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Sortir du nucléaire n°30



Mars 2006

Nucléaire

Le débat sur le réacteur EPR est un fiasco

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°30 - Mars 2006

 Nucléaire et démocratie  EPR
Article publié le : 1er mars 2006


Le débat public sur l’EPR était déjà mal parti. C’est normal quand on se croit assez malin pour en lancer un alors que les décisions sont déjà prises... Pour la construction de la centrale électronucléaire Flamanville 3, dite “tête de série”, la loi était même votée (Loi d’orientation sur l’énergie du 13 juillet 2005) avant le démarrage des consultations.



Puis, au moment même où les réunions publiques, une vingtaine dans diverses régions entre novembre et février, allaient démarrer, Dominique de Villepin en tirait déjà des conclusions pour réaffirmer le choix de l’EPR... et programmer sa mise en service vers l’an 2012 ! Mais ce n’est pas tout. Le débat a également été l’occasion d’une grave crise. La faute est moins celle des marchands du nucléaire que celle de Ben Laden : l’attentat terroriste du World Trade Center a mis les centrales nucléaires sous tension.

En septembre dernier, en effet, le Réseau Sortir du nucléaire (RSN) a rendu public un document officiel classé “secret-défense” qui estimait que l’EPR ne résisterait pas à une attaque terroriste du type de celle du 11 septembre. Depuis, le débat a perdu beaucoup de son sens, car six grandes associations (écologistes, antinucléaires ou experts indépendants) se sont retirées du débat après avoir demandé en vain au gouvernement de permettre la réalisation d’une contre-expertise sur cette question essentielle. De plus, le RSN risque des poursuites judiciaires pour avoir rendu public un tel document ! Pour le ministère de l’Industrie, la démonstration de la vulnérabilité des centrales doit rester secrète, sinon les terroristes pourraient s’en inspirer... Comme s’ils avaient besoin d’études de faisabilité !

Le débat public EPR vient de se terminer malgré une faible participation, notamment des opposants au projet. Même la Commission particulière du débat public (CPDP-EPR), qui était chargée de son organisation, a du mal à cacher sa frustration. Elle remettra prochainement à EDF un rapport de synthèse, mais sans que soit garantie la moindre prise en compte des avis exprimés par les divers participants. Faut-il remercier nos gouvernants d’avoir accepté ce “débat” sur le nucléaire (la seule industrie où rien ne change depuis plus de trente ans) ? Et remercier EDF d’avoir dépensé plus d’un million et demi d’euros pour une opération jugée “bidon” par les uns, une “parodie de démocratie” ou “escroquerie” par d’autres ?

Les associations et les individus investis dans ces échanges auront perdu beaucoup de temps et d’énergie pour presque rien. Si la loi impose l’organisation de consultations publiques pour tout projet industriel d’intérêt national, il faudra prévoir d’indemniser les organisations de la société civile ! Bref, malgré la qualité de la démarche de la CPDP, qui s’est affirmée comme un acteur de la démocratie participative, le débat EPR se présente comme un vrai fiasco. (…)

Jacques Testart et Suzanne Orru

Article paru dans Politis - Jeudi 2 mars 2006

Puis, au moment même où les réunions publiques, une vingtaine dans diverses régions entre novembre et février, allaient démarrer, Dominique de Villepin en tirait déjà des conclusions pour réaffirmer le choix de l’EPR... et programmer sa mise en service vers l’an 2012 ! Mais ce n’est pas tout. Le débat a également été l’occasion d’une grave crise. La faute est moins celle des marchands du nucléaire que celle de Ben Laden : l’attentat terroriste du World Trade Center a mis les centrales nucléaires sous tension.

En septembre dernier, en effet, le Réseau Sortir du nucléaire (RSN) a rendu public un document officiel classé “secret-défense” qui estimait que l’EPR ne résisterait pas à une attaque terroriste du type de celle du 11 septembre. Depuis, le débat a perdu beaucoup de son sens, car six grandes associations (écologistes, antinucléaires ou experts indépendants) se sont retirées du débat après avoir demandé en vain au gouvernement de permettre la réalisation d’une contre-expertise sur cette question essentielle. De plus, le RSN risque des poursuites judiciaires pour avoir rendu public un tel document ! Pour le ministère de l’Industrie, la démonstration de la vulnérabilité des centrales doit rester secrète, sinon les terroristes pourraient s’en inspirer... Comme s’ils avaient besoin d’études de faisabilité !

Le débat public EPR vient de se terminer malgré une faible participation, notamment des opposants au projet. Même la Commission particulière du débat public (CPDP-EPR), qui était chargée de son organisation, a du mal à cacher sa frustration. Elle remettra prochainement à EDF un rapport de synthèse, mais sans que soit garantie la moindre prise en compte des avis exprimés par les divers participants. Faut-il remercier nos gouvernants d’avoir accepté ce “débat” sur le nucléaire (la seule industrie où rien ne change depuis plus de trente ans) ? Et remercier EDF d’avoir dépensé plus d’un million et demi d’euros pour une opération jugée “bidon” par les uns, une “parodie de démocratie” ou “escroquerie” par d’autres ?

Les associations et les individus investis dans ces échanges auront perdu beaucoup de temps et d’énergie pour presque rien. Si la loi impose l’organisation de consultations publiques pour tout projet industriel d’intérêt national, il faudra prévoir d’indemniser les organisations de la société civile ! Bref, malgré la qualité de la démarche de la CPDP, qui s’est affirmée comme un acteur de la démocratie participative, le débat EPR se présente comme un vrai fiasco. (…)

Jacques Testart et Suzanne Orru

Article paru dans Politis - Jeudi 2 mars 2006



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