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Sortir du nucléaire n°86



Été 2020

Artistes

Jean-Pierre Andrevon, créateur tous azimuts au service de la lutte

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°86 - Été 2020

 Luttes et actions


L’épidémie de Covid-19 et ses conséquences nous ont donné l’occasion d’échanger avec Jean-Pierre Andrevon écrivain de science-fiction, mais pas que, et d’évoquer avec lui son engagement antinucléaire.



Pourquoi cet engagement pour la lutte antinucléaire ?

J’habite à proximité du Bugey. J’ai participé au coup d’envoi des manifestations antinucléaires, plutôt une grande fête sur deux jours, lancé par l’équipe de Charlie Hebdo : Cavanna, Cabus, Choron, Fournier... Et puis en 77 contre Superphénix, on était 50 000. Malheureusement les manifs antinucléaires se sont réduites comme la neige au soleil… et je dois dire que j’ai fini par être désabusé.

Par ailleurs, dans les années 70, il y a eu l’explosion de ce que l’on a appelé la “jeune science fiction politique française“ dont je faisais partie. Nous étions très sensibles aux questions de société et écologiques. Je suis toujours inquiet, toujours sensible. Et puis il y a eu Tchernobyl et Fukushima, cela ne peut que nous conforter qu’on a toujours eu raison de crier “Halte-là“.

Pouvez-vous nous raconter ce qu’il se passe dans Les Retombées (ndlr : en vente dans notre boutique en ligne).

Les retombées, c’est un court roman ou une longue nouvelle, publié en 1979 et réédité en 2015. Cela part d’une catastrophe nucléaire, un petit groupe de personnes fuit la région contaminée. Ils tombent sur la police, sur l’armée, ils sont arrêtés, enfermés…et ça fini comme ça. Les catastrophes sont toujours suivies d’une reprise en main autoritaire, on en arrive à la dystopie, au pire des mondes.

Vous avez également fait des affiches et des dessins antinucléaires… souvent acerbes…

Je suis un créateur tous azimuts j’écris, je dessine, je peins… J’exprime ce qui me préoccupe. Je suis un citoyen qui à la chance de pouvoir écrire et dessiner. Pratiquement toute mon “œuvre“ parcourt et retourne ces questions écologiques. Cavana a dit : “un dessin d’humour doit être un coup de poing dans la gueule“. J’essaye de mettre ça en pratique. D’ailleurs, il n’y a pas à être gentil avec l’ennemi et le nucléaire c’est l’ennemi.

Peut-on faire un parallèle entre le Covid 19 et une catastrophe nucléaire ?

Oui car finalement c’est très difficile de faire la part des choses entre ce qu’il faut faire et puis les dérives qui procèdent de ce qui est fait. Prendre le prétexte d’une catastrophe réelle pour encadrer les gens, les enfermer, les trier, les sérier, prendre des mesures discriminatoires, ça me fait aussi peur que les conséquences radiologiques ou destructrices de la catastrophe en elle-même. C’est le premier pas vers le fascisme. J’emploie un grand mot peut-être, mais c’est ce qui guette.

Est-ce que la dystopie, ce pire des mondes, peut servir la cause antinucléaire ?

Je me dis que faire peur ce n’est peut-être pas une mauvaise idée. Quand on voit des films sur les catastrophes, c’est efficace. Pour Tchernobyl en particulier, on est effaré quand on voit les liquidateurs en chemisette survoler en hélicoptère un endroit où la radioactivité vous tue en 10 minutes.

Mais entre le fait de comprendre et le fait de vivre sa vie de tous les jours avec le confort maximum…C’est une lutte perpétuelle entre ce que les gens croient sincèrement et une mise en pratique dans la réalité. On sait que le nucléaire est une technologie très difficile à maîtriser, très complexe et donc très fragile. Des tas de pays s’en passent, pourquoi pas nous ?

Propos recueillis par Anne-Lise Devaux

Jean-Pierre Andrevon, 82 ans, a écrit pas moins de 170 livres depuis “Les hommes-machine contre Gandahar“ paru en 1969. Nouvelles, romans, essais, il publie depuis 1969 jusqu’à quatre ouvrages par an. Il a reçu le Prix de la Science-Fiction pour la jeunesse en 1982 et la Grand Prix de la Science-Fiction française en 1990.

