Une publicité épinglée par le Jury de Déontologie Publicitaire
Dans cette publicité, EDF prétend que l’électricité produite en Alsace par la centrale de Fessenheim, les douze barrages le long du Rhin et le site de géothermie de Soultz-sous-Forêt serait « 100% sans CO2 ». Pour dénoncer ce greenwashing éhonté, le Réseau "Sortir du nucléaire", Alsace Nature, le CSFR, Stop Fessenheim et Stop Transports – Halte au Nucléaire ont porté plainte devant le Jury de Déontologie Publicitaire (JDP), instance composée de 9 membres nommés par l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité.
Cette plainte a été examinée en séance par le JDP le 3 juillet 2015. L’avocat d’EDF a tenté de défendre l’entreprise en prétendant qu’il ne s’agissait pas d’une publicité mais d’une simple communication à vocation socio-économique.
Le Jury ne s’est pas laissé duper et a reconnu comme partiellement fondée la plainte déposée par les 4 associations anti-nucléaires. En particulier, il a estimé que l’affirmation « 100% d’électricité produite sans émissions de CO2 » était beaucoup trop ambiguë. Il a notamment relevé que cette publicité était susceptible d’induire en erreur le public sur la réalité écologique des actions d’EDF, en méconnaissance du point 1/1 de la Recommandation "Développement durable" de l’ARPP, et qu’elle n’était également pas conforme à la disposition de cette Recommandation, selon laquelle "la publicité doit éviter, dans son discours, de minimiser les conséquences de la consommation de certains produits ou services susceptibles d’affecter l’environnement".
Un coup de peinture verte pour cacher les problèmes d’une filière dangereuse et polluante
Évoquer une électricité « 100% sans CO2 » est tout simplement mensonger : aucune activité industrielle n’est exempte de rejets de gaz à effet de serre. Surtout, en se focalisant sur la phase la moins émettrice, celle de l’exploitation de la centrale, EDF omet de comptabiliser les émissions non négligeables liées aux différentes étapes de la chaîne du combustible nucléaire (extraction de l’uranium, fabrication du combustible, opérations de traitement des déchets, etc.). Selon une synthèse de 103 études sur le contenu CO2 de l’électricité nucléaire, la valeur médiane du KWh s’établirait autour de 66g de CO2, avec des valeurs maximales atteignant 288 g de CO2/kWh [1].
Et à travers cette publicité, qui crée un amalgame malhonnête en mettant sur le même plan nucléaire et énergies renouvelables, ne s’agit-il pas aussi de faire oublier le risque permanent d’accident ? Les incidents à répétition passés sous silence, comme par exemple la fuite de plus de 100 mètres cube d’eau ? Le réchauffement des eaux du Rhin et les rejets chimiques et radioactifs dans le fleuve ?
Les associations souhaitent exploiter cet avis pour contraindre EDF à retirer sa publicité mensongère. Alors qu’EDF, 19ème plus gros émetteur mondial de gaz à effet de serre, compte parmi les sponsors de la COP21, le Réseau “Sortir du nucléaire“ compte bien contrer sa campagne de greenwashing présentant à tort le nucléaire comme bon pour le climat !
Afin de lutter contre la désinformation, le Réseau "Sortir du nucléaire" publie également une infographie fournissant quelques chiffres peu connus sur le bilan environnemental peu glorieux de Fessenheim.
Consulter la décision du JDP : https://www.sortirdunucleaire.org/Greenwashing-Fessenheim
Contacts presse :
- Juriste, Réseau "Sortir du nucléaire" - 07 62 58 01 23
- Jean-Marie Brom, Stop Transports-Halte au Nucléaire - 06 08 98 79 40