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Des accidents nucléaires partout

France : Orano Pierrelatte : À la recherche du flacon radioactif perdu

Sels toxiques, déchets et cachotteries : Orano se dédouane de ses responsabilités




13 décembre 2023


Un flacon contenant de la poudre radioactive et toxique, provenant de combustibles usés, a disparu d’une des usines Orano le 23 novembre. Il a été retrouvé une semaine plus tard, dans la poubelle d’une autre installation. Orano a attendu plus de 10 jours avant d’avertir l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et a publié un communiqué d’information au public pour le moins elliptique.


Crédit photo : André Paris

Les usines Orano du site de Pierrelatte transforment de l’uranium irradié, provenant de de combustibles nucléaires usés, en substances qui sont ensuite utilisées pour fabriquer du MOX, un autre type de combustible (mélange d’uranium et de plutonium). Hautement radioactifs, ces résidus sont soumis à plusieurs procédés chimiques de conversion pour pouvoir en extraire l’uranium et qu’il puissent être "valorisé". L’usine TU5 est chargée d’une de ces transformations. À partir de sels toxiques (du nitrate d’uranyle) on y est crée une poudre chimiquement stable (du sesquioxyde d’uranium). Des échantillons de cette poudre d’uranium sont prélevés pour contrôler sa qualité. C’est un de ces échantillons qui a disparu de l’usine TU5 d’Orano.

Les équipes s’en sont rendu compte le 23 novembre et des recherches ont été lancées mais personne n’a osé prévenir la direction du site. Ni le service Sûreté ni celui chargé de comptabiliser les matières radioactives n’ont été informés, pas avant le 30 novembre. Des recherches ont alors été menées sur tout le site et c’est dans une autre usine, qui traite les déchets nucléaire générés par les installations de Pierrelatte, que le flacon a été retrouvé. Il avait été mis à la poubelle, dans un sac de déchets qui devaient être compactés. S’il était effectivement passé à la broyeuse, le flacon se serait brisé et la poudre radioactive se serait dispersée.

Pour qu’un tel scenario se produise dans des usines où l’on traite à grand coups de produits chimiques des matières hautement radioactives, il paraît évident que Orano a failli dans sa mission d’employeur, qui consiste avant tout à former son personnel. C’est à lui qu’incombe la responsabilité qu’ils soient protégés, qu’ils comprennent ce qu’ils font, qu’ils soient soient capables de jauger si il y a un risque ou non. Si Orano ne donne pas les moyens à son personnel de comprendre le but et le fonctionnement de ses usines, les principes de bases en physique nucléaire et les risques inhérents aux produits dangereux qui y sont utilisés, comment les opérateurs peuvent-ils avoir une idée des conséquences de leurs actes ?

C’est l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), prévenue par Orano 11 jours après que le flacon ait été retrouvé, qui nous livre les circonstances de cet incident. Orano a bien publié un communiqué destiné à informer le public mais qui, étrangement, ne permet pas de comprendre grand chose.
Il y dit que le transfert du flacon à l’usine de conversion à celle des déchets a été fait dans les règles de l’art de la radioprotection (!). Douce manière de dire que le flacon a été retrouvé intact et fermé, et que donc il n’y a pas eu dispersion de radioactivité à tout va ni de personne contaminée pour avoir respiré de l’uranium en poudre.
Orano dit également qu’il analysera les facteurs organisationnels et humains qui ont joués dans ce transfert inopportun de flacon. Et qu’il a fait "un rappel des règles de gestion des échantillons" à son personnel. Une manière un peu simple et assez grossière de se dédouaner de sa responsabilité, qui est totale dans cette affaire. Si les règles ne sont pas comprises, si la formation initiale n’a pas été efficace, ce n’est pas un simple rappel de ces mêmes règles qui comblera le manque de connaissances nécessaires à une compréhension des enjeux. À croire que Orano ne veut pas que son personnel comprenne trop.

L.B.

