Édito
Quand Nucléaire se confond en Chimère
Bien au-delà des illusions prétentieuses et des avancées technologiques, la crise sanitaire actuelle nous rappelle que nous sommes vulnérables et dépendants de la nature. Quoiqu’en disent les partisans du déni, la crise écologique s’avère elle aussi déjà là, à de multiples niveaux (gaz à effet de serre, pollution plastique, contaminations chimiques et radioactives).
En cas d’accident, une crise nucléaire induira des impacts, certes différents de ceux d’un virus mais plus graves encore. Force est de constater la récente recrudescence de la contamination liée aux incendies dans la région de Tchernobyl.
Face à cette alerte, le langage guerrier des représentants de l’État distille insidieusement propagande sécuritaire et besoin de répression de la soi-disant subversion citoyenne, laquelle met en avant alternatives et coopérations solidaires.
Posons-leur la question : ’Notre santé ou celle de l’industrie nucléaire ?’
Pire encore, dans un élan de négationnisme de l’Humanité, avec des programmes du type Ethos, la filière nucléaire tente de se déresponsabiliser de ses choix mortifères et de responsabiliser les victimes et futures victimes des catastrophes nucléaires.
Pendant ce temps, les piscines de déchets radioactifs (joliment nommés ‘combustibles usés’ par la filière) continuent à se remplir, tendant vers la saturation. Qu’importe, il ‘’suffit’’ d’en construire d’autres ! Il ne faudrait surtout pas entraver le lion nucléaire (CEA-Mines-Orano) portant une tête de chèvre (EDF) et une queue en serpent (ANDRA). Il paraît que le nucléaire est indispensable à la Nation... même si chaque jour il nous mène davantage vers l’accident et le naufrage économique.
Une bonne nouvelle quand même en France (et en Europe) : les réacteurs de Fessenheim s’arrêtent définitivement. Pourtant, les nucléophiles crient au risque de pénurie... Reste donc à faire passer le message : il est possible d’arrêter rapidement 12 réacteurs de plus. Et ce n’est pas la seule ASN qui dictera aux nucléocrates aveugles le chemin à suivre. La mobilisation Stop Tricastin montre que c’est aux citoyens d’exiger l’arrêt du nucléaire. C’est également à la société civile et à ses élus d’imposer la déconstruction des vieux réacteurs, à commencer par les réacteurs UNGG, sans remettre ces opérations dans les mains des générations futures.
En Afrique aussi, les sirènes nucléocrates sont à l’œuvre. Mêlant manipulations financières et relents de domination colonialiste, les lobbies de l’atome veulent installer des réacteurs nucléaires supposés assurer l’abondance énergétique à des peuples qui possèdent bien d’autres alternatives.
Il semble que la réalité rejoint, voire dépasse, le mythe. Décidément, doté de sa double face civile et militaire, le nucléaire est en passe de concrétiser une nouvelle et épouvantable Chimère.
Alors, continuons à lutter contre ce monstre !
L’équipe du Réseau “Sortir du nucléaire“