Démantèlement
La facture nucléaire
Ou qui va payer la retraite des centrales nucléaires ?
La gestion des déchets nucléaires et du démantèlement est un enjeu environnemental majeur. Défi technique et scientifique, éthique et social, cest aussi un défi économique et financier sans précédent. Dans la revue "Sortir du nucléaire n°22 de juillet 2003, nous avions fait un constat alarmant des modes de financement du futur démantèlement du parc dEDF et de la gestion des déchets. Un rapport de la Cour des Comptes (1) publié en janvier dernier confirme nos craintes.
La Cour des Comptes estime le coût de la gestion de laval du nucléaire (démantèlement et déchets) à 12 milliards dEuros (Md) pour Areva et 48 Md pour EDF ! Soit des sommes colossales comparables à la question des retraites chez EDF ! Ces sommes devraient de plus être évaluées à la hausse à lavenir.
Rappelons en effet quen France, les dépenses pour le démantèlement sont évaluées à 15% du coût dinvestissement initial des réacteurs par les instances officielles. Ce qui correspond à 15 milliards deuros (Md) pour lensemble du parc nucléaire actuel (58 réacteurs).
Les récentes expériences de démantèlement montrent que cette règle sous-estime largement les coûts à prévoir (2). Par exemple, si lon applique cette règle à la centrale de Brennilis actuellement en démantèlement, le coût du démantèlement ainsi calculé ne serait que de 19,4 millions deuros (M). Or aujourdhui le coût annoncé est de plus de 480 M !
Même constat concernant la gestion des déchets nucléaires. Au chapitre des incertitudes, figure notamment le coût dun éventuel stockage profond. Selon la Cour des Comptes, les industriels se basent aujourdhui sur une évaluation de lAndra qui chiffrait en 1996 le coût du stockage profond à plus de 14 Md. Mais depuis lAndra a effectué de nouvelles estimations basées sur différents scénarios inhérents à des options (comme le retraitement) et a donné en 2003 une fourchette de coût allant jusquà 58 Md !
Au-delà des incertitudes sur les coûts, la gestion des fonds dédiés à la future gestion de laval du cycle nucléaire est aussi source dinquiétudes. Pour assurer le financement des charges futures, les industriels collectent et alimentent des fonds dédiés sous forme de provision quil convient de gérer sagement pour être sûr den disposer le moment voulu.
Or, le rapport de la Cour des Comptes révèle enfin publiquement ce que tout le monde pensait tout bas, et ce que nous disions en 2003 : la politique d’expansion internationale dEDF a eu des conséquences néfaste sur la disponibilité de ces fonds. Dans son rapport, la Cour des Comptes note en effet que « EDF, du fait de son endettement, ne dispose que d’un embryon d’actifs dédiés par rapport à la masse à financer ( ) ».
Dans le cadre de la future privatisation dEDF, la question cruciale est alors posée par la Cour des Comptes : « Sans mécanisme de sécurisation, le risque existe, dans le cadre d’une ouverture du capital d’Areva et d’EDF dans des marchés devenus fortement concurrentiels, que les conséquences financières de leurs obligations de démantèlement et de gestion de leurs déchets soient mal assurées et que la charge en rejaillisse in fine sur l’Etat. »
Tout est dit. Le risque dun transfert des responsabilités financières est grand, pour quune institution telle que la Cour des Comptes lexprime aussi clairement.
« Les incertitudes nombreuses qui pèsent sur le financement futur de la gestion de ces déchets - volume réel, selon la stratégie de retraitement retenue, durée dentreposage avant stockage, etc. - conduisent à poser la question de la capacité dans le temps des principaux producteurs de déchets à répondre à leurs obligations. » note encore la Cour des Comptes.
La question « qui va payer les retraites des centrales ? » est donc plus que jamais dactualité.
La volonté est forte pour EDF de vouloir se débarrasser de ces responsabilités nucléaires historiques et à venir. Certains haut-responsables ont déjà exprimé ce point de vue dans des médias : EDF ne sera pas vendable avec son passif nucléaire !
