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Message aux politiciens du Dr Tatsuhiko Kodama

27 juillet 2011 | 439 vues




Le Pr Tatsuhiko Kodama de l’université de Tokyo dit aux politiciens : ’’Que faites-vous ?’’



Le Pr Tatsukiko Kodama est le président du Centre des Radioisotope de l’université de Tokyo. Le 27 juillet, il est venu à la Chambre Basse japonaise de la Diète, en tant que témoin pour le Comité de Protection Sociale et du Travail.

Vous souvenez-vous du Pr Kosako, également de l’université de Tokyo, qui a démissionné de son poste de conseiller spécial du premier ministre pour manifester contre la limite de radioactivité de 20 millisieverts/an pour les enfants des écoles ? Il y a plus de chercheurs courageux que je ne le pensais à Todai (université de Tokyo) – l’école suprême pour ’’l’establishment’’. Le Pr Kodama a littéralement crié aux politiciens du comité, ’’Que diable faîtes-vous ?’’

Il se référait bien sûr à la pathétique réponse du gouvernement national pour sa gestion de la crise nucléaire, particulièrement quand il s’agit de protéger les enfants. Même si vous ne comprenez pas la langue, jetez un oeil et écoutez. Il semble sincère, et sa voix tremble littéralement de colère.

Parallèlement à sa colère, il a donné des informations très intéressantes et très dérangeantes, que j’ai essayé de résumer ci-dessous :

Il commence avec les retombées radioactives à Tokyo :

’’On a détecté 5 microsieverts/h de radioactivité à Tokai-mura dans la préfecture d’Ibaraki à environ 9 h du matin le 15 mars, et averti le ministère de l’éducation et de la science dans le cadre de la ’’notification de l’article 10’’ [comme spécifié dans la loi des contre-mesures dans les catastrophes nucléaires]. Plus tard, une radioactivité dépassant 0,5 microsieverts/h a été détectée à Tokyo. Puis le 22 mars il y a plu et la pluie a apporté 0,2 microsieverts/h de radioactivité et c’est je crois la raison d’un niveau élevé ce jour-là. Le secrétaire en chef du Cabinet Edano a dit à ce moment-là ’’Il n’y a pas d’effet immédiat sur la santé’’. J’ai pensé réellement que cela allait devenir un gros, gros problème.’’

C’était vraiment aux infos que 5 microsieverts/h avait été détecté à Tokai-mura le 15 mars au matin, mais presque personne, sauf les experts en nucléaire comme lui, n’avait fait le lien entre les infos et le niveau élevé à Tokyo. Les habitants de Tokyo n’en ont même rien su. Qu’est-il arrivé ce matin du 15 mars ? Et bien, le réacteur 4 de la centrale a fait à 6h du matin un ’’gros bruit’’, qui a fait exploser le toit et la chambre de suppression du réacteur 2 a explosé à 6h14. Ou bien cela a pu venir de l’explosion du réacteur 3 la veille, le 14 mars à 11h01. Le Professeur continue à exprimer son inquiétude à ce moment-là :

’’Pourquoi étais-je inquiet ? Parce que la méthode actuelle de prévention des dommages dus aux radiations est basée sur le fait d’avoir une petite quantité de matériaux radioactifs qui émet une très forte radiation. Dans ce cas, la quantité totale de matériaux radioactifs n’est pas un problème. Ce qui l’est c’est l’intensité de la radiation.

’’Pourtant, dans le cas de l’accident de la centrale de Fukushima, 5 microsieverts dans un rayon de 100 km [il se réfère à Tokai-mura], 0,5 microsieverts dans un rayon de 200 km [il se réfère à la zone de Tokyo]et la radioactivité s’est étendue loin au-delà, même jusqu’aux thés d’Ashigara et Shizuoka, comme tout le monde le sait maintenant.’’

Donc, au lieu d’une petite quantité de matériaux hautement radioactifs dans une zone restreinte, ce que nous avons est une énorme quantité de matériaux radioactifs largement dispersés.