Pourquoi cet engagement pour la lutte antinucléaire ?

J’habite à proximité du Bugey. J’ai participé au coup d’envoi des manifestations antinucléaires, plutôt une grande fête sur deux jours, lancé par l’équipe de Charlie Hebdo : Cavanna, Cabus, Choron, Fournier... Et puis en 77 contre Superphénix, on était 50 000. Malheureusement les manifs antinucléaires se sont réduites comme la neige au soleil… et je dois dire que j’ai fini par être désabusé.

Par ailleurs, dans les années 70, il y a eu l’explosion de ce que l’on a appelé la “jeune science fiction politique française“ dont je faisais partie. Nous étions très sensibles aux questions de société et écologiques. Je suis toujours inquiet, toujours sensible. Et puis il y a eu Tchernobyl et Fukushima, cela ne peut que nous conforter qu’on a toujours eu raison de crier “Halte-là“.

Pouvez-vous nous raconter ce qu’il se passe dans Les Retombées (ndlr : en vente dans notre boutique en ligne).

Les retombées, c’est un court roman ou une longue nouvelle, publié en 1979 et réédité en 2015. Cela part d’une catastrophe nucléaire, un petit groupe de personnes fuit la région contaminée. Ils tombent sur la police, sur l’armée, ils sont arrêtés, enfermés…et ça fini comme ça. Les catastrophes sont toujours suivies d’une reprise en main autoritaire, on en arrive à la dystopie, au pire des mondes.

Vous avez également fait des affiches et des dessins antinucléaires… souvent acerbes…

Je suis un créateur tous azimuts j’écris, je dessine, je peins… J’exprime ce qui me préoccupe. Je suis un citoyen qui à la chance de pouvoir écrire et dessiner. Pratiquement toute mon “œuvre“ parcourt et retourne ces questions écologiques. Cavana a dit : “un dessin d’humour doit être un coup de poing dans la gueule“. J’essaye de mettre ça en pratique. D’ailleurs, il n’y a pas à être gentil avec l’ennemi et le nucléaire c’est l’ennemi.

Peut-on faire un parallèle entre le Covid 19 et une catastrophe nucléaire ?

Oui car finalement c’est très difficile de faire la part des choses entre ce qu’il faut faire et puis les dérives qui procèdent de ce qui est fait. Prendre le prétexte d’une catastrophe réelle pour encadrer les gens, les enfermer, les trier, les sérier, prendre des mesures discriminatoires, ça me fait aussi peur que les conséquences radiologiques ou destructrices de la catastrophe en elle-même. C’est le premier pas vers le fascisme. J’emploie un grand mot peut-être, mais c’est ce qui guette.

Est-ce que la dystopie, ce pire des mondes, peut servir la cause antinucléaire ?

Je me dis que faire peur ce n’est peut-être pas une mauvaise idée. Quand on voit des films sur les catastrophes, c’est efficace. Pour Tchernobyl en particulier, on est effaré quand on voit les liquidateurs en chemisette survoler en hélicoptère un endroit où la radioactivité vous tue en 10 minutes.

Mais entre le fait de comprendre et le fait de vivre sa vie de tous les jours avec le confort maximum…C’est une lutte perpétuelle entre ce que les gens croient sincèrement et une mise en pratique dans la réalité. On sait que le nucléaire est une technologie très difficile à maîtriser, très complexe et donc très fragile. Des tas de pays s’en passent, pourquoi pas nous ?

Propos recueillis par Anne-Lise Devaux

Jean-Pierre Andrevon, 82 ans, a écrit pas moins de 170 livres depuis “Les hommes-machine contre Gandahar“ paru en 1969. Nouvelles, romans, essais, il publie depuis 1969 jusqu’à quatre ouvrages par an. Il a reçu le Prix de la Science-Fiction pour la jeunesse en 1982 et la Grand Prix de la Science-Fiction française en 1990.



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