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Des accidents nucléaires partout

France : Dampierre : Un système de secours qui ne démarre pas

Une erreur de configuration qui reste inaperçue durant 2 mois




29 septembre 2023


Lors d’un essai réalisé sur le réacteur 3 de la centrale nucléaire Dampierre (Centre - Val de Loire) mi septembre 2023, EDF a constaté qu’un des groupes électrogène, censé démarrer automatiquement, ne démarrait pas. En cause, un relai électrique mal connecté, depuis deux mois.


Crédit photo : André Paris

Les groupes électrogènes à moteur diesel son tlà pour fournir de l’électricité au réacteur nucléaire en cas de perte de l’alimentation électrique classique. Ces diesels doivent donc pallier une coupure de courant, et permettre aux circuits de secours de fonctionner. C’est justement en testant un de ces circuits de secours, qui permet d’injecter de quoi refroidir le cœur du réacteur en cas de fuite sur le circuit de refroidissement principal, que EDF a fait le constat du problème : le groupe électrogène n’a pas démarré.

Dans ce cas, la puissance du réacteur réacteur doit être baissée dans les 8 heures. Sauf que ça faisait 2 mois que la situation perdurait, sans que EDF ne le sache. Un relai électrique permettant le démarrage du groupe électrogène était resté déconnecté après le dernier essai réalisé sur ce moteur diesel, deux mois auparavant. Vérifications défaillantes de la bonne configuration des systèmes et non respects des règles censées régir le fonctionnement de l’installation, les faits ont été déclarés par EDF à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) comme significatifs [1] pour la sûreté [2] le 22 septembre 2023.

L.B.

Ce que dit EDF :

Déclaration d’un événement significatif pour la sûreté de niveau 1, relatif au non-respect a posteriori de la conduite à tenir prévue par les règles générales d’exploitation

Publié le 29/09/2023

EDF réalise des essais périodiques qui permettent de vérifier le bon fonctionnement des matériels.

Dans la nuit du 15 au 16 septembre 2023, sur l’unité de production 3 en fonctionnement, les équipes réalisent un essai périodique du système RPR, qui permet notamment d’assurer la surveillance et la protection du réacteur en fonctionnement. Cette simulation sollicite le démarrage préventif de l’un des diesels de secours de cette unité.

À 3h35, ce diesel de secours ne démarre pas. Après investigations, les équipes constatent qu’un relais d’un tableau électrique n’est pas correctement enfiché. Les équipes procèdent à la remise en conformité du matériel en respectant en temps réel le délai prescrit par les Règles générales d’exploitation. De manière conservative, le diesel de secours a été considéré a posteriori comme indisponible. Cette situation n’est pas permise par les Règles générales d’exploitation lorsque le réacteur est en fonctionnement.

Cet événement n’a pas eu d’impact réel sur la sûreté de l’installation, d’autres diesels de secours redondants étant disponibles.

Compte tenu de sa détection tardive, il conduit toutefois la direction de la centrale de Dampierre-en-Burly à déclarer le 22 septembre 2023 un évènement significatif de sûreté de niveau 1 sur l’échelle INES, graduée de 1 à 7.

https://www.edf.fr/la-centrale-nucleaire-de-dampierre-en-burly/les-actualites-de-la-centrale-nucleaire-de-dampierre/declaration-dun-evenement-significatif-pour-la-surete-de-niveau-1-relatif-au-non-respect-a-posteriori-de-la-conduite-a-tenir-prevue-par-les-regles-generales


Ce que dit l’ASN :

Non-respect de la conduite à tenir prévue par les règles générales d’exploitation du réacteur 3

Publié le 10/10/2023

Centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly Réacteurs de 900 MWe - EDF

Le 22 septembre 2023, l’exploitant de la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un évènement significatif pour la sûreté relatif au non-respect de la conduite à tenir prévue par les règles générales d’exploitation (RGE) du réacteur 3 en cas d’indisponibilité du démarrage automatique d’un groupe électrogène de secours à moteur diesel en cas de démarrage de l’injection de sécurité.

