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Sortir du nucléaire n°48



Hiver 2010-2011

À lire...

Superphénix, déconstruction d’un mythe

L’auteure, philosophe et anthropologue, présente ici la "déconstruction" du surgénérateur Superphénix, à Creys-Malville dans l’Isère. Malheureusement, s’étant contentée de lire ce qu’EDF a bien voulu lui montrer, elle se perd dans des descriptions techniques de peu d’intérêt et de nombreux mensonges.

Creys-Malville

On y lit ainsi que les opposants craignaient "l’aspect invasif des tours réfrigérantes" [p.19] comme si le nucléaire posait un problème de paysage ! La première manif contre Superphénix aurait eu lieu le 3 juillet 1976 [p. 30]. Faux. Il y a eu 3000 personnes pour manifester à Flévieu, face au site, en juin 1975. Quant à s’être dispersée sans violence en 1976 [p.30], c’est exact pour les manifestants, mais pas pour la police : le premier manifestant, militant des communautés de l’Arche, à avoir pénétré sur le site a eu le bras cassé par un coup de matraque ; de nombreux autres ont été gazés lors d’un camping fait sur place… Elle n’oublie pas de rappeler que la décision d’arrêt en 1997 a provoqué des manifestations de protestations, en oubliant de donner le nombre de manifestants : environ 2000, malgré l’accord contre-nature entre CGT et patronat. A comparer aux 60 000 manifestants de 1977 et aux 70 % d’opposants à la poursuite du projet lors de sondages réalisés par la presse régionale. Même la CGT doit hurler en lisant les propos lénifiants sur la protection contre les radiations expliquée aux intervenants !

Il n’en reste pas moins que pour le militant antinucléaire, on peut relever quelques informations
intéressantes.

Tout d’abord, ce livre vient confirmer que nous avons osé construire environ 70 réacteurs nucléaires en France (58 en fonctionnement, les autres en attente de "déconstruction") sans vraiment se poser la question de ce qui se passe après la fin de la production d’énergie.

Superphénix qui a été arrêté suite à une longue campagne internationale en juin 1997 va ainsi poser un énorme problème technique : comment sortir les 5 tonnes de plutonium du cœur du réacteur et que faire de ce plutonium et du cœur de remplacement déjà prévu pour la suite ? Ce plutonium très pur constitue une merveilleuse réserve de matières fissiles pour nos bombes atomiques… Une note [p. 54] nous apprend qu’il est toujours stocké sur le site
13 ans après. On y apprend aussi, toujours dans une note [p. 69], que les premiers déchets faiblement radioactifs ont commencé à être évacués vers Soulaines seulement en 2009.

Et que faire des 5000 tonnes de sodium dans lequel baignait ce plutonium ? Il aura fallu une dizaine d’années pour mettre en place une usine spéciale qui, depuis l’été 2009 [note p. 73], neutralise le sodium peu radioactif du circuit secondaire, le sodium radioactif du circuit primaire devant lui commencer à être traité par petites doses à partir de novembre 2010 [p. 127]. La soude produite est ensuite noyée dans du béton, le tout étant stocké sur place dans un bâtiment grand comme un terrain de football.

EDF estime que cela lui coûtera 2,5 milliards d’euros contre 1,5 pour sa construction et 6,2 pour son fonctionnement [p. 141] soit plus de 10 milliards pour un réacteur qui, entre les pannes à répétition et le chauffage du sodium à 180°C après son arrêt, aura réussi l’exploit de consommer plus d’électricité qu’il n’en a produite.

Bref, ce n’est quand même pas la joie ! Heureusement, la direction du site a décidé de relooker… sa salle de conférences ! [p. 121] Il faudra en effet encore beaucoup communiquer puisque les travaux sont déjà programmés jusqu’en 2026, date à laquelle est envisagée la démolition du bâtiment réacteur [p. 130].

Des délais qui inquiètent les responsables : selon l’un d’eux [p.134], on va vers une pénurie d’experts dans le domaine du nucléaire du fait du trop grand ralentissement du programme nucléaire français. Et ça c’est une bonne nouvelle !
La SNCF distinguée pour greenwashing
La SNCF est arrivée en troisième position de la catégorie Greenwashing des Prix Pinocchio du développement durable 2010, décernés par l’association les Amis de la Terre. L’entreprise remporte un des prix Prix Pinocchio pour une publicité qui prétend que l’électricité qui fait rouler les trains n’émet pas de CO2 : “0% de CO2. Ou presque”... un message qui induit en erreur. D’après l’Observatoire indépendant de la publicité (OIP), partenaire de l’événement, cette publicité ne respecte pas la réglementation adoptée par l’autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP). L’OIP explique que le message induit en erreur par les mots employés car “il n’est pas possible de viser le 0% de CO2” et que “la forte part du nucléaire dans la production de l’énergie française n’exempte pas d’émissions de CO2”. De plus, “la publicité affirme quelque chose de vague ou sans preuve” en utilisant l’expression “le train émet peu de CO2”. Le slogan de notre campagne 2009 : “ni nucléaire, ni effet de serre” est plus que jamais d’actualité !

