2 août 2023
Crédit photo : Adobestock
À plusieurs reprises au cours du mois de juin 2023, les concentrations en hydrocarbures mesurées dans les rejets liquides de la centrale nucléaire de Flamanville (Manche) ont très largement dépassé la limite maximale autorisée, jusqu’à 9 fois plus. Ce n’est que le 2 août que EDF en a informé le public, alors que l’industriel a déclaré un évènement significatif pour l’environnement le 7 juillet aux autorités [1] . Quant à savoir ce qui a causé cette pollution...
EDF a rapidement identifié qu’il y avait un problème avec ses rejets dans l’eau : dès le 11 juin 2023, "l’irisation" du prélèvement fait la veille au niveau d’une tuyauterie de rejet dans l’environnement ("l’émissaire n°4") est constatée par un technicien. Et pour cause ! Les résultats de l’analyse du prélèvement montrent une concentration en hydrocarbures de 44mg/litre, près de 9 fois la teneur maximale autorisée (5mg/l). Car comme toutes les installations industrielles, la centrale nucléaire de Flamanville a le droit de polluer l’environnement en y rejetant légalement différentes substances chimiques et radioactives. Il y a juste des conditions à respecter : les rejets doivent se faire à des endroits précis, respecter certaines concentrations et être surveillés. Pour les centrales nucléaires, ce droit à polluer est accordé par décisions de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui sont entérinées par le gouvernement.
Le lendemain du 1er prélèvement, la pollution perdure. Dans une légère moindre mesure certes, mais elle reste conséquente : 6 fois la concentration maximale légale. EDF a-t-il lancé des investigations pour identifier d’où provenait cette pollution ? Le communiqué de l’industriel ne le dit pas.
Durant 6 jours, les concentrations en hydrocarbures redeviennent normales. En tout cas, en dessous du seuil maximum autorisé. Puis de nouveau le 18 juin, la concentration remonte : 13mg/l sont détectés dans les échantillons analysés. EDF a-t-il mis à l’arrêt les équipements susceptibles de générés ces fuites dans l’environnement ? Le communiqué ne le dit pas.
L’industriel attendra le 7 juillet pour déclarer un incident significatif pour l’environnement aux autorités, alors qu’il a constaté dès le 11 juin avoir dépassé ses autorisations de rejets. Des dépassements qui se sont répétés 3 fois en 8 jours. Le public lui ne sera informé que le 2 août. Et ne saura jamais ce qui a causé cette pollution de l’eau.
Une chose est sûre : les installations industrielles de la centrale de Flamanville ne sont pas surveillées d’assez près par EDF. Et le prix des insuffisances de l’industriel, c’est la nature qui le paie.
L.B.
Evènements significatifs - juillet 2023
Publié le 02/08/2023
Le 11 juin 2023, le technicien environnement constate une irisation à la surface du flacon du prélèvement du 10 juin au niveau de l’émissaire n° 4.
Conformément aux procédures en vigueur, le technicien envoie à un laboratoire extérieur l’échantillon de prélèvement du 10 juin ainsi que celui du 11 juin pour réaliser une analyse en hydrocarbures. Les analyses montrent une teneur en hydrocarbures de 44 mg/L pour la journée du 10/06/23 et de 30 mg/L pour la journée du 11/06/23 supérieure à la limite réglementaire de 5mg/L.
Aucune irisation n’est constatée pour les journées du 12 au 17 juin. L’échantillon du 18 juin présente à nouveau une irisation. Le retour d’analyse révèle une concentration en hydrocarbure de 13mg/L. Les échantillons prélevés les jours suivants ne présentent aucune irisation.
La direction de la centrale a déclaré le 7 juillet 2023, auprès de l’autorité de sûreté nucléaire, un événement significatif environnement.
[1] Événements significatifs : incidents ou accidents présentant une importance particulière en matière, notamment, de conséquences réelles ou potentielles sur les travailleurs, le public, les patients ou l’environnement. https://www.asn.fr/Lexique/E/Evenement-significatif En dessous des évènements significatifs, il y a les évènements dits « intéressants », et encore en dessous les « signaux faibles ». Un évènement catégorisé « significatif » est donc déjà « en haut de l’échelle » d’importance des évènements