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Nos communiqués de presse

Présidentielle au PS : M. Fabius et Mme Royal ont répondu aux questions du Réseau "Sortir du nucléaire"

Communiqué du 15 novembre 2006



Le Réseau "Sortir du nucléaire" publie et commente ce jour les réponses qu’il a reçues de M. Fabius et Mme Royal (par ordre alphabétique). Le secrétariat de M. Strauss-Kahn annonce une réponse pour vendredi, soit après le 1er vote interne du PS.

Important : Le Réseau "Sortir du nucléaire", sauf énorme surprise, n’attend pas de réponse satisfaisante de la part du troisième candidat, M. Strauss-Khan. Ancien ministre de l’économie, il a été grassement payé comme “consultant” d’EDF pour des opérations de promotion du nucléaire. Lire absolument à ce sujet l’extrait du livre “Les Vies cachées de DSK” : https://www.sortirdunucleaire.org/info16/li1610.htm

Si M. Fabius et Mme Royal affichent en préambule de bonnes intentions (économies d’énergie, développement des énergies renouvelables, fiscalité écologique, etc.), il est clair que ce sont les réponses aux questions précises posées par le Réseau "Sortir du nucléaire" qui sont significatives. Or ces réponses sont globalement insatisfaisantes ou, au "mieux", très ambiguës.

Si ces réponses ne semblent pas à même de départager les deux candidats, elles n’apparaissent pas du tout convaincantes dans la perspective de l’élection présidentielle elle-même.


Projet de construction du réacteur nucléaire EPR :

Malgré la demande précise du Réseau "Sortir du nucléaire", les deux candidats ne répondent pas véritablement à la question "Si vous remportez l’élection présidentielle, annulerez-vous la construction du réacteur EPR ?"

Laurent Fabius : "Je suis opposé à la décision précipitée de construire aujourd’hui en France un nouveau réacteur nucléaire de type EPR, avec une technologie dont les inconvénients ne sont pas très différents de ce qui existe aujourd’hui et qui peut encore beaucoup évoluer dans les années à venir."

Ségolène Royal : " Je déplore que la construction de l’EPR ait été décidée dans la précipitation et sans aucun débat démocratique préalable. Les enjeux n’ont pas été correctement analysés et discutés. Ainsi l’EPR correspond-il, en l’état actuel du parc nucléaire français, à un vrai besoin ? En outre, ce choix obère une partie des crédits dédiés à la recherche sur le traitement des déchets, sur les installations de la quatrième génération et sur les énergies renouvelables."

Analyse du Réseau "Sortir du nucléaire" : les deux candidats contestent la "précipitation" de la décision de construire l’EPR… sans véritablement la remettre en cause. Pire, ils laissent clairement entendre qu’il sera bienvenu d’investir quand même dans le nucléaire ("Une technologie qui peut encore beaucoup évoluer" ; "La recherche sur les installations de la 4ème génération").


Enfouissement des déchets nucléaires :

Laurent Fabius : "S’agissant de la politique des déchets radioactifs, je considère que nous devons poursuivre la recherche sur les trois voies qui ont été définies, mais nous garder de toute décision irréversible en l’absence d’une solution durable qui évite de reporter le problème sur les générations futures."

Ségolène Royal : "L’état actuel de la recherche sur le traitement des déchets radioactifs ne permet pas d’avoir de solution entièrement satisfaisante. Il est donc indispensable d’accentuer l’effort de recherche dans ce secteur. Mais l’enfouissement est certainement une solution préoccupante pour l’avenir : il ne me paraît pas possible, dans l’état actuel des connaissances et des techniques, de s’engager dans une telle voie."

Analyse du Réseau "Sortir du nucléaire" :
- Mme Royal se prononce assez clairement contre cet enfouissement… mais en laissant ouverte la question avec la formule "dans l’état actuel des connaissances et des techniques". Cette réponse n’est donc que relativement satisfaisante.
- M. Fabius reste extrêmement ambigu, ne prenant pas clairement position. Sa réponse est donc tout à fait insatisfaisante.

Enfin, malgré la demande précise du Réseau "Sortir du nucléaire", les deux candidats ne répondent pas à la question "Reconnaissez-vous qu’il n’y a aucune solution acceptable pour les déchets radioactifs et que la première chose est d’arrêter au plus vite d’en produire ?"
Tout en reconnaissant l’absence de solution satisfaisante, ils ne remettent pas en cause le fait même de produire des déchets radioactifs. Il s’agit là d’un cas explicite d’inconséquence.


Quelle "réduction de la part du nucléaire" ?