Par conception, chaque réacteur comporte deux sources électriques externes (un transformateur de soutirage et un transformateur auxiliaire) reliées au réseau national, ainsi que deux sources électriques internes (deux groupes électrogènes de secours à moteur diesel, respectivement identifiés LHP et LHQ). Un groupe électrogène d’ultime secours vient compléter ce dispositif.

Le circuit d’injection de sécurité permet, en cas d’accident causant une brèche au niveau du circuit primaire du réacteur, d’introduire de l’eau borée sous pression dans celui-ci, afin d’étouffer la réaction nucléaire et d’assurer le refroidissement du cœur. Les groupes électrogènes de secours à moteur diesel doivent démarrer automatiquement en cas de mise en service de l’injection de sécurité.

Les RGE sont un recueil de règles approuvées par l’ASN qui définissent le domaine autorisé de fonctionnement de l’installation et les prescriptions de conduite des réacteurs associées. Elles prescrivent notamment les délais maximums de réparation en cas d’indisponibilité des systèmes requis pour assurer la sûreté des réacteurs. En cas d’indisponibilité d’un automatisme de démarrage d’un groupe électrogène de secours à moteur diesel lorsque le réacteur est en puissance, les RGE imposent d’amorcer le repli du réacteur sous 8 heures.

Le 16 septembre 2023, un ordre d’injection de sécurité a été simulé dans le cadre d’un essai périodique réalisé alors que le réacteur 3 était en puissance. L’exploitant a alors constaté que le groupe électrogène de secours à moteur diesel LHP n’avait pas automatiquement démarré. Il a alors engagé le repli du réacteur conformément aux RGE. Lors de ses investigations, l’exploitant a identifié qu’un relais électrique nécessaire au démarrage automatique de ce groupe électrogène de secours n’était pas correctement connecté.

En l’absence d’intervention récente sur ce relais, l’exploitant a retenu que son mauvais positionnement datait du dernier essai périodique similaire réussi sur ce groupe électrogène, le 12 juillet 2023. Il a donc considéré que l’automatisme de démarrage sur ordre d’injection de sécurité était indisponible depuis cette date, soit environ deux mois avant l’essai du 16 septembre 2023. Dans ces conditions, les RGE, qui demandent le repli du réacteur sous 8 heures, n’ont pas été respectées a posteriori.

L’automatisme de démarrage du second groupe électrogène de secours à moteur diesel LHQ est resté disponible pendant toute la durée de l’événement.

Dès la détection de l’écart, l’exploitant a remis en conformité le relais et engagé une analyse approfondie de l’événement.

Cet événement n’a pas eu de conséquence sur les installations, les personnes et l’environnement. Néanmoins, en raison de sa détection tardive, cet événement qui a affecté la fonction de sûreté « support », a été classé au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).

https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/non-respect-de-la-conduite-a-tenir-prevue-par-les-regles-generales-d-exploitation-du-reacteur-37


[1Événements significatifs : incidents ou accidents présentant une importance particulière en matière, notamment, de conséquences réelles ou potentielles sur les travailleurs, le public, les patients ou l’environnement. https://www.asn.fr/Lexique/E/Evenement-significatif En dessous des évènements significatifs, il y a les évènements dits « intéressants », et encore en dessous les « signaux faibles ». Un évènement catégorisé « significatif » est donc déjà « en haut de l’échelle » d’importance des évènements

[2La sûreté nucléaire est l’ensemble des dispositions techniques et des mesures d’organisation relatives à la conception, à la construction, au fonctionnement, à l’arrêt et au démantèlement des installations nucléaires de base, ainsi qu’au transport des substances radioactives, prises en vue de prévenir les accidents ou d’en limiter les effets. https://www.asn.fr/Lexique/S/Surete-nucleaire


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Installation(s) concernée(s)

Dampierre-en-Burly

Nombre d'événements enregistrés dans notre base de données sur cette installation
99