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Des accidents nucléaires partout

France : Paluel : Les quatre réacteurs touchés en plein cœur

Dégradations inexpliquées des soupapes de sécurité




30 novembre 2023


Des soupapes au cœur des réacteurs destinées à faire redescendre la pression qui ne s’ouvrent pas en cas d’accident : après les réacteurs 1 et 2, EDF a annoncé fin novembre 2023 que les réacteurs 3 et 4 de la centrale nucléaire de Paluel (Normandie) étaient aussi touchés.


Crédit photo : André Paris

Toute la centrale nucléaire normande était donc affectée par les mêmes dégradations inexpliquées. Les soupapes de sécurité, qui servent à évacuer la pression dans le circuit primaire [1] , le principal circuit de refroidissement situé au cœur des réacteurs, n’auraient pas pu s’ouvrir en cas d’accident. Dans le circuit primaire circule de l’eau qui capte la chaleur dégagée par la réaction nucléaire. Pour éviter que cette eau ne s’évapore en raison des très fortes températures qui sévissent au cœur du réacteur, le circuit primaire est mis sous pression. Les soupapes de ce circuit sont donc essentielles : elles doivent pouvoir s’ouvrir automatiquement en cas de pression trop importante dans les tuyaux pour éviter une dislocation et une explosion.

Imaginez une cocotte minute remplie d’eau sur le feu. La chaleur fait bouillir l’eau, qui se transforme en vapeur. Cette vapeur rempli progressivement la cocotte, mais à un moment, elle va manquer d’espace. Si elle ne peut pas s’échapper, exercera une telle pression qu’elle finira par faire sauter le couvercle de votre cocotte. Ou par la faire exploser. On n’ose imaginer les dégâts dans votre cuisine. C’est pour éviter ça qu’il y a sur chaque cocotte une soupape de sécurité. C’est le même principe dans le cœur des réacteurs nucléaires. Les soupapes du circuit primaire permettent d’en évacuer la pression si elle est trop importante. Le but est de préserver l’intégrité des tuyauteries et de pouvoir continuer à refroidir le combustible nucléaire placé dans la cuve.

C’est d’abord en 2022, sur le réacteur 2, que ces dégradations inexpliquées ont été découvertes. Puis sur le réacteur 1, au printemps 2023. Des contrôles effectués sur les deux autres réacteurs du site nucléaire ont mis à jour le même problème fin 2023.
EDF ne donne aucune explication sur l’origine ou l’ancienneté de ces dégradations matérielles. Pas plus d’indication sur leur ampleur : combien de soupapes étaient abîmées ? Pas non plus de raison au fait que ces dégradations n’aient pas été découvertes plus tôt, par exemple juste après avoir été faites, alors que la fonction même des soupapes de sécurité était remise en cause.

Malgré l’importance du sujet et sa généralisation aux quatre réacteurs d’une même centrale, le communiqué d’EDF reste laconique. L’exploitant nucléaire signale avoir "indicé" sa déclaration d’incident significatif pour la sûreté faite à l’Autorité de sûreté nucléaire, c’est-à-dire qu’il lui a signalé l’extension des dégradations aux soupapes des réacteurs 3 et 4 (en plus des réacteurs 2 et 1). Il ne donne pas l’ampleur des dégâts mais prend soin de préciser que tout est réparé. Malgré le peu qu’en dit EDF, on comprend toutefois aisément que la maintenance et les contrôles effectués aux cœur des réacteurs nucléaire laissent franchement à désirer.

L.B.

Ce que dit EDF :

Déclaration d’un événement significatif de sûreté de niveau 1 relatif à une anomalie matérielle sur des soupapes du circuit primaire ne permettant pas leur qualification en cas de situation accidentelle

Publié le 30/11/2023

Evénement sûreté

Mise à jour du 30 novembre 2023 :

À la suite d’anomalies découvertes sur les tandems de soupapes de l’unité de production n°2 (en juin 2022) et de l’unité de production n°1 (en mars 2023), des opérations de contrôle ont été réalisées sur les unités de production n°3 et n°4 de la centrale nucléaire de Paluel.