M. Fabius : "(...) une autre approche que la politique actuelle du tout nucléaire"

Mme Royal : "La part du nucléaire sera progressivement abaissée pour faire passer à 20% en 2020 la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie."

Analyse du Réseau "Sortir du nucléaire" :

Malgré la demande précise du Réseau "Sortir du nucléaire", les deux candidats ne répondent pas à la question "Si vous remportez l’élection présidentielle, déciderez-vous d’un plan de fermeture d’un certain nombre de réacteurs nucléaires en France, par exemple en commençant par les plus anciens ?"
Les deux candidats se contentent de généralités ("La part du nucléaire sera progressivement abaissée" ET "Une autre approche que la politique actuelle du tout nucléaire"), mais sans fournir le moindre pourcentage, sans parler de la fermeture du moindre réacteur nucléaire.


Conclusion

De toute évidence, malgré des déclarations "dans l’air du temps" sur la protection de l’environnement, le développement durable, les économies d’énergie, les énergies renouvelables, le PS et ses candidats restent incontestablement pro-nucléaires. Ils n’envisagent aucunement, même sous l’angle d’une simple hypothèse, un plan de sortie du nucléaire, et ce malgré la référence faite à dessein par le Réseau "Sortir du nucléaire" aux socialistes allemands, qui défendent contre la droite la poursuite du plan de sortie du nucléaire.

Même sur la seule question du réacteur nucléaire EPR, les candidats socialistes restent très ambigus. S’ils sont, comme le précisent les textes du PS, "contre la construction de l’EPR maintenant", n’est-ce pas parce qu’ils seront pour l’EPR un peu plus tard ? Autant dire : après les élections…


Réseau "Sortir du nucléaire" - Mercredi 15 novembre 2006



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Les réponses complètes :

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Réponse de Laurent Fabius :

Paris, le 13 novembre 2006

Cher Monsieur,

Vous avez bien voulu m’interroger, au nom de votre réseau sur un certain nombre de questions concernant la filière nucléaire.

Comme vous le savez, je suis pour ma part décidé, dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, à mener de façon volontariste une politique extrêmement active d’économie et de diversification énergétique et de développement des énergies renouvelables. Cette priorité suppose une autre approche que la politique actuelle du tout nucléaire, menée sans transparence suffisante ni réel débat.

C’est pourquoi, conformément à la position prise en son temps par le Parti Socialiste, je suis opposé à la décision précipitée de construire aujourd’hui en France un nouveau réacteur nucléaire de type EPR, avec une technologie dont les inconvénients ne sont pas très différents de ce qui existe aujourd’hui et qui peut encore beaucoup évoluer dans les années à venir.

S’agissant de la politique des déchets radioactifs, je considère que nous devons poursuivre la recherche sur les trois voies qui ont été définies, mais nous garder de toute décision irréversible en l’absence d’une solution durable qui évite de reporter le problème sur les générations futures.

Sur ces questions énergétiques, j’estime enfin indispensable que soit organisé dans le pays un large débat dont le vrai pluralisme devra être garanti, contrairement à ce qui s’est passé ces dernières années.

Je vous prie de croire, cher Monsieur, à l’assurance de ma profonde considération.

Laurent Fabius


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Réponse de Ségolène Royal

Paris, le 13 novembre 2006

Mesdames, Messieurs,

La question énergétique, intimement liée à celle de l’environnement, est une des questions majeures que nous devrons résoudre dans les années à venir. Notre pays a pris du retard, tant du point de vue du développement des énergies renouvelables que de celui des économies d’énergie. Or nous devons préparer dès maintenant l’après-pétrole. J’ai dit que je voulais que la France soit le pays de l’excellence environnementale, et que la relance de l’Europe se fasse notamment sur cet objectif.

C’est une question de responsabilité face à une réalité, celle de la crise environnementale profonde que nous vivons, marquée par le changement climatique, la perspective de l’épuisement des hydrocarbures et les atteintes à la santé par les pollutions de toute nature. C’est aussi une question de devoir pour assurer un avenir meilleur à nos enfants. Défendre la justice sociale et l’égalité des chances, cela passe aussi par la prévention et la réparation des risques environnementaux. Nos concitoyens attendent aujourd’hui de l’Etat qu’il les protège dans un monde instable et perçu comme menaçant Or, l’Etat peut agir, efficacement s’il le veut, dans la prévention des risques environnementaux et la promotion de nouveaux comportements.

