31 janvier 2024
Le communiqué d’accident d’Orano est pour le moins laconique : on ne sait pas quand ça s’est passé, ni combien de temps ça a duré, comment cela a pu arriver, ni quand les faits on été déclarés à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Orano, exploitant des plusieurs usines nucléaires sur le site du Tricastin (Drôme), a analysé des gravats provenant d’ateliers nucléaires dans un local qui n’était pas équipé pour éviter une contamination de l’environnement. On ne sait pas non plus si les travailleur·euses ont été protégé·es des rayonnements lors des opérations de contrôles de ces déchets. C’est dire si l’industriel qui se dit expert de l’atome gère correctement le démantèlement de ses usines nucléaires.
Crédit photo : André Paris
C’est sur le site du Tricastin que Orano a ses usines de conversion et d’enrichissement de l’uranium. Plus de 650 hectares dédiés aux traitements chimiques nécessaires pour créer le combustible des centrales nucléaires. Parmi ses usines, plusieurs sont depuis longtemps définitivement arrêtées et doivent être démantelées. C’est justement des déchets produits par ce démantèlement, des gravats, qui ont été analysés dans des locaux pas du tout adaptés aux risques qu’ils présentent.
Ces gravats provenant d’usines nucléaires, ils doivent être analysés pour en définir le niveau de radioactivité. Ils sont ensuite envoyés en laboratoires pour que leur contenu soit caractérisé (amiante, plomb etc.) et être traités en conséquences : les envoyer vers une filière spécifique aux déchets dangereux ou dans une décharge classique. Forcément, leur transport, leur emballage, leur examen n’est pas fait dans les mêmes conditions selon leur niveau de radioactivité. C’est donc la première étape de traitement de ces déchets : définir leur niveau de radioactivité.
Mais allez savoir pourquoi, Orano a fait analyser ces gravats dans un local classique, pas du tout prévu pour ça. Sans ventilation pour assurer le confinement des radioéléments dans la pièce, sans fermeture étanche et hermétique. On ne sait pas dans quelles conditions les travailleur·euses ont procédé à ces contrôles de radioactivité : étaient-iels équipé·es de masques et de combinaison ?
L’industriel - qui se présente comme expert de l’atome - a fait fi des principes de base quand on travaille avec des matières nucléaires : il faut des dispositifs de protection. Pour éviter une dispersion de radioéléments dans l’environnement et une contamination des personnes (qui peuvent être irradiées par la rayons émis par les déchets, mais aussi respirer ou avaler des particules radioactives qui les irradient ensuite de l’intérieur).
Que des opérations d’analyse de niveau de radioactivité soient lancées dans des locaux non-adaptés, que le risque de contamination des personnes et de l’environnement ne soit même pas envisagé en dit long sur le manque de suivi par Orano du démantèlement de ses vieilles installations et de manque de sérieux dans leur exécution. Mais lorsque l’exploitant nucléaire présente les faits au public, il s’agit seulement de ne pas avoir respecté "un référentiel lors d’une opération de contrôle d’échantillon". Un communiqué de déclaration qui certes, a le mérite d’exister, mais présente la réalité d’une manière clairement orientée. Minimisation, superficialité et élimination de tous les détails qui rendent les faits matériels et concrets (où, quand, comment), un bel exercice de communication au nom d’une soit-disant transparence dans l’information en matière nucléaire. Une information made-by-Orano qui, sans décryptage, donnerait à voir une toute autre image de l’incident survenu au Tricastin.
L.B.
Non-respect d’un référentiel lors d’une opération de contrôle d’échantillons
Publié le 31/01/2024
Dans le cadre des activités de démantèlement d’ateliers historiques du site Orano Tricastin, des opérations de mesure d’activité sur des échantillons de gravats ont été réalisées avant leur transport vers des laboratoires externes pour analyses complémentaires (recherche d’amiante par exemple).
Ces opérations de mesures ont été effectuées dans un local conventionnel, non prévu à cet effet.
Dès détection de cet écart, les mesures ont été stoppées. Les contrôles radiologiques effectués dans le local concerné ont confirmé la propreté radiologique de la salle. Une information et une déclaration ont été réalisées auprès de l’Autorité de sûreté. L’événement n’a eu aucune conséquence pour le personnel et l’environnement. L’exploitant a proposé à l’autorité de sûreté de classer cet écart, au niveau 1 de l’échelle internationale des évènements nucléaires (INES) qui en compte 7.