Le nucléaire à l’assaut des terres
Extraction de 5 millions de m3 de falaise [1], artificialisation de 20 hectares de fonds marins gagnés sur la mer pour la création d’une plateforme, défrichement de plus de 5 hectares de bois, destruction d’espèces protégées, stockage définitif sur place de 185 000 m3 de remblais...Voici une partie du saccage environnemental qui résulterait des travaux d’adaptation du site de Penly qui viennent d’être autorisés par décret. À cela il faudra rajouter les quelques 150 hectares d’emprise au sol nécessaires à la construction de logements et d’un parking de 2 000 places justifiés par l’accueil des hypothétiques 8 000 salarié·e·s et sous-traitant·es attendu·e·s pour le chantier des deux EPR2 mais peut-être aussi d’autres projets qu’EDF estime décorrélés de ce chantier. C’est le cas de trois immenses parkings pour un total de 1 000 places qu’EDF prévoit de construire sur des parcelles agricoles et que l’Autorité Environnementale (Ae) inclut dans la zone d’emprise des EPR2 sans qu’ils ne figurent dans les travaux autorisés par le décret. Au total, 3 ans et demi de travaux sont prévus à partir de cet été selon la délégation interministérielle au nouveau nucléaire sans que les réacteurs EPR2 n’aient été autorisés à ce jour.
Des travaux injustifiés
Nouveauté 2024, ces travaux peuvent débuter alors que le décret d’autorisation de création (DAC) des réacteurs n’a pas encore été obtenu et qu’EDF n’en a même pas fait la demande [2]. Simple formalité administrative ? Pas du tout. Pour l’obtenir, EDF doit faire la preuve que son projet est viable techniquement et financièrement. Ce dont il est permis de douter au vu de l’envolée des coûts (+30%) et le manque criant de détails quant aux possibilités de financementqui caractérisent actuellement ce projet [3]. Mais, il semble que pour EDF, rien n’entravera ce projet. À tel point que l’entreprise n’a, dans son étude d’impact fournie à l’Ae pour examen, pas pris en compte la remise en l’état du site dans le cas où le projet n’aboutirait pas [4]. Pour justifier la destruction d’écosystèmes dont il va être responsable, l’exploitant avait évoqué dans son dossier que les projets d’EPR2 répondaient à une raison impérative d’intérêt public majeur (RIIPM). Petit hic : au moment de cette demande, rien ne le justifiait pour l’Ae. Le tir a depuis été corrigé par un nouveau décret caractérisant ainsi de facto [5] les projets d’EPR2, ce qui l’autorise à déroger aux règles s’appliquant aux projets destructeurs d’espèces protégées au nom de cet intérêt majeur qu’EDF n’a plus à démontrer. Sur le fond, cette caractérisation pose question. Le gouvernement actuel ne s’est en effet toujours pas doté de stratégie énergétique et ne le fera que tardivement et sans passer par la case "débat parlementaire". Il avance donc à marche forcée et sans boussole au détriment du développement des énergies renouvelables (EnR) qu’il devrait pourtant être contraint de mettre en œuvre [6].
En changeant au préalable les normes environnementales, administratives et sanitaires, le gouvernement Macron tente de rendre légales de multiples atteintes au vivant et à la démocratie. 50 ans après le lancement du plan Messmer, qui a abouti à une France sur-nucléarisée sans débat démocratique, la logique de la relance du nucléaire reste la même : le fait accompli, afin de rendre impossible une autre politique énergétique.
Contact presse : Marion Rivet - chargée des relations médias du Réseau "Sortir du nucléaire" : 06 64 66 01 23
Notes
[3] Et qui disqualifient définitivement le "nouveau nucléaire" par rapport aux énergies renouvelables, aussi bien en considérant les scénarios énergétiques de l’ADEME que ceux de RTE (dans ce dernier cas, en tenant également compte du coût du financement du nucléaire qui avait été sous-estimé par RTE).
[4] Avis de l’Ae cité ci-dessus p. 13.
Le nucléaire à l’assaut des terres
Extraction de 5 millions de m3 de falaise [1], artificialisation de 20 hectares de fonds marins gagnés sur la mer pour la création d’une plateforme, défrichement de plus de 5 hectares de bois, destruction d’espèces protégées, stockage définitif sur place de 185 000 m3 de remblais...Voici une partie du saccage environnemental qui résulterait des travaux d’adaptation du site de Penly qui viennent d’être autorisés par décret. À cela il faudra rajouter les quelques 150 hectares d’emprise au sol nécessaires à la construction de logements et d’un parking de 2 000 places justifiés par l’accueil des hypothétiques 8 000 salarié·e·s et sous-traitant·es attendu·e·s pour le chantier des deux EPR2 mais peut-être aussi d’autres projets qu’EDF estime décorrélés de ce chantier. C’est le cas de trois immenses parkings pour un total de 1 000 places qu’EDF prévoit de construire sur des parcelles agricoles et que l’Autorité Environnementale (Ae) inclut dans la zone d’emprise des EPR2 sans qu’ils ne figurent dans les travaux autorisés par le décret. Au total, 3 ans et demi de travaux sont prévus à partir de cet été selon la délégation interministérielle au nouveau nucléaire sans que les réacteurs EPR2 n’aient été autorisés à ce jour.
Des travaux injustifiés
Nouveauté 2024, ces travaux peuvent débuter alors que le décret d’autorisation de création (DAC) des réacteurs n’a pas encore été obtenu et qu’EDF n’en a même pas fait la demande [2]. Simple formalité administrative ? Pas du tout. Pour l’obtenir, EDF doit faire la preuve que son projet est viable techniquement et financièrement. Ce dont il est permis de douter au vu de l’envolée des coûts (+30%) et le manque criant de détails quant aux possibilités de financementqui caractérisent actuellement ce projet [3]. Mais, il semble que pour EDF, rien n’entravera ce projet. À tel point que l’entreprise n’a, dans son étude d’impact fournie à l’Ae pour examen, pas pris en compte la remise en l’état du site dans le cas où le projet n’aboutirait pas [4]. Pour justifier la destruction d’écosystèmes dont il va être responsable, l’exploitant avait évoqué dans son dossier que les projets d’EPR2 répondaient à une raison impérative d’intérêt public majeur (RIIPM). Petit hic : au moment de cette demande, rien ne le justifiait pour l’Ae. Le tir a depuis été corrigé par un nouveau décret caractérisant ainsi de facto [5] les projets d’EPR2, ce qui l’autorise à déroger aux règles s’appliquant aux projets destructeurs d’espèces protégées au nom de cet intérêt majeur qu’EDF n’a plus à démontrer. Sur le fond, cette caractérisation pose question. Le gouvernement actuel ne s’est en effet toujours pas doté de stratégie énergétique et ne le fera que tardivement et sans passer par la case "débat parlementaire". Il avance donc à marche forcée et sans boussole au détriment du développement des énergies renouvelables (EnR) qu’il devrait pourtant être contraint de mettre en œuvre [6].
En changeant au préalable les normes environnementales, administratives et sanitaires, le gouvernement Macron tente de rendre légales de multiples atteintes au vivant et à la démocratie. 50 ans après le lancement du plan Messmer, qui a abouti à une France sur-nucléarisée sans débat démocratique, la logique de la relance du nucléaire reste la même : le fait accompli, afin de rendre impossible une autre politique énergétique.
Contact presse : Marion Rivet - chargée des relations médias du Réseau "Sortir du nucléaire" : 06 64 66 01 23