Les outils existent, ils ne sont pas utilisés. Utiliser l’arme de la fiscalité écologique pour modifier les comportements et financer les politiques environnementales, construire de nouveaux réseaux de transports en commun en ville ou en agglomération, diffuser les progrès techniques pour permettre de consommer moins, lancer un grand plan de recherche publique pour mettre au point de nouvelles énergies alternatives, favoriser la production et l’utilisation des énergies qui ont déjà prouvé leur efficacité, comme l’éolien, le photovoltaïque, l’hydraulique, la biomasse, la géothermie et les bio carburants, lancer un programme pour une meilleure isolation des logements, voilà les orientations pour s’engager dans la voie de l’efficacité énergétique. Bien entendu cela nécessitera une modification des comportements de consommation, de déplacements et des transports. Mais je crois que nos concitoyens sont conscients que c’est une nécessité, mais aussi une chance car les emplois de demain sont en grande partie dans les éco-industries.

Dans le cadre de cette politique, la part du nucléaire sera progressivement abaissée pour faire passer à 20% en 2020 la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie. J’estime tout à fait excessive la place du nucléaire dans la production électrique française. Il est donc indispensable de la réduire progressivement, dans des délais raisonnables et de diversifier nos modes de production électrique pour arriver à un bouquet énergétique.

Je déplore que la construction de l’EPR ait été décidée dans la précipitation et sans aucun débat démocratique préalable. Les enjeux n’ont pas été correctement analysés et discutés. Ainsi l’EPR correspond-il, en l’état actuel du parc nucléaire français, à un vrai besoin ? En outre, ce choix obère une partie des crédits dédiés à la recherche sur le traitement des déchets, sur les installations de la quatrième génération et sur les énergies renouvelables. On voit que c’est l’ensemble des enjeux énergétiques et des options qui devra être remis à plat.

Cette remise à plat devra se faire dans la transparence. Je m’engage à mettre fin à l’opacité qui entoure aujourd’hui le secteur nucléaire en France. Toutes les décisions relatives au nucléaire feront l’objet d’un vaste débat public alimenté par des études scientifiques incontestables. Le contrôle de ce secteur devra également être rendu plus efficace et plus crédible aux yeux des citoyens.

Enfin, l’état actuel de la recherche sur le traitement des déchets radioactifs ne permet pas d’avoir de solution entièrement satisfaisante. Il est donc indispensable d’accentuer l’effort de recherche dans ce secteur. Mais l’enfouissement est certainement une solution préoccupante pour l’avenir : il ne me paraît pas possible, dans l’état actuel des connaissances et des techniques, de s’engager dans une telle voie.

Je vous prie d’agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Ségolène Royal

Le Réseau "Sortir du nucléaire" publie et commente ce jour les réponses qu’il a reçues de M. Fabius et Mme Royal (par ordre alphabétique). Le secrétariat de M. Strauss-Kahn annonce une réponse pour vendredi, soit après le 1er vote interne du PS.

Important : Le Réseau "Sortir du nucléaire", sauf énorme surprise, n’attend pas de réponse satisfaisante de la part du troisième candidat, M. Strauss-Khan. Ancien ministre de l’économie, il a été grassement payé comme “consultant” d’EDF pour des opérations de promotion du nucléaire. Lire absolument à ce sujet l’extrait du livre “Les Vies cachées de DSK” : https://www.sortirdunucleaire.org/info16/li1610.htm

Si M. Fabius et Mme Royal affichent en préambule de bonnes intentions (économies d’énergie, développement des énergies renouvelables, fiscalité écologique, etc.), il est clair que ce sont les réponses aux questions précises posées par le Réseau "Sortir du nucléaire" qui sont significatives. Or ces réponses sont globalement insatisfaisantes ou, au "mieux", très ambiguës.

Si ces réponses ne semblent pas à même de départager les deux candidats, elles n’apparaissent pas du tout convaincantes dans la perspective de l’élection présidentielle elle-même.


Projet de construction du réacteur nucléaire EPR :

Malgré la demande précise du Réseau "Sortir du nucléaire", les deux candidats ne répondent pas véritablement à la question "Si vous remportez l’élection présidentielle, annulerez-vous la construction du réacteur EPR ?"

Laurent Fabius : "Je suis opposé à la décision précipitée de construire aujourd’hui en France un nouveau réacteur nucléaire de type EPR, avec une technologie dont les inconvénients ne sont pas très différents de ce qui existe aujourd’hui et qui peut encore beaucoup évoluer dans les années à venir."

Ségolène Royal : " Je déplore que la construction de l’EPR ait été décidée dans la précipitation et sans aucun débat démocratique préalable. Les enjeux n’ont pas été correctement analysés et discutés. Ainsi l’EPR correspond-il, en l’état actuel du parc nucléaire français, à un vrai besoin ? En outre, ce choix obère une partie des crédits dédiés à la recherche sur le traitement des déchets, sur les installations de la quatrième génération et sur les énergies renouvelables."

