11 juillet 2023
Dans le cadre des travaux de rénovation du poste électrique d’un laboratoire du CEA sur le site nucléaire de Cadarache (Bouches-du-Rhône), un intervenant extérieur a débranché des câbles. En conséquence, les rejets gazeux radioactifs n’ont plus été surveillés durant 11 minutes, alors qu’ils doivent l’être en permanence.
Manque de préparation, analyse des risques incomplète, le communiqué de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pointe un manque de culture de sûreté et les défaillances organisationnelles qui ont conduit à cet incident. Les données collectées a posteriori montrent une absence de rejets radioactifs dans l’air durant la perte de surveillance. Mais l’incident en dit long sur la qualité des interventions effectuées sur le site nucléaire.
L.B.
Perte de la surveillance radiologique en continu et en différé des rejets cheminée de l’émissaire E54 du LPC
Publié le 11/07/2023
Laboratoire de purification chimique (LPC) Transformation de substances radioactives - CEA
Le 5 mai 2023, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un événement significatif pour la sûreté, relatif à la perte de la surveillance radiologique en continu et en différé des rejets réalisés à un émissaire de l’INB 54, pour une durée de 11 minutes.
Les effluents gazeux radioactifs de l’installation [1] font l’objet d’une surveillance en continu au moyen d’un dispositif de mesure. Cette surveillance est prescrite par la décision no 2017-DC-0597 de l’ASN du 11 juillet 2017.
Dans le cadre des travaux de rénovation du poste haute tension/basse tension (HT/BT) de l’installation, un intervenant extérieur a débranché des câbles au niveau d’un tableau d’une armoire électrique, ce qui a entraîné la perte des alimentations électriques normales et secourues du LPC, et des appareils de surveillance de l’émissaire. L’exploitant a procédé, conformément aux règles générales d’exploitation (RGE), à la mise en sécurité de l’installation et à l’arrêt de l’ensemble des activités.
Lors de l’analyse des causes de cet événement, le CEA a mis en évidence que l’intervenant extérieur est intervenu dans l’armoire électrique alors que celle-ci était sous tension, mettant en évidence une mauvaise préparation de l’intervention, notamment dans l’analyse des risques préalables à ces travaux et dans l’identification de dispositions compensatoires pour pallier ces risques.
Les cartographies du service de protection contre les rayonnements (SPR) réalisées immédiatement après l’événement n’ont pas mis en évidence de transfert de contamination, et l’analyse du filtre du dispositif de prélèvement des rejets en cheminée n’a pas révélé de contamination. Ces éléments permettent de confirmer l’absence de rejet à l’émissaire pendant la période de perte de surveillance.
Cet événement n’a pas eu de conséquence sur les personnes ni sur l’environnement. L’analyse de l’événement par le CEA a cependant révélé une mauvaise préparation de l’intervention et un défaut de culture de sûreté d’un intervenant extérieur. L’ASN classe ainsi l’incident au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).
La mise en œuvre des dispositions prises par l’exploitant, essentiellement organisationnelles et documentaires, pour éviter qu’un tel évènement ne se reproduise, sera inspectée par l’ASN.
[1] Les effluents gazeux émis dans une installation nucléaire de base sont collectés puis traités. Ils sont également stockés dans des réservoirs, afin de laisser décroître leur radioactivité qui est mesurée périodiquement. Le contenu de ces réservoirs est ensuite relâché dans l’atmosphère par une cheminée. Les capteurs situés dans cette cheminée mesurent la radioactivité effectivement rejetée dans l’environnement.