Les investigations menées sur ces deux unités de production ont permis de confirmer la présence d’anomalies similaires à celles découvertes sur les unités n°1 et 2.

L’installation a immédiatement été remise en conformité.

Cet évènement n’a eu aucun impact réel sur la sûreté des installations car les soupapes sont toujours restées disponibles. Toutefois, cette anomalie ne permettait pas de garantir l’ouverture systématique des soupapes dans des conditions accidentelles.

Cette situation a conduit la direction de la centrale nucléaire de Paluel à indicer l’événement significatif relatif à la sûreté, déclaré le 26 août 2022, à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Publication du 30 août 2022 :

Le pressuriseur est un réservoir cylindrique permettant de contrôler la pression du circuit primaire lors de son fonctionnement. Le circuit primaire est protégé des surpressions par 3 lignes indépendantes, reliées au pressuriseur et chacune composée d’un tandem de soupapes dites SEBIM. Les soupapes sont commandées automatiquement grâce à des têtes de détection qui permettent leur ouverture en cas de situations accidentelles.

Le 17 juin 2022, l’unité de production n°2 est à l’arrêt pour visite partielle. Lors d’une intervention de maintenance, une rayure est constatée sur une portée d’étanchéité située entre l’armoire de pilotage d’un tandem de soupapes et le coffret de commande. D’autres activités de maintenance réalisées en juillet et en août ont mis en évidence que les deux autres tandems de soupapes étaient également concernés par cette anomalie.

L’ensemble des portées d’étanchéité a été remplacé.

Cet évènement n’a eu aucun impact réel sur la sûreté des installations car les soupapes sont toujours restées disponibles. Toutefois, cette anomalie ne permettait pas de garantir l’ouverture des soupapes dans des conditions accidentelles. La direction de la centrale nucléaire de Paluel a ainsi déclaré, le 26 août 2022, à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), un événement significatif relatif à la sûreté au niveau 1 de l’échelle INES qui en compte 7.

Mise à jour du 24 avril 2023 :

En mars 2023, l’unité de production n°1 de la centrale nucléaire de Paluel est en arrêt pour simple rechargement de son combustible*. Des contrôles réalisés sur les tandems de soupapes de cette unité ont permis de détecter la présence d’anomalies antérieures similaires à celles identifiées en juin 2022 sur l’unité n°2.

L’installation est alors immédiatement remise en conformité.

Cet évènement n’a eu aucun impact réel sur la sûreté des installations car les soupapes sont toujours restées disponibles. Toutefois, cette anomalie ne permettait pas de garantir l’ouverture systématique des soupapes dans des conditions accidentelles. Cette situation a conduit la direction de la centrale nucléaire de Paluel à indicer l’événement significatif relatif à la sûreté, déclaré le 26 août 2022, à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

* Il existe trois types d’arrêts programmés en centrale nucléaire au cours desquels des opérations de maintenance sont organisées et planifiées. L’arrêt pour simple rechargement consiste à remplacer un tiers du combustible du réacteur.

https://www.edf.fr/la-centrale-nucleaire-de-paluel/les-actualites-de-la-centrale-nucleaire-de-paluel/declaration-dun-evenement-significatif-de-surete-de-niveau-1-relatif-a-une-anomalie-materielle-sur-des-soupapes-du-circuit-primaire-ne-permettant-pas-leur-qualification-en


[1Le circuit primaire est un circuit fermé, contenant de l’eau sous pression. Cette eau s’échauffe dans la cuve du réacteur au contact des éléments combustibles. Dans les générateurs de vapeur, elle cède la chaleur acquise à l’eau du circuit secondaire pour produire la vapeur destinée à entraîner le groupe turboalternateur. Le circuit primaire permet de refroidir le combustible contenu dans la cuve du réacteur en cédant sa chaleur par l’intermédiaire des générateurs de vapeur lorsqu’il produit de l’électricité ou par l’intermédiaire du circuit de refroidissement à l’arrêt lorsqu’il est en cours de redémarrage après rechargement en combustible. La température du circuit primaire principal est encadrée par des limites afin de garantir le maintien dans un état sûr des installations en cas d’accident. https://www.asn.fr/Lexique/C/Circuit-primaire


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