Analyse du Réseau "Sortir du nucléaire" : les deux candidats contestent la "précipitation" de la décision de construire l’EPR… sans véritablement la remettre en cause. Pire, ils laissent clairement entendre qu’il sera bienvenu d’investir quand même dans le nucléaire ("Une technologie qui peut encore beaucoup évoluer" ; "La recherche sur les installations de la 4ème génération").


Enfouissement des déchets nucléaires :

Laurent Fabius : "S’agissant de la politique des déchets radioactifs, je considère que nous devons poursuivre la recherche sur les trois voies qui ont été définies, mais nous garder de toute décision irréversible en l’absence d’une solution durable qui évite de reporter le problème sur les générations futures."

Ségolène Royal : "L’état actuel de la recherche sur le traitement des déchets radioactifs ne permet pas d’avoir de solution entièrement satisfaisante. Il est donc indispensable d’accentuer l’effort de recherche dans ce secteur. Mais l’enfouissement est certainement une solution préoccupante pour l’avenir : il ne me paraît pas possible, dans l’état actuel des connaissances et des techniques, de s’engager dans une telle voie."

Analyse du Réseau "Sortir du nucléaire" :
- Mme Royal se prononce assez clairement contre cet enfouissement… mais en laissant ouverte la question avec la formule "dans l’état actuel des connaissances et des techniques". Cette réponse n’est donc que relativement satisfaisante.
- M. Fabius reste extrêmement ambigu, ne prenant pas clairement position. Sa réponse est donc tout à fait insatisfaisante.

Enfin, malgré la demande précise du Réseau "Sortir du nucléaire", les deux candidats ne répondent pas à la question "Reconnaissez-vous qu’il n’y a aucune solution acceptable pour les déchets radioactifs et que la première chose est d’arrêter au plus vite d’en produire ?"
Tout en reconnaissant l’absence de solution satisfaisante, ils ne remettent pas en cause le fait même de produire des déchets radioactifs. Il s’agit là d’un cas explicite d’inconséquence.


Quelle "réduction de la part du nucléaire" ?

M. Fabius : "(...) une autre approche que la politique actuelle du tout nucléaire"

Mme Royal : "La part du nucléaire sera progressivement abaissée pour faire passer à 20% en 2020 la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie."

Analyse du Réseau "Sortir du nucléaire" :

Malgré la demande précise du Réseau "Sortir du nucléaire", les deux candidats ne répondent pas à la question "Si vous remportez l’élection présidentielle, déciderez-vous d’un plan de fermeture d’un certain nombre de réacteurs nucléaires en France, par exemple en commençant par les plus anciens ?"
Les deux candidats se contentent de généralités ("La part du nucléaire sera progressivement abaissée" ET "Une autre approche que la politique actuelle du tout nucléaire"), mais sans fournir le moindre pourcentage, sans parler de la fermeture du moindre réacteur nucléaire.


Conclusion

De toute évidence, malgré des déclarations "dans l’air du temps" sur la protection de l’environnement, le développement durable, les économies d’énergie, les énergies renouvelables, le PS et ses candidats restent incontestablement pro-nucléaires. Ils n’envisagent aucunement, même sous l’angle d’une simple hypothèse, un plan de sortie du nucléaire, et ce malgré la référence faite à dessein par le Réseau "Sortir du nucléaire" aux socialistes allemands, qui défendent contre la droite la poursuite du plan de sortie du nucléaire.

Même sur la seule question du réacteur nucléaire EPR, les candidats socialistes restent très ambigus. S’ils sont, comme le précisent les textes du PS, "contre la construction de l’EPR maintenant", n’est-ce pas parce qu’ils seront pour l’EPR un peu plus tard ? Autant dire : après les élections…


Réseau "Sortir du nucléaire" - Mercredi 15 novembre 2006



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Les réponses complètes :

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Réponse de Laurent Fabius :

Paris, le 13 novembre 2006

Cher Monsieur,

Vous avez bien voulu m’interroger, au nom de votre réseau sur un certain nombre de questions concernant la filière nucléaire.

Comme vous le savez, je suis pour ma part décidé, dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, à mener de façon volontariste une politique extrêmement active d’économie et de diversification énergétique et de développement des énergies renouvelables. Cette priorité suppose une autre approche que la politique actuelle du tout nucléaire, menée sans transparence suffisante ni réel débat.