Ce phénomène de transfert a dailleurs déjà commencé : en novembre 2004, EDF et Areva se sont débarrassés des responsabilités leur incombant pour le démantèlement du site nucléaire de Marcoule en versant une « soulte libératoire » au CEA (3).
A ce propos, la Cour des Comptes est une nouvelle fois sans ambiguïté : « Il est étonnant quun exploitant nucléaire puisse être déchargé de la responsabilité du démantèlement ( ) ».
Le transfert de responsabilité à travers des soultes libératoires est en effet totalement inacceptable car il transfert sur lEtat est donc les futurs contribuables les risques techniques et financiers. Ce transfert remet ainsi en cause le principe internationalement et juridiquement reconnu de « pollueur-payeur ».
En 2006, une loi sur la gestion des déchets nucléaires sera débattue, et cet automne un débat organisé par la Commission Nationale du Débat public aura lieu. Nous devrons faire entendre nos voix, les aspects éthiques et scientifiques. Il faudra aussi le faire sur ces aspects économiques. Car sans moyens financiers, les risques liés à la gestion des déchets seront encore moins gérables.
Un député qui roule à l’EF
Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire dont la vedette est un député UMP de lOrne, Jean-Claude Lenoir. Ancien cadre dEDF chargé du lobbying auprès des parlementaires, celui-ci est devenu député et, en juin 2004, rapporteur du projet de loi gouvernemental sur lélectricité et le gaz. Il reste très branché sur lentreprise publique, ce qui lui a valu dêtre étiqueté « député EDF » par certains de ses collègues et nest dailleurs pas le seul élu dans ce sous-groupe parlementaire.
EDF met gracieusement à sa disposition une Peugeot 607 et en assure les frais dentretien et dessence.
Du coup, quelques mauvaises langues se demandent sil a bien lesprit libre pour assurer en toute objectivité le contrôle parlementaire dEDF.
Source : Le Canard enchaîné
Mercredi 6 avril 2005
Allemagne - Les biocarburants vont créer 175 000 nouveaux emplois
Dans les années à venir, lAllemagne va développer lutilisation des carburants dorigine végétale. Lobjectif étant avant tout de réduire la dépendance à 97% par rapport au pétrole dans le secteur du transport. « Et pour cela, il faudra un spectre élargi de
carburants », a expliqué Axel Horstmann, le ministre des Transports du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, lors du salon E-world à Essen. Selon lui, 25% des besoins allemands pourraient être couvert par les biocarburants dici à 2020. Cela correspond à une production annuelle de carburants de 11 millions de tonnes. Pour cela, il faudrait un total de 3,5 millions dhectares, par exemple pour cultiver du colza, ce qui créerait 175 000 postes de travail, a ainsi pronostiqué Bärbel Höhn, ministre de lEnvironnement du Land. Les deux ministres viennent de créer un réseau de compétences « Carburants de lavenir » dont le but est le développement et lutilisation des biocarburants.
Source : www.welt.de - 16.03.2005
Terrorisme : mesure radicale !
Une loi votée au Bundestag en septembre 2004 autorise l’armée de l’air à abattre un avion de passagers s’il est conduit par des terroristes.
C’est la méthode proposée pour remédier à la sécurité défaillante des 18 centrales nucléaires allemandes dont l’enceinte en béton ne résisterait pas à la projection d’un avion de ligne.
Source : https://www.netzwerk-regenbogen.de
Frédéric Marillier
Greenpeace France
(1) « Le démantèlement des installations nucléaires et la gestion des déchets
radioactifs », Rapport Public Particulier, Cour des Comptes, janvier 2005
(2) Cest dailleurs ce quont choisi de faire les Etats-Unis en 1991, en réévaluant ce pourcentage à 25% du coût dinvestissement. Un tel choix en France, augmenterait le besoin de fonds de 10 Md !
(3) Cf. Les Echos du 26 novembre 2004