Essais nucléaires
La France face à ses responsabilités
La Commission denquête sur les conséquences des essais aériens français en Polynésie mise en place en juillet 2005 par lAssemblée de la Polynésie française a rendu son rapport mardi 24 janvier 2006, dix ans après le dernier essai effectué à Fangataufa le 27 janvier 1996.
Dans leur rapport, les élus polynésiens apportent les preuves que les 46 expériences aériennes qui se sont déroulées de 1966 à 1974 ont, à chaque tir, provoqué des retombées radioactives sur lensemble des archipels habités de la Polynésie, contrairement à ce quont toujours affirmé les autorités militaires françaises.
Le ministère de la Défense qui se targue aujourdhui dune volonté de transparence a refusé tout contact et toute collaboration avec la Commission denquête. Pour répondre à ce silence officiel, la Commission denquête a décidé de contribuer par elle-même à la transparence sur les essais nucléaires aériens. Grâce à des contributions indépendantes, la Commission publie vingt-cinq documents militaires secrets des années 1966 et 1967 dans leur version intégrale. Ces documents démontrent à lévidence que non seulement les autorités militaires ont menti sur la réalité des retombées radioactives, mais quelles ont, par ordre, intimé le silence sur les dangers auxquels ont été exposés les habitants des îles et atolls proches de Moruroa.
Les élus polynésiens considèrent aujourdhui que leur population a été sciemment abandonnée aux retombées radioactives des explosions nucléaires que les militaires affirmaient maîtriser. Les graves problèmes de santé cancers de la thyroïde, leucémies et autres cancers que subissent aujourdhui les Polynésiens doivent être examinés au regard de ces risques inconsidérés auxquels ils ont été exposés.
La Commission denquête qui a auditionné plus de trente-cinq personnalités des mondes politique, médical ou professionnel, consulté de nombreux rapports médicaux et reçus de nombreux courriers estime que certaines promesses de développement faites aux élus polynésiens en contrepartie des essais nucléaires nont pas été honorées. Aujourdhui, le développement durable de la Polynésie reste encore à réaliser.
Les élus de lAssemblée de Polynésie française recommandent au gouvernement de M. Oscar Temaru de poursuivre sa propre analyse de trente ans dessais nucléaires et de mettre en uvre des moyens pour quun suivi sanitaire des anciens travailleurs de Moruroa et des populations des îles proches des anciens sites dessais soit assuré. Ils recommandent quune concertation entre le gouvernement de la Polynésie française et les autorités de lEtat français soit organisée pour tenter de résoudre dans la vérité et la justice le contentieux des essais nucléaires.