C’est pourquoi, conformément à la position prise en son temps par le Parti Socialiste, je suis opposé à la décision précipitée de construire aujourd’hui en France un nouveau réacteur nucléaire de type EPR, avec une technologie dont les inconvénients ne sont pas très différents de ce qui existe aujourd’hui et qui peut encore beaucoup évoluer dans les années à venir.

S’agissant de la politique des déchets radioactifs, je considère que nous devons poursuivre la recherche sur les trois voies qui ont été définies, mais nous garder de toute décision irréversible en l’absence d’une solution durable qui évite de reporter le problème sur les générations futures.

Sur ces questions énergétiques, j’estime enfin indispensable que soit organisé dans le pays un large débat dont le vrai pluralisme devra être garanti, contrairement à ce qui s’est passé ces dernières années.

Je vous prie de croire, cher Monsieur, à l’assurance de ma profonde considération.

Laurent Fabius


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Réponse de Ségolène Royal

Paris, le 13 novembre 2006

Mesdames, Messieurs,

La question énergétique, intimement liée à celle de l’environnement, est une des questions majeures que nous devrons résoudre dans les années à venir. Notre pays a pris du retard, tant du point de vue du développement des énergies renouvelables que de celui des économies d’énergie. Or nous devons préparer dès maintenant l’après-pétrole. J’ai dit que je voulais que la France soit le pays de l’excellence environnementale, et que la relance de l’Europe se fasse notamment sur cet objectif.

C’est une question de responsabilité face à une réalité, celle de la crise environnementale profonde que nous vivons, marquée par le changement climatique, la perspective de l’épuisement des hydrocarbures et les atteintes à la santé par les pollutions de toute nature. C’est aussi une question de devoir pour assurer un avenir meilleur à nos enfants. Défendre la justice sociale et l’égalité des chances, cela passe aussi par la prévention et la réparation des risques environnementaux. Nos concitoyens attendent aujourd’hui de l’Etat qu’il les protège dans un monde instable et perçu comme menaçant Or, l’Etat peut agir, efficacement s’il le veut, dans la prévention des risques environnementaux et la promotion de nouveaux comportements.

Les outils existent, ils ne sont pas utilisés. Utiliser l’arme de la fiscalité écologique pour modifier les comportements et financer les politiques environnementales, construire de nouveaux réseaux de transports en commun en ville ou en agglomération, diffuser les progrès techniques pour permettre de consommer moins, lancer un grand plan de recherche publique pour mettre au point de nouvelles énergies alternatives, favoriser la production et l’utilisation des énergies qui ont déjà prouvé leur efficacité, comme l’éolien, le photovoltaïque, l’hydraulique, la biomasse, la géothermie et les bio carburants, lancer un programme pour une meilleure isolation des logements, voilà les orientations pour s’engager dans la voie de l’efficacité énergétique. Bien entendu cela nécessitera une modification des comportements de consommation, de déplacements et des transports. Mais je crois que nos concitoyens sont conscients que c’est une nécessité, mais aussi une chance car les emplois de demain sont en grande partie dans les éco-industries.

Dans le cadre de cette politique, la part du nucléaire sera progressivement abaissée pour faire passer à 20% en 2020 la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie. J’estime tout à fait excessive la place du nucléaire dans la production électrique française. Il est donc indispensable de la réduire progressivement, dans des délais raisonnables et de diversifier nos modes de production électrique pour arriver à un bouquet énergétique.

Je déplore que la construction de l’EPR ait été décidée dans la précipitation et sans aucun débat démocratique préalable. Les enjeux n’ont pas été correctement analysés et discutés. Ainsi l’EPR correspond-il, en l’état actuel du parc nucléaire français, à un vrai besoin ? En outre, ce choix obère une partie des crédits dédiés à la recherche sur le traitement des déchets, sur les installations de la quatrième génération et sur les énergies renouvelables. On voit que c’est l’ensemble des enjeux énergétiques et des options qui devra être remis à plat.

Cette remise à plat devra se faire dans la transparence. Je m’engage à mettre fin à l’opacité qui entoure aujourd’hui le secteur nucléaire en France. Toutes les décisions relatives au nucléaire feront l’objet d’un vaste débat public alimenté par des études scientifiques incontestables. Le contrôle de ce secteur devra également être rendu plus efficace et plus crédible aux yeux des citoyens.

Enfin, l’état actuel de la recherche sur le traitement des déchets radioactifs ne permet pas d’avoir de solution entièrement satisfaisante. Il est donc indispensable d’accentuer l’effort de recherche dans ce secteur. Mais l’enfouissement est certainement une solution préoccupante pour l’avenir : il ne me paraît pas possible, dans l’état actuel des connaissances et des techniques, de s’engager dans une telle voie.

Je vous prie d’agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Ségolène Royal


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