Tchernobyl : la catastrophe et la désinformation durent depuis plus de 30 ans
Incendies à Tchernobyl : les flammes étaient aux portes du site de la catastrophe
Publié le 14 avril 2020
Le vendredi 4 avril 2020, un énorme incendie s’est déclenché dans la région de Tchernobyl. Il s’agit du plus grave incendie survenu dans les forêts avoisinantes depuis la catastrophe de 1986. Pendant plus de 3 semaines, des dizaines de milliers d’hectares sont partis en fumée, un événement qui a eu la conséquence fâcheuse de réinjecter dans l’air ambiant des éléments radioactifs stockés dans le sol et la végétation de ces forêts.
Dans la zone interdite, la ville abandonnée de Pripyat a été touchée par cet incendie. Une radioactivité 16 fois supérieure à la normale y a été mesurée par Yegor Firsov, directeur du Service d’inspection écologique d’Ukraine (2,3 μSv/h) : un taux de radioactivité 5 fois plus élevé que le maximum admissible par les normes en vigueur en Ukraine. La CRIIRAD a expliqué que du fait, en particulier, des forts niveaux de radiation émis par le sol, les pompiers étaient soumis à des risques significatifs et que les incendies allaient disperser dans l’atmosphère tout un cocktail de substances radioactives (césium 137, strontium 90, plutonium, américium).
Capture d’écran des zones touchées par l’incendie au 13 avril 2020
Les pompiers en lutte avec les flammes ont rencontré de grandes difficultés, ne pouvant pas intervenir correctement en raison de la contamination radioactive du site. Il est par exemple plus risqué pour eux de creuser des tranchées dans le sol très radioactif pour circonscrire l’incendie. Ils ont ainsi surtout eu recours à des moyens aéroportés pour bombarder la forêt de tonnes d’eau.
Au 14 avril, la pluie aurait joué un rôle décisif dans l’extinction du foyer principal. Les doutes demeurent concernant d’éventuels dépôts de déchets radioactifs qui pourraient être partis en fumée.
Ce n’est pas la première fois que la région de Tchernobyl est touchée par des incendies. Nous avions déjà alerté à 2 reprises en 2010 et 2015 sur le fait que ces événements peuvent avoir de graves conséquences en raison de la libération des radionucléides stockés jusqu’alors dans les sols environnants, qui se redéposent à nouveau sur la terre. La rivière Pripiat (affluent du Dniepr), qui draine déjà des éléments radioactifs, pourrait voir augmenter la contamination de ses eaux.
Le 17 avril 2020, Les incendies sont repartis à quelque kilomètres de la centrale la capitale ukrainienne a été suite à ça atteinte par un énorme nuage de fumée et Kiev a même figuré en tête du classement mondial des niveaux de pollution. De nombreux habitants ont même choisi par la suite de durcir leurs conditions confinement déjà imposé par l’épidémie de COVID-19 par peur de respirer les résidus de ce nuage.
Causalité plausible : le bois mort se décompose mal à Tchernobyl
La fréquence importante de ces incendies dans cette partie de l’Ukraine pourrait être directement liée à l’intense contamination radioactive du milieu forestier. En effet, selon les chercheurs Timothy Mousseau et Anders Møller, la décomposition de l’humus et du bois mort est ralentie en zone contaminée, laissant s’accumuler des quantités plus importantes de bois sec. Ce phénomène pourrait être imputé à la vulnérabilité des insectes et micro-organismes à la radioactivité.
Par ailleurs, le changement climatique laisse craindre une multiplication des épisodes de forte chaleur et de sécheresse propices aux incendies. Lors des incendies de 2010 – qui avaient par ailleurs menacé le site nucléaire de Mayak - la sécheresse était déjà en cause.
Dans tous les cas, un tel phénomène risque de se reproduire, soulevant la question de la sûreté des installations nucléaires et entreposages de déchets sur le site.
Quels impacts sanitaires ?
Selon les données mentionnées par le laboratoire indépendant de la CRIIRAD, ces incendies ont entraîné une augmentation ponctuelle de plus de 700 fois de la concentration en césium-137 dans l’air de la ville de Kiev, située à plus de 100 kilomètres au sud de la centrale de Tchernobyl. De nombreuses questions restent en suspens quant aux impacts sur la santé des pompiers et populations riveraines. Selon les travaux de certains chercheurs, de tels feux de forêt sont susceptibles de générer des cas de cancer supplémentaires.
La circulation des retombées radioactives n’a cependant rien à voir avec le déploiement du panache radioactif après l’accident de 1986. En France, les traces de césium-137 dans l’air restent inférieures aux capacités de détection des balises d’alerte du laboratoire de la CRIIRAD qui indique que les impacts devraient être très faibles. L’IRSN a réalisé une modélisation du panache radioactif sur l’Europe du 3 au 12 avril et selon ces données, des particules radioactives projetées dans l’atmosphère par cet incendie pourraient bien avoir atteint notre territoire mais à des niveaux difficilement mesurables.
Dans tous les cas, des investigations restent nécessaires quant aux conséquences de cet incendie. Malheureusement la transparence des données n’est pas forcément certaine dans une Ukraine post-soviétique encore secouée par son conflit avec la Russie. Comme le passé l’a prouvé à maintes reprises, il ne sera peut-être pas forcément évident d’obtenir des données très fiables sur la réalité objective et les conséquences de cette situation vouée à se reproduire.
