28 février 2019
Dans la nuit du 11 au 12 février 2019 à l’usine de Saclay (Essonne) exploitée par Cis Bio, en raison de multiples défaillances électriques, plusieurs équipements importants pour la sûreté et la radioprotection n’ont pas redémarrés après une brève coupure d’électricité. Le groupe électrogène censé prendre le relai n’a pas non plus fonctionné. Les batteries équipant certains matériels ont fini par se décharger. Ventilation, moyens de communications, balises de surveillance, système de supervision de l’installation sont restés coupés plusieurs heures. L’alimentation normale du site n’a été rétablie que plus de 2 heures après la coupure initiale, les équipements ont été redémarrés au fil de la matinée.
Cet incident est le 4ème évènement significatif pour la sûreté déclaré en 3 mois. Violation de plusieurs règles d’exploitation mises à jour par une inspection de l’Autorité de sûreté nucléaire, découverte d’une source radioactive (radium 226) oubliée dans un local technique depuis au moins 20 ans, contrôles des équipement de protection incendie oubliés eux aussi... Ce site, à quelques kilomètres de Paris, a de quoi inquiéter les autorités, les travailleurs et les populations (Voir ici tous les incidents sur cette installation).
Sous surveillance renforcée depuis des années, l’exploitant de l’Usine de production de radioéléments artificiels (UPRA) a été mis en demeure à plusieurs reprises par l’ASN. L’entreprise a d’ailleurs été condamnée en 2018 pour avoir rechigné à mettre en œuvre des mesures pourtant indispensables pour la maitrise du risque incendie. En 2017 l’ASN relevait également un défaut persistant dans la maitrise des effluents radioactifs. Dans son appréciation de l’installation le gendarme du nucléaire disait attendre "un redressement pérenne de CIS bio international. La rigueur d’exploitation, l’amélioration de la culture de sûreté, l’optimisation de la structure organisationnelle et de ses effectifs, le contrôle des opérations, la transversalité du fonctionnement de l’organisation, le respect du référentiel de l’installation, des décisions et de la réglementation doivent être renforcés." Au vu des derniers évènements, on peut déduire que la situation reste très problématique dans cette usine nucléaire située à une trentaine de kilomètre de la capitale.
L.B.
Défaillance de l’alimentation électrique d’équipements concourant à la sûreté et à la radioprotection de l’installation
Publié le 28/02/2019
Usine de production de radioéléments artificiels (CIS bio international) - Fabrication ou transformation de substances radioactives - Cis-Bio
CIS bio international, exploitant de l’INB 29 à Saclay, a déclaré à l’ASN, le 11 février 2019, la défaillance de l’alimentation électrique d’équipements concourant à la sûreté et à la radioprotection de l’installation.
La société CIS bio international exerce, dans son installation nucléaire de base de Saclay, des activités de recherche et développement, de production et de distribution de produits radiopharmaceutiques et d’appareils à usage médical pour le diagnostic et la thérapie. Ces activités sont réalisées dans un ensemble de locaux et laboratoires répartis dans plusieurs bâtiments. De nombreux équipements de ces locaux et laboratoires nécessitent une alimentation électrique. D’une manière générale, l’alimentation électrique des équipements comporte une alimentation générale venant du réseau extérieur et des armoires internes de transformation et de distribution du courant électrique. En cas de défaillance de l’alimentation normale, une alimentation de secours, assurée par des groupes électrogènes mis en marche automatiquement, alimente les équipements dont le fonctionnement présente des enjeux importants de sûreté et de radioprotection. Certains équipements peuvent, en complément, être alimentés par des batteries.
Dans la nuit du 10 au 11 février 2019, lors d’une coupure brève de l’alimentation normale de l’installation, des dysfonctionnements de matériels électriques n’ont pas permis le rétablissement de l’alimentation normale à la fin de la coupure ni la mise en marche d’un groupe électrogène. Cette situation a entraîné, dans un premier temps, l’arrêt de la ventilation dans le bâtiment des cyclotrons et l’arrêt de certains systèmes de communication internes à l’usine. D’autres équipements ont pu fonctionner quelque temps sur batterie mais ces dernières ont fini par se décharger. Il s’agit en particulier des balises de surveillance radiologiques et du système qui permet la supervision de l’installation.
Après mobilisation des personnels d’astreinte, l’alimentation électrique normale de l’installation a été rétablie 2h10 après la coupure. Les différents équipements ont ensuite été redémarrés et ont été de nouveau disponibles dans la matinée.
Cet incident, qui s’est produit dans un contexte de faible activité nocturne, n’a pas eu de conséquence radiologique dans les locaux, sur le personnel ou l’environnement.
Compte tenu de l’importance pour la sûreté et la radioprotection des équipements ainsi rendus indisponibles par la perte de leur alimentation électrique, Cis bio international a classé l’événement au niveau 1 de l’échelle INES.