Il continue : ’’ Quand nous recherchons la maladie des rayons, nous regardons la quantité totale de matériaux radioactifs. Mais il n’y a aucun rapport précis de TEPCO ou du gouvernement japonais pour nous dire combien de matériaux radioactifs ont été libérés de Fukushima.

’’Donc, en utilisant notre base de connaissance du Centre des Radioisotopes, nous l’avons calculé. En se basant sur les données thermiques, c’est 29,6 fois la quantité libérée par la bombe nucléaire sur Hiroshima. En équivalent uranium, c’est 20 bombes d’Hiroshima.

’’Ce qui est le plus effrayant est qu’avec une bombe nucléaire la radioactivité va décroître d’un millième en un an, celle d’une centrale nucléaire ne va décroître, elle, que d’un dixième.

’’En d’autres mots, nous aurions du reconnaître depuis le début qu’exactement comme à Tchernobyl, Fukushima a libéré des matériaux radioactifs équivalents à la quantité de dix bombes nucléaires, et que la contamination qui en résulte est de loin bien pire qu’une contamination par bombe nucléaire.’’

Quelle est donc l’implication d’une énorme quantité de matériaux radioactifs libérés et dispersés largement ?Il est beaucoup plus dur de prédire le comportement des particules, car elles possèdent des moeurs non-linéaires :

’’Quand une grande quantité de matériaux radioactifs est libérée, ce sont des particules. La dispersion des particules est non-linéaire, et c’est l’un des calculs les plus difficiles dans la dynamique des fluides. Le combustible nucléaire est comme du sable caché dans de la résine synthétique, mais une fois que le combustible fond, une grande quantité de particules super-fines est libérée.

’’Qu’arrive-t-il alors ? Le problème est analogue à celui du foin de riz. Le schéma de contamination ne suit pas des cercles concentriques. Cela dépend du temps. Cela dépend aussi de l’endroit où les particules atterrissent – comme sur des matériaux qui absorbent de l’eau, par exemple.’’ Son Centre des Radioisotopes a aidé la ville de Minami Soma, et il décrit la situation de la ville en détails concernant le foin de riz radioactif : ’’Nous au Centre des Radioisotopes avons aidé Minami Soma dans l’effort de décontamination. Nous avons effectué 7 décontaminations jusqu’ici. Quand nous y sommes allés la première fois, il n’y avait qu’un seul compteur Geiger. Le 19 mars après que le ministère de l’agriculture a délivré un compte-rendu [sur le bétail], la nourriture, l’eau et le carburant étaient sur le point d’être épuisés dans la ville. Le maire a lancé un appel à l’aide sur Internet, qui a été largement visionné.

’’Dans ce genre de situation, personne n’a voulu regarder le bout de papier du ministère, personne n’a voulu savoir. Les éleveurs ne savaient pas que le foin de riz était en danger. Ils ont acheté quand même la nourriture à l’extérieur, payant des centaines de milliers de yens, et ont commencé à abreuver le bétail avec la même nappe phréatique qu’eux. ’’Que pouvions-nous donc faire ? Nous devons garantir qu’une mesure de radioactivité minutieuse est faite dans la zone contaminée. Comme je l’ai dit, il n’y avait qu’un compteur geiger à Minami Soma quand nous sommes venus en mai. En fait, il y avait 20 dosimètres fournis par les militaires US. Mais personne à la mairie ne pouvait comprendre le manuel en anglais jusqu’à ce que nous arrivions et leur disions comment les utiliser. C’est comme cela là-bas.

’’Quant à l’inspection de la nourriture, il y a plus d’appareils perfectionnés de contrôle que de compteurs pour le germanium, comme les détecteurs semi-conducteurs. Pourquoi le gouvernement japonais ne dépense-t-il pas d’argent pour des subventions [le développement de ces détecteurs perfectionnés] ? ’’Depuis 3 mois, le gouvernement n’a rien fait de tout cela et j’en tremble de colère.’’

source :
https://bistrobarblog.blogspot.com/2011/07/politiciens-du-japon-que-faites-vous-13.html

suite :

https://bistrobarblog.blogspot.com/2011/07/politiciens-du-japon-que-faites-vous-23.html

https://bistrobarblog.blogspot.com/2011/07/politiciens-du-japon-que-faites-vous-33.html

Traduction en anglais

Le Pr Tatsukiko Kodama est le président du Centre des Radioisotope de l’université de Tokyo. Le 27 juillet, il est venu à la Chambre Basse japonaise de la Diète, en tant que témoin pour le Comité de Protection Sociale et du Travail.