Michel Bernard
Superphénix, déconstruction d’un mythe,
de Christine Bergé Ed. Les empêcheurs de penser en rond / La Découverte - 2010 - 150 p. - 13 € Disponible en librairie

On y lit ainsi que les opposants craignaient "l’aspect invasif des tours réfrigérantes" [p.19] comme si le nucléaire posait un problème de paysage ! La première manif contre Superphénix aurait eu lieu le 3 juillet 1976 [p. 30]. Faux. Il y a eu 3000 personnes pour manifester à Flévieu, face au site, en juin 1975. Quant à s’être dispersée sans violence en 1976 [p.30], c’est exact pour les manifestants, mais pas pour la police : le premier manifestant, militant des communautés de l’Arche, à avoir pénétré sur le site a eu le bras cassé par un coup de matraque ; de nombreux autres ont été gazés lors d’un camping fait sur place… Elle n’oublie pas de rappeler que la décision d’arrêt en 1997 a provoqué des manifestations de protestations, en oubliant de donner le nombre de manifestants : environ 2000, malgré l’accord contre-nature entre CGT et patronat. A comparer aux 60 000 manifestants de 1977 et aux 70 % d’opposants à la poursuite du projet lors de sondages réalisés par la presse régionale. Même la CGT doit hurler en lisant les propos lénifiants sur la protection contre les radiations expliquée aux intervenants !

Il n’en reste pas moins que pour le militant antinucléaire, on peut relever quelques informations
intéressantes.

Tout d’abord, ce livre vient confirmer que nous avons osé construire environ 70 réacteurs nucléaires en France (58 en fonctionnement, les autres en attente de "déconstruction") sans vraiment se poser la question de ce qui se passe après la fin de la production d’énergie.

Superphénix qui a été arrêté suite à une longue campagne internationale en juin 1997 va ainsi poser un énorme problème technique : comment sortir les 5 tonnes de plutonium du cœur du réacteur et que faire de ce plutonium et du cœur de remplacement déjà prévu pour la suite ? Ce plutonium très pur constitue une merveilleuse réserve de matières fissiles pour nos bombes atomiques… Une note [p. 54] nous apprend qu’il est toujours stocké sur le site
13 ans après. On y apprend aussi, toujours dans une note [p. 69], que les premiers déchets faiblement radioactifs ont commencé à être évacués vers Soulaines seulement en 2009.

Et que faire des 5000 tonnes de sodium dans lequel baignait ce plutonium ? Il aura fallu une dizaine d’années pour mettre en place une usine spéciale qui, depuis l’été 2009 [note p. 73], neutralise le sodium peu radioactif du circuit secondaire, le sodium radioactif du circuit primaire devant lui commencer à être traité par petites doses à partir de novembre 2010 [p. 127]. La soude produite est ensuite noyée dans du béton, le tout étant stocké sur place dans un bâtiment grand comme un terrain de football.

EDF estime que cela lui coûtera 2,5 milliards d’euros contre 1,5 pour sa construction et 6,2 pour son fonctionnement [p. 141] soit plus de 10 milliards pour un réacteur qui, entre les pannes à répétition et le chauffage du sodium à 180°C après son arrêt, aura réussi l’exploit de consommer plus d’électricité qu’il n’en a produite.

Bref, ce n’est quand même pas la joie ! Heureusement, la direction du site a décidé de relooker… sa salle de conférences ! [p. 121] Il faudra en effet encore beaucoup communiquer puisque les travaux sont déjà programmés jusqu’en 2026, date à laquelle est envisagée la démolition du bâtiment réacteur [p. 130].

Des délais qui inquiètent les responsables : selon l’un d’eux [p.134], on va vers une pénurie d’experts dans le domaine du nucléaire du fait du trop grand ralentissement du programme nucléaire français. Et ça c’est une bonne nouvelle !
La SNCF distinguée pour greenwashing
La SNCF est arrivée en troisième position de la catégorie Greenwashing des Prix Pinocchio du développement durable 2010, décernés par l’association les Amis de la Terre. L’entreprise remporte un des prix Prix Pinocchio pour une publicité qui prétend que l’électricité qui fait rouler les trains n’émet pas de CO2 : “0% de CO2. Ou presque”... un message qui induit en erreur. D’après l’Observatoire indépendant de la publicité (OIP), partenaire de l’événement, cette publicité ne respecte pas la réglementation adoptée par l’autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP). L’OIP explique que le message induit en erreur par les mots employés car “il n’est pas possible de viser le 0% de CO2” et que “la forte part du nucléaire dans la production de l’énergie française n’exempte pas d’émissions de CO2”. De plus, “la publicité affirme quelque chose de vague ou sans preuve” en utilisant l’expression “le train émet peu de CO2”. Le slogan de notre campagne 2009 : “ni nucléaire, ni effet de serre” est plus que jamais d’actualité !

Michel Bernard
Superphénix, déconstruction d’un mythe,
de Christine Bergé Ed. Les empêcheurs de penser en rond / La Découverte - 2010 - 150 p. - 13 € Disponible en librairie



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