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Dossier spécial : Face aux crises

Sous la résilience, une militarisation accrue

Article paru dans la revue Dossier spécial : Face aux crises -



Une urgence ne doit pas en cacher une autre. La pandémie du Covid-19 a mis en exergue non seulement la fragilité de nos sociétés, mais également leur impréparation face au risque sanitaire. Une faille dans laquelle l’armée s’est empressée de s’engouffrer.

© Adobe Stock - Éric Pothier


La réponse au virus ne peut pas être dans un renforcement de la militarisation de nos sociétés. Or, dès le début le ton a été donné par le président Emmanuel Macron dans son allocution martiale du 16 mars annonçant le confinement avec le “Nous sommes en guerre“, répété à six reprises en 20 minutes.

Un vocable guerrier repris à satiété tant par les responsables politiques que la grande majorité des médias.

Et, quelques jours après le début du confinement, le ministère des Armées annonce l’opération “Résilience“ comme contribution des militaires à la lutte contre l’épidémie. Certes, l’armée dispose de certains matériels et compétences pour faire face à l’urgence d’une situation, mais il s’agit de moyens pour temps de guerre, inadaptés pour répondre à une situation sanitaire, alors que les services d’urgence, de la protection civile, des pompiers, ont beaucoup de mal à obtenir les équipements et les personnels nécessaires pour accomplir leur mission.

Toujours est-il que la moindre mise à disposition de soldats, actions de l’armée, s’est faite sous l’œil des caméras et des stylos des correspondant·es de la presse quotidienne. Combien d’articles, par exemple, pour le déploiement à Mulhouse de cet hôpital de campagne avec à peine 30 lits ! En plus de ces opérations de propagande tous azimuts, se sont greffées de nombreuses actions de lobbying des différents acteurs de l’industrie militaire, notamment pour reprendre le plus rapidement possible leur activité mortifère, car pas question de perdre des marchés juteux ! Mais il s’agissait aussi de promouvoir un “plan de relance“ s’appuyant sur l’industrie d’armement comme “fer de lance“.

Cet affichage massif de l’armée cache plusieurs objectifs : d’une part, la crainte de voir le budget militaire servir de variable d’ajustement, comme cela a été le cas par le passé ; mais aussi de contribuer au renforcement des systèmes de surveillance (dispositifs de contrôle des sorties, application stopcovid, etc.) en créant une habitude et une permanence sur laquelle il sera difficile de revenir.

Ce recours de plus en plus systématique au registre guerrier face à la moindre épreuve collective (catastrophe naturelle, problèmes économiques, épidémie, actes terroristes, accidents industriels, etc.) vise avant tout à renforcer la place de l’armée dans la société, la rendre comme indispensable. Mais il entraîne une confusion dangereuse qui vient banaliser une vision sécuritaire et répressive au détriment d’une mobilisation solidaire et d’une coopération.

Ce qui est grave, c’est l’absence d’interrogation collective suscitée par cette vision sécuritaire plaçant l’armée au centre du “vivre ensemble“..

Patrice Bouveret

Observatoire des armements

La réponse au virus ne peut pas être dans un renforcement de la militarisation de nos sociétés. Or, dès le début le ton a été donné par le président Emmanuel Macron dans son allocution martiale du 16 mars annonçant le confinement avec le “Nous sommes en guerre“, répété à six reprises en 20 minutes.

Un vocable guerrier repris à satiété tant par les responsables politiques que la grande majorité des médias.

Et, quelques jours après le début du confinement, le ministère des Armées annonce l’opération “Résilience“ comme contribution des militaires à la lutte contre l’épidémie. Certes, l’armée dispose de certains matériels et compétences pour faire face à l’urgence d’une situation, mais il s’agit de moyens pour temps de guerre, inadaptés pour répondre à une situation sanitaire, alors que les services d’urgence, de la protection civile, des pompiers, ont beaucoup de mal à obtenir les équipements et les personnels nécessaires pour accomplir leur mission.

Toujours est-il que la moindre mise à disposition de soldats, actions de l’armée, s’est faite sous l’œil des caméras et des stylos des correspondant·es de la presse quotidienne. Combien d’articles, par exemple, pour le déploiement à Mulhouse de cet hôpital de campagne avec à peine 30 lits ! En plus de ces opérations de propagande tous azimuts, se sont greffées de nombreuses actions de lobbying des différents acteurs de l’industrie militaire, notamment pour reprendre le plus rapidement possible leur activité mortifère, car pas question de perdre des marchés juteux ! Mais il s’agissait aussi de promouvoir un “plan de relance“ s’appuyant sur l’industrie d’armement comme “fer de lance“.

Cet affichage massif de l’armée cache plusieurs objectifs : d’une part, la crainte de voir le budget militaire servir de variable d’ajustement, comme cela a été le cas par le passé ; mais aussi de contribuer au renforcement des systèmes de surveillance (dispositifs de contrôle des sorties, application stopcovid, etc.) en créant une habitude et une permanence sur laquelle il sera difficile de revenir.

Ce recours de plus en plus systématique au registre guerrier face à la moindre épreuve collective (catastrophe naturelle, problèmes économiques, épidémie, actes terroristes, accidents industriels, etc.) vise avant tout à renforcer la place de l’armée dans la société, la rendre comme indispensable. Mais il entraîne une confusion dangereuse qui vient banaliser une vision sécuritaire et répressive au détriment d’une mobilisation solidaire et d’une coopération.

Ce qui est grave, c’est l’absence d’interrogation collective suscitée par cette vision sécuritaire plaçant l’armée au centre du “vivre ensemble“..

Patrice Bouveret

Observatoire des armements



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