Vous souvenez-vous du Pr Kosako, également de l’université de Tokyo, qui a démissionné de son poste de conseiller spécial du premier ministre pour manifester contre la limite de radioactivité de 20 millisieverts/an pour les enfants des écoles ? Il y a plus de chercheurs courageux que je ne le pensais à Todai (université de Tokyo) – l’école suprême pour ’’l’establishment’’. Le Pr Kodama a littéralement crié aux politiciens du comité, ’’Que diable faîtes-vous ?’’

Il se référait bien sûr à la pathétique réponse du gouvernement national pour sa gestion de la crise nucléaire, particulièrement quand il s’agit de protéger les enfants. Même si vous ne comprenez pas la langue, jetez un oeil et écoutez. Il semble sincère, et sa voix tremble littéralement de colère.

Parallèlement à sa colère, il a donné des informations très intéressantes et très dérangeantes, que j’ai essayé de résumer ci-dessous :

Il commence avec les retombées radioactives à Tokyo :

’’On a détecté 5 microsieverts/h de radioactivité à Tokai-mura dans la préfecture d’Ibaraki à environ 9 h du matin le 15 mars, et averti le ministère de l’éducation et de la science dans le cadre de la ’’notification de l’article 10’’ [comme spécifié dans la loi des contre-mesures dans les catastrophes nucléaires]. Plus tard, une radioactivité dépassant 0,5 microsieverts/h a été détectée à Tokyo. Puis le 22 mars il y a plu et la pluie a apporté 0,2 microsieverts/h de radioactivité et c’est je crois la raison d’un niveau élevé ce jour-là. Le secrétaire en chef du Cabinet Edano a dit à ce moment-là ’’Il n’y a pas d’effet immédiat sur la santé’’. J’ai pensé réellement que cela allait devenir un gros, gros problème.’’

C’était vraiment aux infos que 5 microsieverts/h avait été détecté à Tokai-mura le 15 mars au matin, mais presque personne, sauf les experts en nucléaire comme lui, n’avait fait le lien entre les infos et le niveau élevé à Tokyo. Les habitants de Tokyo n’en ont même rien su. Qu’est-il arrivé ce matin du 15 mars ? Et bien, le réacteur 4 de la centrale a fait à 6h du matin un ’’gros bruit’’, qui a fait exploser le toit et la chambre de suppression du réacteur 2 a explosé à 6h14. Ou bien cela a pu venir de l’explosion du réacteur 3 la veille, le 14 mars à 11h01. Le Professeur continue à exprimer son inquiétude à ce moment-là :

’’Pourquoi étais-je inquiet ? Parce que la méthode actuelle de prévention des dommages dus aux radiations est basée sur le fait d’avoir une petite quantité de matériaux radioactifs qui émet une très forte radiation. Dans ce cas, la quantité totale de matériaux radioactifs n’est pas un problème. Ce qui l’est c’est l’intensité de la radiation.

’’Pourtant, dans le cas de l’accident de la centrale de Fukushima, 5 microsieverts dans un rayon de 100 km [il se réfère à Tokai-mura], 0,5 microsieverts dans un rayon de 200 km [il se réfère à la zone de Tokyo]et la radioactivité s’est étendue loin au-delà, même jusqu’aux thés d’Ashigara et Shizuoka, comme tout le monde le sait maintenant.’’

Donc, au lieu d’une petite quantité de matériaux hautement radioactifs dans une zone restreinte, ce que nous avons est une énorme quantité de matériaux radioactifs largement dispersés.

Il continue : ’’ Quand nous recherchons la maladie des rayons, nous regardons la quantité totale de matériaux radioactifs. Mais il n’y a aucun rapport précis de TEPCO ou du gouvernement japonais pour nous dire combien de matériaux radioactifs ont été libérés de Fukushima.

