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Sortir du nucléaire n°28



Septembre 2005

Economies d’énergie

Hubert Reeves : "On n’a plus le temps du nucléaire"

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°28 - Septembre 2005

 Energies renouvelables
Article publié le : 1er septembre 2005


Interview d’Hubert Reeves, Astrophysicien.



De toutes les menaces qui pèsent sur notre planète, laquelle vous paraît la plus inquiétante ?

Celle de l’énergie. On épuisera nos ressources en gaz et en pétrole plus tôt que prévu. On en aura fini avec le pétrole dans 50 ans maximum. Or on n’a plus le temps du nucléaire. La technique utilisée aujourd’hui, celle des neutrons lents, verra ses réserves s’épuiser dans 50 ans également. Les surgénérateurs utilisant les neutrons rapides ne seront pas prêts avant un siècle. Et la technique de fusion contrôlée du type ITER ne sera pas au point avant cinquante voire cent ans. De toute manière le nucléaire est une mauvaise solution car il revient à hypothéquer l’avenir. A nous l’énergie, à nos enfants les déchets... L’attitude de la France est à courte vue : le gouvernement dépense dix fois plus pour le développement du nucléaire que dans les énergies propres.

Pourquoi les énergies renouvelables ont-elles tant de difficultés à s’imposer ?

Tout simplement parce qu’elles sont considérées comme non rentables. Pendant longtemps, on nous a dit que le solaire et l’éolien étaient peu productifs. Pourtant au Danemark, ce sont 10 à 20% de l’énergie qui sont d’origine éolienne. La quantité de vent au Québec suffirait à fournir tout le continent nord-américain en énergie. Mais il faut faire vite. La quantité d’énergie actuellement consommée est l’équivalent de 10 000 réacteurs nucléaires. D’ici 2050, ça va doubler et à ce train-là, ce sont 20 millions d’éoliennes qui seront nécessaires. Si on ne s’y met pas tout de suite...

Et les autres énergies ?

Tout est une question de prix du kW/h. La géothermie par exemple, sauf à habiter en Islande, est chère car il faut creuser très loin. Les courants marins, le photovoltaïque sont des énergies plus coûteuses que le pétrole mais à plus ou moins long terme, cela va s’inverser. Un jour, la demande en pétrole sera supérieure à l’offre et les prix vont grimper. Il sera alors plus économique de développer d’autres énergies.

Ne faudra-t-il pas avant tout réduire notre consommation ?

Il est bien évident que si les Chinois dépensaient autant que nous, c’est l’équivalent de 100 000 réacteurs nucléaires qu’il faudrait pour faire face. Un Américain consomme 10kW, là où un Européen en consomme 5 et où un ou deux suffisent pour vivre convenablement. Commençons effectivement par diviser par 10 et par 5 ces habitudes de consommation.

Dernières Nouvelles d’Alsace - 12 mars 2005

Propos recueillis par Simone Wehrung

De toutes les menaces qui pèsent sur notre planète, laquelle vous paraît la plus inquiétante ?

Celle de l’énergie. On épuisera nos ressources en gaz et en pétrole plus tôt que prévu. On en aura fini avec le pétrole dans 50 ans maximum. Or on n’a plus le temps du nucléaire. La technique utilisée aujourd’hui, celle des neutrons lents, verra ses réserves s’épuiser dans 50 ans également. Les surgénérateurs utilisant les neutrons rapides ne seront pas prêts avant un siècle. Et la technique de fusion contrôlée du type ITER ne sera pas au point avant cinquante voire cent ans. De toute manière le nucléaire est une mauvaise solution car il revient à hypothéquer l’avenir. A nous l’énergie, à nos enfants les déchets... L’attitude de la France est à courte vue : le gouvernement dépense dix fois plus pour le développement du nucléaire que dans les énergies propres.

Pourquoi les énergies renouvelables ont-elles tant de difficultés à s’imposer ?

Tout simplement parce qu’elles sont considérées comme non rentables. Pendant longtemps, on nous a dit que le solaire et l’éolien étaient peu productifs. Pourtant au Danemark, ce sont 10 à 20% de l’énergie qui sont d’origine éolienne. La quantité de vent au Québec suffirait à fournir tout le continent nord-américain en énergie. Mais il faut faire vite. La quantité d’énergie actuellement consommée est l’équivalent de 10 000 réacteurs nucléaires. D’ici 2050, ça va doubler et à ce train-là, ce sont 20 millions d’éoliennes qui seront nécessaires. Si on ne s’y met pas tout de suite...

Et les autres énergies ?

Tout est une question de prix du kW/h. La géothermie par exemple, sauf à habiter en Islande, est chère car il faut creuser très loin. Les courants marins, le photovoltaïque sont des énergies plus coûteuses que le pétrole mais à plus ou moins long terme, cela va s’inverser. Un jour, la demande en pétrole sera supérieure à l’offre et les prix vont grimper. Il sera alors plus économique de développer d’autres énergies.

Ne faudra-t-il pas avant tout réduire notre consommation ?

Il est bien évident que si les Chinois dépensaient autant que nous, c’est l’équivalent de 100 000 réacteurs nucléaires qu’il faudrait pour faire face. Un Américain consomme 10kW, là où un Européen en consomme 5 et où un ou deux suffisent pour vivre convenablement. Commençons effectivement par diviser par 10 et par 5 ces habitudes de consommation.

Dernières Nouvelles d’Alsace - 12 mars 2005

Propos recueillis par Simone Wehrung



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