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Ukraine : Guerre et risques nucléaires

Se passer du gaz russe ? Des pistes existent !

Article publié le 24 août 2022



Comme le rappellent des associations russes en exil [1], la guerre menée par la Russie en Ukraine est largement financée par la vente d’hydrocarbures. Si réduire notre dépendance au gaz russe est un défi important, différents leviers ont déjà été identifiés.

© The Greens/EFA


L’Union européenne et la France dépendent du gaz russe respectivement à hauteur de 40 % et 20 % (soit 126 TWh/an). La guerre en Ukraine est survenue dans une situation déjà délicate : précarité énergétique en hausse, indisponibilité record de nombreux réacteurs nucléaires... Remplacer le gaz russe par du Gaz Naturel Liquéfié américain (beaucoup plus émetteur) ne ferait qu’accroître la crise climatique. La filière hydrogène, par ailleurs très discutable, n’est pas disponible à cours terme.

L’équation n’est pas simple ! Plusieurs travaux publiés au printemps indiquent toutefois la possibilité de réduire fortement la dépendance au gaz russe à court terme et d’envisager de s’en passer totalement à moyen terme, en misant sur les économies d’énergie et les énergies renouvelables. Au niveau européen, une étude publiée par le think tank Ember et la fondation Bellona propose des pistes pour se passer de 66 % du gaz russe d’ici 2025, sans menacer les sorties du charbon ou du nucléaire déjà décidées. L’association négaWatt estime que la mise en œuvre de son dernier scénario permettrait une sortie totale du gaz russe en France d’ici 7 ans.

La sobriété offre des leviers importants et mobilisables rapidement pour réduire notre dépendance. Baisser en moyenne de 1°C la température de chauffage des logements permettrait d’économiser 15 TWh par an. Pour rester socialement équitable, une telle mesure devrait cependant concerner les ménages qui ne souffrent pas déjà de la précarité énergétique. L’extinction de l’éclairage nocturne ferait grappiller quelques TWh, tout comme celui des panneaux publicitaires et vitrines.

En termes d’efficacité, l’isolation des ballons d’eau chaude permettrait d’économiser 10 TWh/an. S’il était tenu (!), l’objectif gouvernemental de 700 000 logements rénovés annuellement économiserait, lui, 18 TWh/an. À très court terme, débloquer les projets d’énergies renouvelables en file d’attente bénéficiant déjà d’une autorisation de raccordement au réseau et n’attendant plus qu’une autorisation administrative pourrait être une piste facile. En mars 2022, 2 800 MW de solaire photovoltaïque et 2 200 MW d’éolien attendaient d’être mis en service, pour un potentiel de production de 10 TWh/an. 25 TWh de biométhane étaient en attente d’autorisation, alors que 40 TWh supplémentaires peuvent être attendus d’ici 7 ans (toutefois, si le biogaz constitue un levier important, son développement ne peut être cautionné les yeux fermés, tous les projets n’étant pas nécessairement vertueux). À moyen terme, il s’agit d’accélérer le développement des énergies renouvelables, notamment en abaissant certaines barrières telles que les zones d’exclusion éolienne des radars militaires... mais aussi de réduire les délais d’instruction des dossiers. Si, en Allemagne, un parc solaire nécessite un an pour sortir de terre, et 4 ans pour un parc éolien, en France, les procédures s’étirent respectivement sur 4 ans et 5 à 10 ans !

Réduction des risques géopolitiques liés à notre dépendance énergétique, arrêt au plus vite du nucléaire, baisse drastique de nos émissions de gaz à effet de serre : à long terme, le seul futur énergétique viable ne peut être que sobre, économe, renouvelable et relocalisé.

Charlotte Mijeon

L’Union européenne et la France dépendent du gaz russe respectivement à hauteur de 40 % et 20 % (soit 126 TWh/an). La guerre en Ukraine est survenue dans une situation déjà délicate : précarité énergétique en hausse, indisponibilité record de nombreux réacteurs nucléaires... Remplacer le gaz russe par du Gaz Naturel Liquéfié américain (beaucoup plus émetteur) ne ferait qu’accroître la crise climatique. La filière hydrogène, par ailleurs très discutable, n’est pas disponible à cours terme.

L’équation n’est pas simple ! Plusieurs travaux publiés au printemps indiquent toutefois la possibilité de réduire fortement la dépendance au gaz russe à court terme et d’envisager de s’en passer totalement à moyen terme, en misant sur les économies d’énergie et les énergies renouvelables. Au niveau européen, une étude publiée par le think tank Ember et la fondation Bellona propose des pistes pour se passer de 66 % du gaz russe d’ici 2025, sans menacer les sorties du charbon ou du nucléaire déjà décidées. L’association négaWatt estime que la mise en œuvre de son dernier scénario permettrait une sortie totale du gaz russe en France d’ici 7 ans.

La sobriété offre des leviers importants et mobilisables rapidement pour réduire notre dépendance. Baisser en moyenne de 1°C la température de chauffage des logements permettrait d’économiser 15 TWh par an. Pour rester socialement équitable, une telle mesure devrait cependant concerner les ménages qui ne souffrent pas déjà de la précarité énergétique. L’extinction de l’éclairage nocturne ferait grappiller quelques TWh, tout comme celui des panneaux publicitaires et vitrines.

En termes d’efficacité, l’isolation des ballons d’eau chaude permettrait d’économiser 10 TWh/an. S’il était tenu (!), l’objectif gouvernemental de 700 000 logements rénovés annuellement économiserait, lui, 18 TWh/an. À très court terme, débloquer les projets d’énergies renouvelables en file d’attente bénéficiant déjà d’une autorisation de raccordement au réseau et n’attendant plus qu’une autorisation administrative pourrait être une piste facile. En mars 2022, 2 800 MW de solaire photovoltaïque et 2 200 MW d’éolien attendaient d’être mis en service, pour un potentiel de production de 10 TWh/an. 25 TWh de biométhane étaient en attente d’autorisation, alors que 40 TWh supplémentaires peuvent être attendus d’ici 7 ans (toutefois, si le biogaz constitue un levier important, son développement ne peut être cautionné les yeux fermés, tous les projets n’étant pas nécessairement vertueux). À moyen terme, il s’agit d’accélérer le développement des énergies renouvelables, notamment en abaissant certaines barrières telles que les zones d’exclusion éolienne des radars militaires... mais aussi de réduire les délais d’instruction des dossiers. Si, en Allemagne, un parc solaire nécessite un an pour sortir de terre, et 4 ans pour un parc éolien, en France, les procédures s’étirent respectivement sur 4 ans et 5 à 10 ans !

Réduction des risques géopolitiques liés à notre dépendance énergétique, arrêt au plus vite du nucléaire, baisse drastique de nos émissions de gaz à effet de serre : à long terme, le seul futur énergétique viable ne peut être que sobre, économe, renouvelable et relocalisé.

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Thèmes
 Guerre en Ukraine