16 novembre 2022
Fin septembre 2022, une fuite d’huile est détectée sur un groupe-froid, un système réfrigérant du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Paluel (Normandie). Les réparations entreprises par EDF vont causer une importante fuite de liquide de refroidissement, des substances qui se transforment en puissants gaz à effet de serre une fois à l’air libre. La limite annuelle pour le site nucléaire, 100 kg/an, a très largement été dépassée : la centrale a déjà laissé fuiter dans la nature près de 8 fois le maximum autorisé.
Les fluides frigorigènes sont très utilisés dans les centrales nucléaires. La chaleur dans certaines parties des installations est telle que l’air et les équipements nécessitent un refroidissement permanent. Lorsque ces liquides de refroidissement s’échappent à l’air libre, ils deviennent des gaz qui contribuent à l’effet de serre. Leurs propriétés, et notamment le pouvoir de réchauffement global (PRG), varient en fonction du type de fluide utilisé.
Par exemple, 1 kg de fluide de type HFC-134a vaut 3710 kgeqCO2 à l’horizon de 20 ans [1]. Ces fuites de liquide de refroidissement sont donc en fait des émissions de puissants gaz à effet de serre.
Le communiqué d’EDF ne précise pas quel type de gaz a fuité lors des réparations initiées sur le groupe-froid pour stopper une fuite d’huile. Au total, 120 kilos se sont échappés dans l’environnement ce jour là. Mais ce que ne dit pas non plus le communiqué de l’industriel, c’est que le site de Paluel a déjà connu plusieurs incidents du genre en 2022. La déclaration précédente, une fuite de fluide frigorigène supérieure à 100 kg, remonte seulement à août 2022. La centrale cumulait alors déjà pas moins de 658 kilos de perte de ces substances chimiques au fort pouvoir réchauffant.
Le problème est bien connu de l’industriel, et le site de Paluel n’est pas le seul : les centrales de Belleville, du Bugey du Tricastin, de Civaux et de Flamanville ont aussi déjà dépassé les limites autorisées pour 2022.
Evénements significatifs déclarés en octobre 2022
Publié le 16/11/2022
Emission de fluide frigorigène entrainant le dépassement de la limite règlementaire
Le 29 septembre, lors d’un contrôle hebdomadaire, des intervenants constatent une légère fuite d’huile (de l’ordre de 300g/an) sur un groupe réfrigérant de l’unité de production n°1.
Le 30 septembre, en fin de journée, il est donc décidé de procéder au transfert du gaz afin d’effectuer les réparations du groupe. L’intervention est interrompue pendant la nuit. Le lendemain matin, alors que l’intervention est toujours en cours, la garniture mécanique du groupe réfrigérant cède, entrainant un débit de fuite de gaz. Aussitôt les intervenants isolent le compresseur pour limiter la fuite. En fin de matinée le 1er octobre, le transfert est terminé et une perte de 120 kg de gaz est alors constatée.
La limité annuelle fixée à 100kg/an étant dépassée, la direction de la centrale nucléaire de Paluel a déclaré à l’Autorité de Sûreté nucléaire, le 4 octobre 2022, un événement significatif relatif à l’environnement au niveau 0 de l’échelle INES qui en compte 7.
[1] Source : "Certains gaz à effet de serre des centrales nucléaires", Bernard Laponche, octobre 2020, Global Chance.
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