Ce que dit Orano :

Communiqué

Non-conformité dans la gestion d’un échantillon

11/12/2023

Lors de la préparation d’un lot d’échantillons de matières uranifères pour réaliser des analyses qualité produit, un opérateur a constaté l’absence d’un échantillon du local dédié à cet effet. Après des vérifications internes, il s’avère que l’échantillon avait été transféré par erreur dans un autre atelier du site. A noter que ce transfert a été réalisé dans le respect des dispositions de sûreté et de radioprotection. L’échantillon a été replacé dans le local dédié et un rappel des règles de gestion des échantillons a été réalisé auprès de l’ensemble du personnel concerné.

A l’issue des premières analyses et au regard des délais d’une semaine entre la constatation de l’écart et l’information à l’autorité, l’exploitant propose à l’autorité de sûreté nucléaire de classer cet écart à la culture de sûreté, sans impact sur le personnel et l’environnement, au niveau 1 de l’échelle INES qui en compte 7.

L’exploitant transmettra à l’autorité une analyse détaillée qui comprendra une révision du processus de gestion des échantillons prenant en compte les enjeux liés aux facteurs organisationnels et humains (FOH).

https://www.orano.group/fr/actus/nos-actualites-locales/actualites-tricastin/2023/decembre/non-conformite-dans-la-gestion-d-un-chantillon


Ce que dit l’ASN :

Traitement tardif d’un écart de gestion d’un échantillon d’uranium

Publié le 13/12/2023

Installation TU 5 et W Transformation de substances radioactives - Orano Cycle

La société Orano Chimie Enrichissement a déclaré le 11 décembre 2023 à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un événement significatif pour la sûreté relatif à la présence d’un flacon contenant de l’uranium dans un sac de déchets compactables.

L’installation TU5, exploitée par Orano Chimie Enrichissement sur le site de Pierrelatte, constitue l’installation nucléaire de base (INB) n° 155 qui transforme le nitrate d’uranyle issu des opérations de retraitement du combustible usé en sesquioxyde d’uranium (U3O8) sous forme de poudre chimiquement stable. Une fois fabriqué, chaque lot d’U3O8 est échantillonné et conditionné dans un flacon. Pour son suivi qualité de fabrication, l’exploitant procède ensuite à la création d’un échantillon moyen par mélange d’une fraction de chacun de la quarantaine d’échantillons déjà réalisés.

Le 23 novembre 2023, lors de la constitution d’un échantillon moyen, les équipes d’exploitation de TU5 ont identifié l’absence d’un échantillon. Des recherches ont été menées sur l’installation mais les services de sûreté et ceux de la comptabilité de la matière de la plateforme Orano du Tricastin n’ont été informés de cet écart que le 30 novembre. La procédure spécifique de recherche a alors été enclenchée.

Dans ce cadre, les équipes de l’installation Trident (INB 138), qui se charge du conditionnement des déchets nucléaires pour l’ensemble de la plateforme, ont retrouvé le 1er décembre le flacon en question dans un sac de déchets compactables en provenance de l’atelier TU5. Le flacon était resté fermé et les vérifications d’intégrité et de contamination en surface du sac prévues par l’ensemble des procédures de gestion des déchets de la plateforme avaient bien été respectées. Par conséquent, cet évènement n’a pas eu de conséquence sur les personnes ou l’environnement. Toutefois, le sesquioxyde d’uranium n’a pas vocation à être évacué comme déchet. En outre, le délai d’une semaine écoulé entre l’identification de l’écart et le déclenchement de la procédure de recherches au niveau de la plateforme est apparu trop long au regard des délais prévus par le référentiel interne de l’exploitant.

Compte tenu du non-respect des règles relatives aux déchets et du délai de traitement de l’écart, l’incident a été classé au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des évènements nucléaires graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).

https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/traitement-tardif-d-un-ecart-de-gestion-d-un-echantillon-d-uranium


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Installation(s) concernée(s)

Orano

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