La révélation date de février 2018, EDF envisage la construction d’une piscine de combustibles usés, probablement à Belleville-sur-Loire. La Commission locale d’information se déclare dépitée de ne pas avoir été informée. Deux collectifs de riverains hostiles au projet se créent et demandent le dossier d’options de sûreté. Puis plus grand chose... jusqu’au mois de juillet 2019 et la publication de l’avis de l’ASN. Sans revenir sur l’absurdité d’un tel projet (lire p.8), voici un tour d’horizon des compléments demandés à EDF en vue de la demande d’autorisation de création.



C’est quoi le projet ?

EDF projette de construire une gigantesque piscine de stockage de MOX [1] pour suppléer au trop-plein de l’usine de La Hague (50). Les deux bassins, dont on ignore finalement le site d’implantation, accueilleraient 10 000 tonnes de métal lourd, soit environ 21 000 assemblages de combustibles usés pendant 100 ans. Autour de chaque bassin il faudra installer une cellule de déchargement, un système de refroidissement de l’eau et construire une coque-avion au dessus de chaque ensemble. Pour acheminer les déchets le site comprendrait également une installation de réception ainsi qu’un terminal ferroviaire. De nouveaux transports à haut risque en perspective ! La mise en service du bassin n°1 est prévue pour 2030 et la construction du bassin n°2 devrait débuter 10 ans après.

Les approximations et oublis du dossier

Dans son avis l’ASN demande des compléments sur les choix de conception, sur la démarche de sûreté et sur la surveillance. L’ASN requiert notamment des compléments sur le système d’étanchéité, les patins antisismiques, le système de refroidissement, le vieillissement des équipements mais également sur les agressions externes, internes ou encore la maîtrise d’une situation post-accidentelle.

L’autorité constate que les objectifs de radioprotection des personnels et les dispositions prévues pour la protection de l’environnement ne sont pas présentés dans le dossier.

Pour l’autorité, EDF doit poursuivre ses réflexions sur le système d’étanchéité notamment sur la conception, la réalisation (contrôles de fabrication) et la surveillance du liner [2] . En effet, ce dernier, seul équipement qui n’est pas remplaçable, devra être fiable pendant 100 ans pour garantir l’étanchéité.

L’analyse des risques produite par EDF est lacunaire notamment sur l’accumulation d’hydrogène, les risques de manutention, la chute d’avion, la possibilité d’un séisme extrême et les conditions climatiques à venir. Les niveaux d’aléas extrêmes retenus pour dimensionner les équipements sont insuffisants (et devront être revus une fois le site choisi). EDF considère comme “pratiquement éliminées“ : l’oxydation des gaines, la fusion du combustible par perte totale et prolongée de refroidissement ou par vidange massive suite à une brèche mais l’ASN, estimant ces scénarios plus probables que l’électricien, lui demande de les envisager.

Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises puisque pour l’ASN, étant donné les spécificités de l’installation, la possibilité d’évacuer les assemblages de combustibles n’est pas acquise, que les caractéristiques des assemblages sont trop vagues et le programme de surveillance de ces derniers incomplets.

En bref encore un projet fou et flou contre lequel le Réseau “Sortir du nucléaire“ est mobilisé !

Laure Barthélemy et Anne-Lise Devaux


Notes

[1Le combustible MOX est un combustible nucléaire constitué d’environ 8,5 % de plutonium et 91,5 % d’uranium appauvri.

[2Liner : sorte de “peau“ métallique pour le bassin, garantissant l’étanchéité de celui-ci.

C’est quoi le projet ?

EDF projette de construire une gigantesque piscine de stockage de MOX [1] pour suppléer au trop-plein de l’usine de La Hague (50). Les deux bassins, dont on ignore finalement le site d’implantation, accueilleraient 10 000 tonnes de métal lourd, soit environ 21 000 assemblages de combustibles usés pendant 100 ans. Autour de chaque bassin il faudra installer une cellule de déchargement, un système de refroidissement de l’eau et construire une coque-avion au dessus de chaque ensemble. Pour acheminer les déchets le site comprendrait également une installation de réception ainsi qu’un terminal ferroviaire. De nouveaux transports à haut risque en perspective ! La mise en service du bassin n°1 est prévue pour 2030 et la construction du bassin n°2 devrait débuter 10 ans après.

Les approximations et oublis du dossier

Dans son avis l’ASN demande des compléments sur les choix de conception, sur la démarche de sûreté et sur la surveillance. L’ASN requiert notamment des compléments sur le système d’étanchéité, les patins antisismiques, le système de refroidissement, le vieillissement des équipements mais également sur les agressions externes, internes ou encore la maîtrise d’une situation post-accidentelle.

L’autorité constate que les objectifs de radioprotection des personnels et les dispositions prévues pour la protection de l’environnement ne sont pas présentés dans le dossier.

Pour l’autorité, EDF doit poursuivre ses réflexions sur le système d’étanchéité notamment sur la conception, la réalisation (contrôles de fabrication) et la surveillance du liner [2] . En effet, ce dernier, seul équipement qui n’est pas remplaçable, devra être fiable pendant 100 ans pour garantir l’étanchéité.

L’analyse des risques produite par EDF est lacunaire notamment sur l’accumulation d’hydrogène, les risques de manutention, la chute d’avion, la possibilité d’un séisme extrême et les conditions climatiques à venir. Les niveaux d’aléas extrêmes retenus pour dimensionner les équipements sont insuffisants (et devront être revus une fois le site choisi). EDF considère comme “pratiquement éliminées“ : l’oxydation des gaines, la fusion du combustible par perte totale et prolongée de refroidissement ou par vidange massive suite à une brèche mais l’ASN, estimant ces scénarios plus probables que l’électricien, lui demande de les envisager.

Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises puisque pour l’ASN, étant donné les spécificités de l’installation, la possibilité d’évacuer les assemblages de combustibles n’est pas acquise, que les caractéristiques des assemblages sont trop vagues et le programme de surveillance de ces derniers incomplets.

En bref encore un projet fou et flou contre lequel le Réseau “Sortir du nucléaire“ est mobilisé !

Laure Barthélemy et Anne-Lise Devaux



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