’’Donc, en utilisant notre base de connaissance du Centre des Radioisotopes, nous l’avons calculé. En se basant sur les données thermiques, c’est 29,6 fois la quantité libérée par la bombe nucléaire sur Hiroshima. En équivalent uranium, c’est 20 bombes d’Hiroshima.

’’Ce qui est le plus effrayant est qu’avec une bombe nucléaire la radioactivité va décroître d’un millième en un an, celle d’une centrale nucléaire ne va décroître, elle, que d’un dixième.

’’En d’autres mots, nous aurions du reconnaître depuis le début qu’exactement comme à Tchernobyl, Fukushima a libéré des matériaux radioactifs équivalents à la quantité de dix bombes nucléaires, et que la contamination qui en résulte est de loin bien pire qu’une contamination par bombe nucléaire.’’

Quelle est donc l’implication d’une énorme quantité de matériaux radioactifs libérés et dispersés largement ?Il est beaucoup plus dur de prédire le comportement des particules, car elles possèdent des moeurs non-linéaires :

’’Quand une grande quantité de matériaux radioactifs est libérée, ce sont des particules. La dispersion des particules est non-linéaire, et c’est l’un des calculs les plus difficiles dans la dynamique des fluides. Le combustible nucléaire est comme du sable caché dans de la résine synthétique, mais une fois que le combustible fond, une grande quantité de particules super-fines est libérée.

’’Qu’arrive-t-il alors ? Le problème est analogue à celui du foin de riz. Le schéma de contamination ne suit pas des cercles concentriques. Cela dépend du temps. Cela dépend aussi de l’endroit où les particules atterrissent – comme sur des matériaux qui absorbent de l’eau, par exemple.’’ Son Centre des Radioisotopes a aidé la ville de Minami Soma, et il décrit la situation de la ville en détails concernant le foin de riz radioactif : ’’Nous au Centre des Radioisotopes avons aidé Minami Soma dans l’effort de décontamination. Nous avons effectué 7 décontaminations jusqu’ici. Quand nous y sommes allés la première fois, il n’y avait qu’un seul compteur Geiger. Le 19 mars après que le ministère de l’agriculture a délivré un compte-rendu [sur le bétail], la nourriture, l’eau et le carburant étaient sur le point d’être épuisés dans la ville. Le maire a lancé un appel à l’aide sur Internet, qui a été largement visionné.

’’Dans ce genre de situation, personne n’a voulu regarder le bout de papier du ministère, personne n’a voulu savoir. Les éleveurs ne savaient pas que le foin de riz était en danger. Ils ont acheté quand même la nourriture à l’extérieur, payant des centaines de milliers de yens, et ont commencé à abreuver le bétail avec la même nappe phréatique qu’eux. ’’Que pouvions-nous donc faire ? Nous devons garantir qu’une mesure de radioactivité minutieuse est faite dans la zone contaminée. Comme je l’ai dit, il n’y avait qu’un compteur geiger à Minami Soma quand nous sommes venus en mai. En fait, il y avait 20 dosimètres fournis par les militaires US. Mais personne à la mairie ne pouvait comprendre le manuel en anglais jusqu’à ce que nous arrivions et leur disions comment les utiliser. C’est comme cela là-bas.

’’Quant à l’inspection de la nourriture, il y a plus d’appareils perfectionnés de contrôle que de compteurs pour le germanium, comme les détecteurs semi-conducteurs. Pourquoi le gouvernement japonais ne dépense-t-il pas d’argent pour des subventions [le développement de ces détecteurs perfectionnés] ? ’’Depuis 3 mois, le gouvernement n’a rien fait de tout cela et j’en tremble de colère.’’

source :
https://bistrobarblog.blogspot.com/2011/07/politiciens-du-japon-que-faites-vous-13.html

suite :

https://bistrobarblog.blogspot.com/2011/07/politiciens-du-japon-que-faites-vous-23.html

https://bistrobarblog.blogspot.com/2011/07/politiciens-du-japon-que-faites-vous-33.html

Traduction en anglais

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