Cet incendie ne constitue malheureusement qu’une preuve de plus du fait que la catastrophe de Tchernobyl continue à se déployer. Il faudra encore attendre très longtemps avant que les conséquences de cet accident ne représentent plus de menace pour l’environnement.
Dans la zone interdite, la ville abandonnée de Pripyat a été touchée par cet incendie. Une radioactivité 16 fois supérieure à la normale y a été mesurée par Yegor Firsov, directeur du Service d’inspection écologique d’Ukraine (2,3 μSv/h) : un taux de radioactivité 5 fois plus élevé que le maximum admissible par les normes en vigueur en Ukraine. La CRIIRAD a expliqué que du fait, en particulier, des forts niveaux de radiation émis par le sol, les pompiers étaient soumis à des risques significatifs et que les incendies allaient disperser dans l’atmosphère tout un cocktail de substances radioactives (césium 137, strontium 90, plutonium, américium).
Capture d’écran des zones touchées par l’incendie au 13 avril 2020
Les pompiers en lutte avec les flammes ont rencontré de grandes difficultés, ne pouvant pas intervenir correctement en raison de la contamination radioactive du site. Il est par exemple plus risqué pour eux de creuser des tranchées dans le sol très radioactif pour circonscrire l’incendie. Ils ont ainsi surtout eu recours à des moyens aéroportés pour bombarder la forêt de tonnes d’eau.
Au 14 avril, la pluie aurait joué un rôle décisif dans l’extinction du foyer principal. Les doutes demeurent concernant d’éventuels dépôts de déchets radioactifs qui pourraient être partis en fumée.
Ce n’est pas la première fois que la région de Tchernobyl est touchée par des incendies. Nous avions déjà alerté à 2 reprises en 2010 et 2015 sur le fait que ces événements peuvent avoir de graves conséquences en raison de la libération des radionucléides stockés jusqu’alors dans les sols environnants, qui se redéposent à nouveau sur la terre. La rivière Pripiat (affluent du Dniepr), qui draine déjà des éléments radioactifs, pourrait voir augmenter la contamination de ses eaux.
Le 17 avril 2020, Les incendies sont repartis à quelque kilomètres de la centrale la capitale ukrainienne a été suite à ça atteinte par un énorme nuage de fumée et Kiev a même figuré en tête du classement mondial des niveaux de pollution. De nombreux habitants ont même choisi par la suite de durcir leurs conditions confinement déjà imposé par l’épidémie de COVID-19 par peur de respirer les résidus de ce nuage.
Causalité plausible : le bois mort se décompose mal à Tchernobyl
La fréquence importante de ces incendies dans cette partie de l’Ukraine pourrait être directement liée à l’intense contamination radioactive du milieu forestier. En effet, selon les chercheurs Timothy Mousseau et Anders Møller, la décomposition de l’humus et du bois mort est ralentie en zone contaminée, laissant s’accumuler des quantités plus importantes de bois sec. Ce phénomène pourrait être imputé à la vulnérabilité des insectes et micro-organismes à la radioactivité.
Par ailleurs, le changement climatique laisse craindre une multiplication des épisodes de forte chaleur et de sécheresse propices aux incendies. Lors des incendies de 2010 – qui avaient par ailleurs menacé le site nucléaire de Mayak - la sécheresse était déjà en cause.
Dans tous les cas, un tel phénomène risque de se reproduire, soulevant la question de la sûreté des installations nucléaires et entreposages de déchets sur le site.
Quels impacts sanitaires ?
Selon les données mentionnées par le laboratoire indépendant de la CRIIRAD, ces incendies ont entraîné une augmentation ponctuelle de plus de 700 fois de la concentration en césium-137 dans l’air de la ville de Kiev, située à plus de 100 kilomètres au sud de la centrale de Tchernobyl. De nombreuses questions restent en suspens quant aux impacts sur la santé des pompiers et populations riveraines. Selon les travaux de certains chercheurs, de tels feux de forêt sont susceptibles de générer des cas de cancer supplémentaires.
La circulation des retombées radioactives n’a cependant rien à voir avec le déploiement du panache radioactif après l’accident de 1986. En France, les traces de césium-137 dans l’air restent inférieures aux capacités de détection des balises d’alerte du laboratoire de la CRIIRAD qui indique que les impacts devraient être très faibles. L’IRSN a réalisé une modélisation du panache radioactif sur l’Europe du 3 au 12 avril et selon ces données, des particules radioactives projetées dans l’atmosphère par cet incendie pourraient bien avoir atteint notre territoire mais à des niveaux difficilement mesurables.
Dans tous les cas, des investigations restent nécessaires quant aux conséquences de cet incendie. Malheureusement la transparence des données n’est pas forcément certaine dans une Ukraine post-soviétique encore secouée par son conflit avec la Russie. Comme le passé l’a prouvé à maintes reprises, il ne sera peut-être pas forcément évident d’obtenir des données très fiables sur la réalité objective et les conséquences de cette situation vouée à se reproduire.
Cet incendie ne constitue malheureusement qu’une preuve de plus du fait que la catastrophe de Tchernobyl continue à se déployer. Il faudra encore attendre très longtemps avant que les conséquences de cet accident ne représentent plus de menace pour l’environnement.
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